Le No future d’Hedi Slimane

© reuters

Hedi Slimane aime les adolescents. Il leur rend hommage au nom de Saint Laurent. Sauf que, parfois, c’est vraiment too much, un teenager…

En amont, l’invitation avait l’avantage d’intriguer – 43 oeuvres peintes par Theodora Allen, Los Angeles Mars 2013, rassemblées en un mini-bouquin argenté sur tranche, une main et des fleurs, un baiser hollywoodien, très Autant en emporte le vent en guise d’ouverture et de conclusion de cet objet grand luxe qui nous conviait à assister à la présentation de la deuxième collection prêt-à-porter d’Hedi Slimane pour la maison Saint Laurent dont il a fait enlever le Yves, serait-ce de la déférence? Ou une défense, car trop de références nuit?

Dans ce vestiaire que le créateur basé à L.A. fait défiler à toute allure, il n’y a pas grand-chose d’YSL. Ou alors l’idée que, en son temps, il avait choqué parce que ses mannequins étaient maquillées comme des putes, mais monsieur Saint Laurent savait, lui, que choquer pour choquer, c’est peanuts. Donc, cette garde-robe inscrite dans le haut de gamme et la guerre des maisons qui s’y collent se réduit à celle d’une ado qui ne se coiffe guère, enfile un gros pull avec étoiles, très eighties, sur une robe bady doll, aime les vestes en cuir pas vraiment fittée ou le duffle coat de son frère, collectionne les strass sur ses panties ou ailleurs, rajoute une chemise de bûcheron parce que Kurt Cobain faisait la même chose (mais avant qu’elle naisse) et s’habille d’une robe à taille empire et manche ballon, col d’écolière et noeud par-dessus, dans un tissu écossais que Clash a étrenné il y a si longtemps déjà.

Les matières sont peut-être sublimes, et les finitions aussi. Mais à cette allure-là, pas moyen d’y voir clair. Catherine Deneuve en front row regarde sagement passer ces filles qui boudent, elle a sagement rangé ses jambes comme on le faisait dans les années soixante, du temps des demoiselles de Rochefort, quand les jeunes filles disaient vous aux garçons qui les draguaient et rougissaient quand on leur faisait remarquer que leur combinaison dépasse. Et si la  » fuck you attitude  » était le message qu’Hedi Slimane avait envie de délivrer ? On médite…

Anne-Françoise Moyson

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