Le Yucatán d’est en ouest : visite guidée

Ruines mayas de Tulum. © Getty Images/iStockphoto

Dans cet immense pays bariolé, la péninsule du Yucatán se distingue par ses plages amples de sable blanc, ses villes au riche passé colonial et ses illustres sites mayas. Nous l’avons traversée des Caraïbes au Golfe du Mexique.

Le Mexique nous attire dans ses filets à coups de « mi corazon, te quiero », synthés et trompettes. Les musiciens sont restés coincés dans les années 90 et, par nostalgie ou romantisme, le touriste plonge dans cette heureuse atmosphère à pieds joints.

Le Yucatán d'est en ouest : visite guidée
© ASTRID JANSEN

A ce charme rétro, ajoutez des tacos au cacao, deux tequilas douces – pas plus – et le tour est joué, le voyage peut commencer. Par où vous voulez. Il y a tant à voir et à faire dans la péninsule du Yucatán qu’elle paraît sans limite.

On a opté pour une promenade en voiture, d’est en ouest, en profitant des premiers mois de l’année. Avantage de cette période : il ne fait pas trop chaud et les hôtels ne sont pas encore bondés, laissant d’autant plus de place à l’improvisation…

Cancùn, ville juvénile

Bâtie dans les années 70, avant tout pour désengorger sa soeur aînée Acapulco, la Miami mexicaine ne demande pas qu’on s’y attarde. Mais on y atterrit, alors, forcément, elle devient un port d’attache.

De là, on loue une voiture. Ou on prend un bus : confortables, fréquents et peu coûteux, ils permettent de partir dans n’importe quelle direction. Vers le sud, les rivages de Cancùn se prolongent en un trait sans fin de plages. Délimitées d’un côté par une étendue d’eau translucide sans horizon, de l’autre par des cocotiers. A une heure de trajet sommeille la baie d’Akumal. En forme de croissant et fermée par un récif de corail, elle permet de se baigner avec des tortues géantes.

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Encore plus loin, c’est Tulum et ses côtes paradisiaques qui se dévoilent. Un lieu très touristique – les prix des hôtels s’y envolent -, même si la ville a su conserver son charme  » home sweet home « .

Et puis, surtout, c’est là que les Mayas prenaient du bon temps, les doigts de pieds en éventail sur la plage (du moins, on imagine), quand ils ont vu débarquer les premières caravelles espagnoles en 1518. Unique vestige important de cette mythique civilisation posé en bord de mer, Tulum exige évidemment le détour.

Vamos à Valladolid

Prochaine étape, à 100 km de Tulum : Valladolid. A mi-chemin entre Cancùn et Mérida, c’est un point stratégique pour découvrir le site archéologique de l’une des sept nouvelles merveilles du monde (rien que ça). L’histoire de Chichén Itzá, qui fut l’un des plus grands centres mayas de la péninsule, s’étend sur presque mille ans.

Mayas et Toltèques y ont laissé leurs empreintes, fascinantes.

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Outre cette escale inéluctable, Valladolid possède d’autres atouts, au premier rang desquels on place la sympathie de ses habitants mais aussi une particularité qui n’appartient qu’à elle : les cénotes. Ces bassins naturels, concentrés principalement dans le nord de l’Etat, sont creusés dans le calcaire. On les doit à l’astéroïde qui frappa la Terre il y a 65 millions d’années et qui, par la même occasion, extermina les dinosaures.

Pour les Mayas, il s’agissait de fenêtres s’ouvrant sur  » l’inframonde « . Certains étaient utilisés comme lieux de culte, où des enfants étaient sacrifiés. Aujourd’hui, on s’y baigne ! En fait, aucun fleuve ne traverse la péninsule du Yucatán, et l’eau douce est puisée dans ces fameux puits. Sous terre ou à ciel ouvert, ces piscines profondes émaillent la région par milliers. Suggestions au coeur même de Valladolid : le cénote Zaci, proche de la place principale, et Dzitnup, 4 km plus loin.

Mérida, la coloniale

La capitale du Yucatán est une ville aussi animée qu’agréable, à la fois bruyante et bigarrée. En de nombreux aspects, elle a su conserver l’âme de l’époque coloniale. Cela tout en se voulant moderne, avec ses galeries d’art, ses boutiques ou ses bars – on vous conseille La Negrita.

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On y trouve le remarquable Musée du Monde Maya, inauguré en septembre 2012 sous le nom de Gran Museo. Ses 1 600 m2 abritent une collection permanente de plus de 1 100 objets. Ici et là, le lieu joue la carte de l’interactivité. Et certains soirs, s’y invitent des spectacles de sons et lumières.

Notons que Mérida est aussi un camp de base idéal pour rayonner dans la péninsule. Et s’en aller, par exemple, à la découverte d’Izamal, à 70 km de là. Un village colonial construit sur les ruines d’une cité maya. Au crépuscule ou à l’aube, les rayons du soleil, curieux, lorgnent les maisons peintes en blanc ou en jaune… et c’est très beau.

Célestun, le coup de coeur!

Depuis Mérida, après avoir traversé des bourgades typiques et une végétation luxuriante parsemée de cactus semblant toucher le ciel, le village de Célestun s’offre comme le point culminant des vacanciers en quête de paix.

A ne pas louper : une virée en bateau pour observer les flamants roses qui – c’est bon à savoir – doivent leur couleur aux crevettes qu’ils mangent, et qui teintent aussi bien les plumes des volatiles que l’eau des lagunes.

