Le marché du vin belge vit un véritable boom

Les domaines viticoles s'agrandissent et se multiplient en Belgique © F. Ca.
Stagiaire Le Vif

La Belgique continue de produire chaque année de plus en plus de litres de vin. Un concept parfois difficilement concevable tant la bière semble reine au plat pays. Et pourtant, plus d’un million de litres de vin ont été produits en 2015, selon les chiffres du SPF Economie. C’est le double par rapport à l’année 2014…et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Que ce soit le nombre de vignerons, le nombre d’hectares de vigne ou le nombre de litres produits, l’industrie du vin belge est en pleine expansion, histoire de montrer que le voisin français n’a pas le monopole de ce breuvage.

Une industrie qui est, par ailleurs, vouée à grandir encore plus durant les prochaines années comme l’indique Henri Larsille qui fut président de l’Association des Vignerons de Wallonie entre 2012 et 2015 : « Je pense que ça va continuer à grandir, les gens plantent de plus en plus. Et ce n’est pas juste tout récent, ça fait déjà quelques années. Je remarque que la plupart des vignerons avec l’expérience, le contact et les discussions entre eux produisent de plus en plus et mieux, aussi bien des cépages traditionnels que des cépages hybrides inter-spécifiques (résistant aux maladies) ».

En Wallonie ou en Flandre, le nombre de vignerons ne cesse de croître. Le SPF Economie identifiait 91 viticulteurs en 2013 et cinq de plus en 2014, sachant que ce nombre ne comprend que les viticulteurs qui produisent à des fins commerciales et fait abstraction des petits vignerons artisanaux locaux qui cultivent pour le plaisir.

Pour John Collijs, créateur du site Oneo Belgium qui promeut et vent exclusivement du vin Belge, « il y aurait plus de 100 vignerons aujourd’hui en Belgique. Un peu plus en Flandre qu’en Wallonie, cependant les domaines sont en moyennes plus grands du côté francophone« . John Collijs a lancé ce site il y a 4 ans dans le but de promouvoir un produit local qui était encore méconnu chez la majorité des Belges. « J’étais exaspéré par les phrases du type ‘Ah bon, on fait du vin en Belgique ?‘. Lorsque j’allais dans des foires ou des salons, 90% des gens ignoraient qu’on produisait du vin sur notre sol. Il a fallu leur faire prendre conscience qu’on faisait du bon vin« , ajoute-t-il.

Actuellement, selon lui, la production est essentiellement composée de mousseux (50% de la production) et de vin blanc (35%). Les vins rouges (10%) et rosés (5%) sont produits en plus petite quantité en raison du sol et du temps qui ne permettent pas une récolte idéale.

Des difficultés à s’exporter

De plus en plus produit, le vin belge a pour autant quelques difficultés à s’exporter. « Nos vins ne s’exportent presque pas, mais cela s’explique essentiellement par le fait que toute la production est écoulée en Belgique. Mais je sais qu’il y a certaines bouteilles qui s’exportent en Chine, et des producteurs étudient la possibilité d’exporter en Colombie ou des pays d’Amérique latine qui sont de vrais marchés potentiels« , explique Henri Larsille. Même son de cloche chez John Collijs pour qui il ne serait pas étonnant que, dans les années à venir, notre vin s’exporte, même en France. « J’étais à une foire aux vins près de Lille, et j’ai été réellement surpris par l’intérêt des Français pour le vin Belge, c’est très bon signe« , confirme-t-il.

Annie Hautier a réalisé ses premières vendanges l'automne dernier
Annie Hautier a réalisé ses premières vendanges l’automne dernier© F. Ca.

Le succès dans ce secteur depuis ces dernières années a aussi donné des idées à certains qui tentent leur chance. À Nivelles, par exemple, Etienne Hautier et sa femme Annie, gérants de la Ferme du Chapitre sont sur le point de lancer sur le marché un nouveau vin issu de ses terres. En effet, ces deux amoureux de la terre ont décidé de planter leurs propres vignes au printemps 2013 et ont réalisé leurs premières vendanges cet automne. Sur les six hectares de terrains, plus de 22.000 plants de vignes ont été plantés, des plants qui produiront à terme deux vins blancs différents, du rosé mais aussi un apéritif à base de vin et du muscat. Le couple nivellois s’est lancé il y a deux ans dans ce projet dans le but de se renouveler et se diversifier. En effet, c’est une expérience nouvelle pour eux, dans leur ferme qui était initialement portée vers l’agriculture céréalière (froment, mais…) puis l’élevage bovin (blanc bleu belge).

Face aux difficultés financières ou éthiques, le couple a finalement décidé de se diriger vers la production d’un vin 100% belge…et bio. « Tous nos cépages sont cultivés puis récoltés de manière contrôlée. On ne garde pas toutes les grappes. Comme elles sont jeunes, cela permet à la vigne de ne pas s’épuiser et continuer à faire des racines. Ce type de récolte permet aussi d’avoir un vin plus sucré« , explique la gérante de la ferme qui cherche à avoir une approche préventive plus que curative avec ses vignes. Ainsi, aucun pesticide, herbicide ou désherbant n’est utilisé afin de garantir le naturel des raisins. Actuellement, les vins du couple sont sur le point d’arriver à maturation. « Nos premiers blancs et rosés seront prêts pour la seconde quinzaine de juin. On devrait produire entre 3000 et 4000 bouteilles. Notre vin rouge sera, quant à lui, prêt dans environ trois ans » ajoute Annie Hautier. « Pour le moment, la production sera commercialisée localement, mais on va profiter des nombreux salons ou foires en Wallonie pour présenter notre vin« , conclut-elle.

La Ferme du Chapitre de Nivelles va donc, comme beaucoup d’autres, contribuer à l’augmentation de la production de vin wallon. L’Association des vignerons wallons table d’ailleurs sur le million de litres produit annuellement dans la région pour 2017. On est encore bien loin des cinq milliards de litres produits chaque année en France, mais, petit à petit, la Belgique continue de faire son petit bonhomme de chemin dans l’univers viticole.

Par F. Cahour

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