Bali, l’île raffinée: une visite hors des sentiers balisés

. © Eric Vancleynenbreugel

Dans cette pépite indonésienne, pas un jour ne passe sans une fête ou une cérémonie. Nous l’avons visitée en contournant (au maximum) les évidences, sans jamais oublier que nous n’étions que des invités.

Selon la tradition, Bali n’appartient pas aux hommes, mais aux divinités et aux ancêtres qui ont rejoint celles-ci. Rien d’étonnant, donc, au fait que les lieux marquent tant par leur atmosphère, unique en Indonésie, où le sacré est omniprésent. Depuis leur naissance, les Balinais vivent au milieu des temples en pierre de lave – qui sont plus de 20.000 ici – et au rythme des processions, des cérémonies et des offrandes quotidiennes que l’on retrouve devant chaque commerce, au bord des routes et des rizières, dans les cours et les jardins. L’île vénère ses dieux, et en retour, elle semble bénie.

La danse des cerfs-volants

La destination mérite au moins plusieurs jours d’exploration, mais il est facile de passer à côté de ses aspects les plus attachants si l’on s’en tient aux circuits classiques et aux spots incontournables des guides. Aussi, pour réussir son périple, on conseille d’éviter les lieux trop fréquentés. A commencer par la station méridionale de Kuta et toute la côte environnante qui croule sous les hôtels, les clubs et les centres commerciaux. On lui préfère volontiers Canggu et la plage de Batu Bolong à l’ambiance baba cool. L’occasion d’admirer les Balinais lancer d’immenses cerfs-volants chamarrés vers le ciel, dont certains mesurent plus de 20 mètres. Une activité à la fois ludique et spirituelle, puisque c’est une manière de se rapprocher des dieux. A l’heure où le soleil embrase l’océan, il ne reste plus qu’à se poser dans l’un des quelques bars installés en lisière de plage. Pour une atmosphère encore différente, celle de Balian et sa large baie de sable noir semée de gros rochers sombres sommeille un peu plus à l’ouest. Un rien plus loin, Tanah Lot, insolite temple marin bâti sur un îlot, est à découvrir dans la sérénité du petit matin…

Eaux translucides de Menjangan.
Eaux translucides de Menjangan.© Eric Vancleynenbreugel

Un peuple artisan

Pour pénétrer le coeur de la culture balinaise, il faut délaisser les plages de sable du sud et prendre la direction des reliefs du centre de l’île. Première étape: Ubud. Sertie par les rizières qui grimpent en terrasses colorées à l’assaut des contreforts des volcans, elle peut se targuer d’être la capitale culturelle de Bali. Artisans de renom, écoles de yoga, centres de massages, spectacles de danse dans les temples, ateliers d’artistes, cours de cuisine… Le lieu cultive l’art de vivre, en plus de se révéler l’une des meilleures destinations bien-être de la planète. La grande majorité des hôtels s’intègre joliment dans les paysages de jungle luxuriante, proposant des programmes complets de soins et d’excursions.

Bali, l'île raffinée: une visite hors des sentiers balisés
© Eric Vancleynenbreugel

Tout autour d’Ubud, l’eau et la terre fertilisée par les volcans se rejoignent pour faire pousser les petits grains blancs. A Jatiluwih, les rizières se déploient sur des kilomètres en harmonieuses terrasses dont les courbes font danser la lumière. C’est un endroit encore peu fréquenté, désormais classé par l’Unesco au patrimoine mondial. Plus à l’est, un autre village blotti dans la verdure, Sidemen, est réputé pour ses tissus traditionnels utilisés pour façonner les sarongs. Ici, on pénètre le Bali profond, inchangé depuis des décennies, où l’on peut pleinement jouir de la paix des sens, au milieu des cascades, des fougères et des sanctuaires. Du village, un sentier permet notamment de partir en balade à saute-rizière vers le Pura Bukit Tageh, un temple dévoilant une vue à couper le souffle.

Bas-relief au temple de Tampaksiring.
Bas-relief au temple de Tampaksiring.© Eric Vancleynenbreugel