Le Yucatán d'est en ouest : visite guidée
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De retour sur la terre ferme, nous faisons la connaissance de René. L’homme n’a jamais quitté le Yucatán. Deux nuits par semaine, il pêche. Parfois avec un ami, souvent seul. Toujours en se méfiant des barracudas qui attaquent les hommes, alors que les requins, eux, sont  » tranquillos « . René tient le troquet de la place et les habitants viennent le trouver pour toutes sortes de bobos ou de pépins du quotidien. Comme la plupart des Mexicains, il travaille beaucoup, s’offrant des pauses en buvant quelques bières en terrasse – sa soeur est en salle – et cache les cadavres de bouteilles dans le laurier qui fait de l’ombre aux tables nappées de toiles cirées. Ainsi vit Célestun : dans la tranquillité. Loin du bruit de Mérida et des cartels qui gangrènent Cancùn. Ici, il n’y a pas d’argent, personne ne vient embêter René, les pêcheurs et les autres…

D’île en île, le paradis existe

On pourrait être le plus maladroit des photographes, manquer sa mise au point ou cadrer à l’envers, peu importe : à Isla Contoy, notre cliché sera quand même digne d’une carte postale.

Isla Contoy, déclarée
Isla Contoy, déclarée  » parque nacional  » depuis près de vingt ans.© PHOTOS : ASTRID JANSEN

Parc national ultraprotégé, l’île aux oiseaux n’accueille que deux cents touristes par jour, maximum. Frégates, cormorans, pélicans ou hérons : plus de cent cinquante-deux espèces d’oiseaux y nichent. On y reste environ trois heures, tout au plus. Pour une halte plus longue, on suggère de pousser jusqu’à Isla Holbox, également protégée, dont le village principal est particulièrement charmant. Entre juin et septembre, le lieu se transforme en spot d’observation des requins-baleines. Pas de panique : ici non plus, nager avec ces énormes poissons ne comporte aucun risque, car ils ne se nourrissent que de plancton. Baignade hautement conseillée, donc. Tout comme une petite séance de plongée pour apprécier la beauté des fonds marins et sa variété unique de poissons colorés qui font la réputation des Caraïbes…

Paroles d’expats

Adolescente, Cali a quitté Namur pendant un an pour poser ses valises à Mexico City. A 23 ans, après avoir réussi brillamment ses études, le chaud climat du Mexique l’a rappelée. Direction le Yucatán, son soleil et ses habitants « qui sourient en permanence ».

Aujourd’hui, fondue dans le décor, la demoiselle ne se fait plus berner par les taximans et elle mange « picante » sans se brûler. « J’ai de la chance d’avoir un boulot qui me passionne : j’organise des voyages d’entreprise, explique-t-elle. Et à côté de cela, il y a quand même ce sentiment permanent d’être en vacances. »

Sur place, Cali a trouvé l’amour : Nuño, également expatrié, mais de l’Hexagone, qui donne ici des cours particuliers de français. Ensemble, les deux veinards passent leurs week-ends en excursion ou à la plage.

Le jeune homme s’est adapté tout aussi facilement à sa nouvelle patrie : « Parmi les pays que j’ai visités, le Mexique est le plus fou et le plus diversifié. Les paysages sont magnifiques. Et surtout, les gens s’imposent moins de règles et de pression dans leur quotidien, même quand ils travaillent dur. Un côté « relax » qui, bien qu’on s’y habitue, reste déstabilisant pour des Européens comme nous. Tout le monde a l’air content, personne ne tire la gueule ! »

Autre atout du lieu, selon nos deux expats : l’impression que là-bas, tout est possible, ou presque. « Chaque idée peut se concrétiser en projet, il suffit d’un peu de volonté ».

Quant à leurs spots préférés, ils sont également unanimes : Laguna de Bacalar, Uxmal, Célestun, Coba, Isla Holbox, Las Coloradas /Rio Lagartos, Sian Ka’an et Akumal.

En pratique

Se renseigner

Le Yucatán d'est en ouest : visite guidée
© ASTRID JANSEN

Pas de visa nécessaire.

Ambassade du Mexique : 94, avenue Franklin Roosevelt, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 629 07 77.

yucatantoday.com

http://www.contoyexcursions.com/

Période idéale De décembre à avril.

Santé

Aucun vaccin obligatoire. Néanmoins, il faut rester vigilant par rapport au virus Zika. L’OMS donne des conseils simples : utiliser des insectifuges, porter des vêtements longs et de couleur claire, placer des moustiquaires sur les fenêtres et les portes.

Monnaie

Le peso mexicain. 1 euro = 21 pesos mexicains. La vie sur place est très bon marché.

Se déplacer

Le bus reste un moyen relativement confortable pour se déplacer et il va partout ! Infos : ado.com.mx

Pour les mini-trajets, le taxi est une bonne solution (entre 30 et 80 pesos la course). Aux abords des villes, le « colectivo » est le moyen de transport le plus répandu. Très pratique et économique.

Louer une voiture reste une excellente solution. Mais attention : les Mexicains roulent parfois comme des fous.

Se restaurer

Partout ! Même les restaurants « à touristes » sont excellents. Et pour cause, la cuisine du Mexique est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. Les Mexicains ne rigolent pas avec ça !

A goûter absolument : le mole, une sauce à base de chiles secs et cacao.

PAR ASTRID JANSEN

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