Tourisme: vers un rebond post-Covid, malgré l’inflation

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L’envie de voyager plus forte que l’inflation: les professionnels du tourisme ont fêté cette semaine à Berlin le rebond du secteur après la pandémie de Covid-19, en croisant les doigts pour que la tendance résiste à la hausse des prix.

Le salon international du tourisme ITB, qui se présente comme la manifestation la plus importante de la branche, a fait son grand retour après trois ans de pause en raison de la crise sanitaire. « Le voyage est de retour! », a résumé Julia Simpson, présidente du World Travel and Tourism Council, le principal lobby international du tourisme. Quelque 5.500 exposants, venant de 161 pays, ont participé au rassemblement.

Rebond post Covid

En 2022, l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) a enregistré près de 900 millions d’arrivées internationales de plus sur un an, atteignant 67% de son niveau pré-pandémie. En Europe, cette proportion a atteint 80%. Dans certains pays « nous sommes déjà de retour à des niveaux comparables à 2019 », selon Alessandra Priante, directrice régionale de l’OMT. « L’épargne accumulée par toute une partie de la population pendant les confinements n’a pas encore été totalement dépensée et se déverse dans le secteur », selon l’économiste allemand Clemens Fuest, de l’institut IFO.

D’autant que la Chine, qui représentait à elle seule 15% des touristes avant la crise sanitaire, a renoncé à la politique zéro Covid et rouvert ses frontières pour ses ressortissants. « Les clients sont tous revenus », confirme à l’AFP Lukas Knauber, 23 ans, qui travaille dans un hôtel spa de la région thermale de Baden-Baden, dans le sud de l’Allemagne.

Dans les allées du salon réservé aux professionnels, chaque pays vante ses attraits dans des décors sophistiqués, certains représentants d’Asie centrale ou d’îles du Pacifique accueillant les visiteurs dans des tenues traditionnelles. Le rebond s’accomplit pour l’instant malgré l’inflation, qui a atteint 8,5% en février en zone euro, et grève le pouvoir d’achat des ménages. Les acteurs du tourisme espèrent que la reprise ne sera pas un feu de paille.

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Algorithmes et voyage

« En 2023, certains consommateurs ont pu se dire +je pars, même si j’ai perdu du pouvoir d’achat+, mais en 2024 cela ne sera sûrement pas le cas », estime Clemens Fuest. Certains adaptent déjà leur comportement. En Allemagne, de plus en plus de clients « réservent plus tôt dans l’année, pour bénéficier des réductions de prix des organisateurs de voyage », a fait remarquer début mars la fédération du tourisme DRV.

Chez le voyagiste TUI « un voyageur sur deux opte pour les options +All Inclusive+ », afin d’avoir une meilleure vision de son budget vacances, selon Stefan Baumert, directeur Allemagne du groupe. Dans les croisières, « 55% des clients disent vouloir dépenser moins d’argent, ou aller moins loin », selon Markus Stumpe, PDG du site spécialisé Cruisewatch. « Il faut que le secteur adapte ses offres et ses prix à ce nouveau contexte », estime M. Fuest.

Dans les allées de l’ITB, une start-up baptisée « Room price genius » présente sa plateforme, permettant aux petits hôtels de déterminer le prix idéal à faire payer aux clients pour une chambre grâce à des algorithmes. Reste que le secteur du tourisme est lui aussi touché par la hausse de ses coûts, énergétiques notamment. Et pour que la branche réduise son impact sur l’environnement, « les gens vont devoir payer plus », estime Sören Hartmann, président de la BTW, l’organisation allemande fédérale du tourisme.

Le réchauffement climatique bouleverse certains environnements touristiques – manque de neige, canicules – et impose des investissements pour adapter et « décarboner » le secteur. Le thème de la durabilité s’est logiquement affiché partout dans le salon – avec toutefois beaucoup de slogans et peu de propositions concrètes. Sur son stand, l’Agence espagnole Inspirience, promet ainsi des voyages permettant de « connecter avec l’âme des destinations », en « minimisant l’impact négatif sur l’environnement ». Selon une étude publiée dans la revue Nature, le secteur du tourisme représentait 8% des émissions globales de gaz à effet de serre en 2018.

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