Le « making of » du « dragon de feu » de Hong Kong

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Des foules immenses de festivaliers se pressent cette semaine dans un quartier historique de Hong Kong afin de voir un « dragon de feu » hérissé de bâtons d’encens danser à travers les rues, un rituel ancien.

La créature de légende, longue de 67 mètres, se fraye un chemin dans les ruelles étroites de Tai Hang au son des tambours. C’est un des temps forts de la Fête de la mi-automne, également appelée Fête de la lune, dans l’ex-colonie britannique revenue en 1997 dans le giron chinois.

Tai Hang n’était autrefois qu’un petit village tranquille de pêcheurs de l’île de Hong Kong. Mais la récupération sur la mer de kilomètres carrés de terres explique que le quartier soit aujourd’hui loin des flots. Restaurants et cafés branchés le disputent aux appartements de luxe même si Tai Hang conserve des airs d’antan.

Durant trois soirées consécutives, le dragon est porté à bout de bras devant des milliers d’habitants par environ 300 personnes, crachant de la fumée, secouant la tête et la queue en rythme. Seuls les hommes – habitants anciens et actuels de Tai Hang – peuvent former le corps du dragon. Ces dernières années cependant, les femmes ont été admises dans les rangs des joueurs de tambour.

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Le rituel serait né aux environs de 1880 après que le quartier eut été ravagé par un typhon suivi de la peste. Pour chasser l’épidémie, les habitants de Taï Hang avaient fabriqué un « dragon de feu » qui avait circulé pendant trois jours et trois nuits dans le village.

« Le quartier est très différent aujourd’hui. Beaucoup des anciens habitants sont partis. La Fête de la mi-automne est une bonne occasion pour nous les vieux de nous rassembler », raconte Cheun Kwok-ho.

– Intangible –

M. Cheung contribue à la fabrication du dragon sur lequel sont piqués des dizaines de milliers de bâtons d’encens pendant la durée du festival considéré par la Chine comme appartenant à son héritage culturel intangible.

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Le travail commence des semaines à l’avance. L' »épine dorsale » du dragon est constituée d’une corde de chanvre, enveloppée dans de la paille puis enserrée dans du fil de fer.

« Il faut des compétences pour plier la corde, façonner des formes, et y attacher la paille », explique à l’AFP Chan Tak-fai, le directeur de la danse. « C’est important qu’il soit vigoureux », ajoute-t-il. Pendant ses tribulations, la bête est guidée par deux « perles », en fait des pamplemousses chinois qui sont également hérissés d’encens. M. Chan, 71 ans, a appris auprès des anciens. A cinq ans, il assistait à la fabrication du dragon. Il a gagné les rangs de l’équipe dans les années 1970.

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Les matériaux sont de plus en plus durs à trouver et la plupart viennent aujourd’hui du continent, explique-il. Mais pour cette 138ème édition, les méthodes restent les mêmes. En tout cas, la danse du dragon plaît toujours autant.

« On voit les vétérans qui bougent énergiquement et qui travaillent très dur pour maintenir cette tradition en vie. C’est magnifique », s’exclame Ventus Siu, 27 ans.

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