Mah-jong : les derniers graveurs de tuiles (en images)

Concentré, les sourcils froncés, Cheung Shun-king, 70 ans, grave avec application des images et des caractères chinois sur des tuiles de mah-jong. Il est l’un des derniers artisans de ce type à Hong Kong.

Confectionner à la main des tuiles pour le populaire jeu chinois était autrefois une source de revenus pour un grand nombre de personnes. Mais l’introduction de jeux produits par des machines, beaucoup moins chers, a réduit leur clientèle, et fait de leur métier une rareté. La famille de M. Cheung possédait à elle seule quatre ateliers, dans lesquels il a appris le métier quand il était adolescent.

This photo taken on July 6, 2022 shows mahjong tile artisan Cheung Shun-king, 70, using a drill stand to carve dots on a mahjong piece at his shop in the Yau Tsim Mong district of Hong Kong. – Eyebrows furrowed in careful concentration as he chisels images and Chinese characters onto mahjong tiles, 70-year-old Cheung Shun-king is one of the last craftsmen of his kind in Hong Kong. (Photo by Yan ZHAO / AFP) / TO GO WITH AFP STORY HONG KONG-CHINA-CULTURE-CRAFT-MAHJONG BY ANAGHA SUBHASH NAIR

Un seul subsiste à l’heure actuelle. « J’ai tout donné pour ça », dit-il à propos de son travail. « Je ne sais pas si j’aurai l’énergie nécessaire pour poursuivre dans quelques années, mais pour l’instant, je vais continuer ». Son magasin est situé dans une rue où s’alignent les salons de mah-jong. Mais aucun d’entre eux ne lui achète ses tuiles. « Mes jeux de mah-jong sont chers », reconnaît-il.

Cheung Shun-king dans sa boutique

Un jeu complet de tuiles confectionné à la main coûte 5.500 dollars de Hong Kong (690 euros), explique-t-il. Alors que le prix d’un jeu fait à la machine ne s’élève qu’à 2.000 dollars (250 euros) environ.

Une heure contre cinq jours

La différence entre le temps nécessaire à la fabrication explique cet écart. Une machine industrielle met une heure à sortir un jeu de mah-jong. M. Cheung, lui, consacre cinq jours à graver et peindre ses tuiles.

Beaucoup de ses clients achètent ses jeux comme souvenir, et demandent souvent des images personnalisées sur les tuiles. Récemment, sa clientèle a augmenté. Mais M. Cheung redoute que ce récent regain d’intérêt pour les vieilles traditions ne soit qu’un phénomène éphémère. « Ce n’est que depuis quelques années que les gens ressentent un sentiment de nostalgie », dit-il.

Mah-jong : les derniers graveurs de tuiles (en images)
© Belga

« Mais que se passera-t-il si, dans quelques autres années, plus personne n’est nostalgique? » Mais il se dit déterminé à travailler jusqu’à ce que la demande se tarisse.

S’il organise parfois des ateliers pour les jeunes, son pessimisme quant à l’avenir de son métier le dissuade d’engager des apprentis. « Apprendre n’est pas une question d’un mois ou deux. Cela ne fonctionne pas si vous n’êtes pas prêt à vous investir dedans pendant deux ou trois ans », affirmé M. Cheung. « Et si, au bout de tout ce temps, les tuiles de mah-jong faites main ne sont plus à la mode, cette compétence sera inutile ».

Cheung Shun-king ne sait pas lui-même jouer au mah-jong. Il ne s’intéresse qu’à confectionner les tuiles. Il ne se considère pas vraiment comme un artiste, même s’il se dit « très flatté » quand on le qualifie comme tel. « Si les gens disent que c’est de l’art, alors c’est de l’art. Pour moi, c’est mon métier et mon gagne-pain », dit-il.

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