Les parents divorcés sont-ils de mauvais parents?

Peut-on être divorcés et être de bons parents? © iStockphoto

Le sens commun pousse à croire que les parents divorcés font de moins bons parents que les autres. Certaines études ont d’ailleurs suggéré que les parents divorcés ne parviendraient pas à préserver les habitudes de leurs enfants, pourtant essentielles à leur bon développement. Mais qu’en est-il réellement? Le divorce a-t-il un véritable impact sur les pratiques parentales ? C’est sur cette épineuse question que s’est penchée une chercheuse canadienne.

Que dit la science de la parentalité et de ses effets? La collection In psycho veritas des éditions Mardaga propose répondre aux questions que vous vous posez, des plus banales aux plus complexes en passant par les plus saugrenues, par le prisme de travaux de chercheurs en psychologie. Ainsi, « à partir de questions étonnantes, faussement anodines, voire légèrement provocantes, les auteurs vous amènent à réfléchir en véritables scientifiques. » Et offrent des réponses compréhensibles, et scientifiquement validées.

Pour exemple, nous vous proposons de répondre à la question de savoir si les parents divorcés sont ou non de mauvais parents? Autrement dit, d’observer l’impact du divorce sur les pratiques parentales.

Le sens commun pousse à croire que les parents divorcés font de moins bons parents que les autres. Certaines études ont d’ailleurs suggéré que les parents divorcés ne parviendraient pas à préserver les habitudes de leurs enfants, pourtant essentielles à leur bon développement. Par exemple, les changements récurrents de lieux de vie associés à la garde alternée seraient source de stress pour les enfants et rendraient difficile le maintien des routines de leur quotidien. Mais qu’en est-il réellement? Le divorce a-t-il un véritable impact sur les pratiques parentales ? C’est sur cette épineuse question que s’est penchée une chercheuse canadienne.

Méthode

Celle-ci a étudié des données précédemment recueillies dans le cadre d’une enquête longitudinale nationale. Cette enquête a suivi, pendant deux ans, environ 5 000 enfants canadiens vivant, au début de l’étude, avec leurs deux parents. Durant l’étude, 200 ménages ont divorcé, ce qui a permis de les comparer aux autres ménages. En effet, tous les parents ont répondu, à plusieurs reprises, à un questionnaire portant sur trois importantes pratiques parentales : le type de punition utilisé, le fait de s’impliquer dans la vie de ses enfants (par exemple, en jouant avec eux) et le fait d’être cohérent dans ses paroles et ses actes (en allant, par exemple, jusqu’au bout d’une punition annoncée). Il a donc été possible d’observer les éventuels changements dans les pratiques parentales après un divorce.

Résultat

Les résultats ne montrent aucune différence sur le plan des pratiques parentales entre les parents divorcés et les parents vivant en couple ; ils suggèrent donc que les parents divorcés sont d’aussi bons parents que les autres. Par ailleurs, les pratiques parentales des parents étaient les mêmes avant et après leur divorce. Enfin, l’auteure a également vérifié si les pratiques parentales étaient moins bonnes peu de temps avant le divorce, mais n’a rien remarqué de tel. Il semble donc que, malgré les difficultés au sein de leur couple, les parents divorcés ou en passe de le devenir ne modifient pas leurs pratiques parentales.

Conclusion

Cette étude révèle que les parents divorcés sont d’aussi bons parents que ceux qui sont en couple : il n’y a aucune différence dans leurs pratiques parentales. Il est possible que les parents divorcés, sachant que la situation n’est pas simple pour leurs enfants et souhaitant éviter qu’ils en pâtissent, compensent en s’investissant davantage vis-à-vis d’eux. Les divorcés continuent le plus souvent à se soucier, à deux, de l’éducation de leurs enfants. Ils ne sont plus partenaires amoureux, mais restent des partenaires éducatifs. Bien que le divorce soit un événement de vie stressant, il ne transforme pas pour autant les parents en de mauvais parents. Voilà de quoi faire taire les traditionalistes les plus virulents !

Source : Strohschein, L. (2007). Challenging the presumption of diminished capacity toparent: Does divorce really change parenting practices? Family Relations, 56(4), 358-368.

Extrait de

60 questions étonnantes sur les parents et les réponses qu’y apporte la science, de Jean-Baptiste Dayez et Anne-Sophie Ryckebosch, collection In psycho veritas, Editions Mardaga

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