Le volcan et ses temples

Le centre de Bali est coiffé de gigantesques massifs volcaniques culminant à 3 140 mètres d’altitude au mont Agung. De quoi donner une dimension supplémentaire à cette île finalement peu étendue, à peine plus vaste que la province du Luxembourg. L’Agung est un « monstre » qui, récemment encore, crachait ses entrailles sur de vastes territoires. C’est aussi un dieu, vénéré par chaque Balinais au point qu’ils ne peuvent se coucher que la tête tournée dans sa direction. Tout autour du géant, s’élèvent des sanctuaires qui subliment le paysage. Comme celui de Tampaksiring, qu’il faut absolument gagner le matin pour admirer la procession des fidèles venant se baigner dans les sources sacrées auxquelles on attribue des pouvoirs surnaturels, et qui jaillissent de toutes parts vers un grand bassin de pierre à l’intérieur du temple de Tirta Empul. Tout proche, Gunung Kawi est l’un des plus anciens monuments de Bali, et l’on ne peut que s’extasier devant ces dix sanctuaires creusés dans la roche. Pura Ulun Danu Bratan, posé sur un lac de montagne, est sans doute le plus couru. Plus confidentiel, le monastère bouddhiste de Brahma Vihara arama, à Banjar, rappelle le temple javanais de Borobudur en raison de ses cloches de pierre.

La danse, un art de vivre à Bali.
La danse, un art de vivre à Bali.© Eric Vancleynenbreugel

Vers l’ouest, Bali se montre encore un peu plus sauvage. De Munduk, joli village au climat frais, de superbes randonnées mènent à travers une jungle luxuriante vers des cascades isolées. A l’horizon, on distingue déjà la côte nord-est de l’île. Souvent oubliée des voyageurs, cette région est plus sèche et son littoral s’égrène en plages tranquilles. Ici, on cultive des… algues. Mais surtout, le temps semble s’y être arrêté. La route qui joue à saute-mouton tout au long de la côte est d’une incroyable beauté. Elle emmène jusqu’à Tirta Gangga et à son Water Palace, une petite féerie aquatique peuplée d’une foule de statues. Une oeuvre du raja de Karangasem. Un vrai paradis où chacun est invité à marcher sur des pavés à fleur d’eau et à se baigner dans la piscine royale avec les familles balinaises. Toute la zone est également réputée pour ses spots de snorkeling, dont la plupart se trouvent à 100 mètres à peine du rivage. L’un des plus beaux : les jardins de coraux de Selang.

Offrandes aux dieux.
Offrandes aux dieux.© Eric Vancleynenbreugel

Étrange rite mortuaire

Sur les rives du lac Batur, le village de Trunyan était jusqu’il y a peu uniquement joignable par bateau. La petite route qui a été tracée ne l’a pas vraiment sorti de son isolement. Ses habitants se déclarent être les Balinais les plus purs et n’ont pas adopté la crémation venue avec l’hindouisme. Les morts sont ici posés sur le sol sous un immense figuier banian, seulement entourés d’une cage en bambou pour les protéger des animaux. Une pratique unique dans l’île.

La façade occidentale est l’une des régions les moins visitées, sans doute parce qu’elle est couverte d’épaisses forêts, là où vivaient à la fin des années 30 les derniers tigres de l’île, une race malheureusement éteinte. Le parc national de Bali Barat abrite des centaines d’espèces d’oiseaux très colorés. En logeant dans la mangrove, on est aux premières loges pour observer la faune. Au départ du village de Pemuteran, sur la côte nord-ouest, on s’évade vers la petite île de Menjangan, réputée pour ses superbes sites de plongée. Entre robinsonnades sur ses plages de sable blanc et baignades au milieu des raies manta et des tortues marines, le nirvana n’est pas loin…

Jukung, bateau traditionnel balinais.
Jukung, bateau traditionnel balinais.© Eric Vancleynenbreugel
En pratique

Se renseigner

Idées de balades, activités, événements et conseils pour bien préparer son voyage: www.indonesia.travel/fr

Se loger

Mathis Collection. Bruno Beguin est belge mais sa nouvelle vie est à Bali, où il gère trois hôtels-boutiques d’un luxe raffiné. A quelques minutes de la côte sud, Villa Mathis étend ses 18 chambres, ses 4 piscines, son restaurant et son spa au coeur de jardins fleuris. A Ubud, les 21 chambres du Mathis Retreat surplombent les rizières. Dernier-né de la famille, Mathis Lodge a ouvert ses portes en 2019 sur la côte nord, à Amed, offrant des vues à couper le souffle sur les montagnes et la mer. Sa piscine à débordement, en surplomb face à la côte, est une petite merveille. www.mathiscollection.com

Temple Pura Taman Ayun.
Temple Pura Taman Ayun.© Eric Vancleynenbreugel

Santé

Vaccins contre l’hépatite A et la fièvre typhoïde. Sur place, ne boire que de l’eau en bouteille.

À rapporter

Meubles, déco, bijoux, tissus ou petits sacs à main tout ronds en ata tressé… Les artisans balinais font dans l’excellence. En revanche, évitez le café luwak, dont les grains sont prédigérés par des mangoustes en captivité et causent la souffrance animale.

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