Portrait de Garance Doré, une fille en or
Non contente d’avoir largement séduit la blogosphère et la planète mode par l’originalité de ses illustrations et de sa plume, cette Française, expatriée à New York, publie son premier ouvrage, intime, où il est question de style, d’amour, de vie.
Avant, quand une petite pointe d’envie nous prenait face à la carrière fulgurante de Garance Doré, on pouvait toujours se dire qu’il restait ses cheveux, longs, mal gérés, pour nous convaincre que cette Française, hissée en haut de la sphère fashion, n’avait pas tout pour être heureuse. Oui mais voilà, cette toute fraîche quadra les a coupés, il y a deux ans, juste comme il le fallait, prouvant définitivement que la question du style, elle la maîtrisait jusqu’au bout des tifs.
Chance, la Frenchy, blogueuse illustratrice au départ, désormais businesswoman, vient de sortir un bouquin – déjà au top des ventes -, dans lequel elle se confie et livre avec humour et candeur, façon bonne copine, ses réflexions sur la mode, la beauté, la carrière, l’amour ou tout autre sujet de préoccupation des filles de son âge. Autant de thèmes qu’elle traite sur son blog, depuis juin 2006.
A l’époque, cette Ajaccienne, installée à Marseille, rêve d’exercer un métier créatif. La grande brune se dit que c’est maintenant ou jamais. Plaque tout. Et se donne un an pour réussir dans le dessin. Histoire de se faire la main, elle s’oblige à réaliser une esquisse par jour, en une heure chrono, qu’elle poste sur la Toile et finit par commenter.
« J’ai toujours tenu un journal intime, cela m’aide à mettre des mots sur des émotions », confie celle qui a rapidement troqué son patronyme officiel (Mariline Fiori) pour l’un de ses prénoms préférés et le nom du dessinateur Gustave Doré ; une démarche réalisée initialement pour se protéger, mais a posteriori aussi, pour s’approprier sa destinée. « Le fait de raconter ma vie à des inconnus m’a tout de suite paru naturel. De façon générale, je peux très rapidement me livrer, même à quelqu’un que je viens de rencontrer. J’ai un côté très franc. Et puis, au fond du fond, on passe tous par les mêmes sentiments. Les partager permet de dédramatiser. »
A cette période, la vague ascendante des blogueuses révolutionne le microcosme de la mode. Tant les croquis que les photos et la plume enjouée de la jeune femme la font sortir du lot. Sans compter que la belle tombe longtemps amoureuse du photographe de street style Scott Schuman, dit The Sartorialist, transformant le couple en duo chic de choc.
Je me suis toujours considérée comme une fille normale à qui arrivaient des choses exceptionnelles. C’est aussi cela qui a rendu ce blog intéressant. J’y ai partagé une sorte d’aventure, moi qui n’étais pas du sérail et qui y suis entrée, progressivement. Les lecteurs ont pu vivre cela avec moi, au travers de mes histoires intimes.
Quand les créateurs constatent que le travail de Garance Doré influence le cours du moment, les portes des défilés s’ouvrent grand, avec place au premier rang, qui plus est. Au fil des ans, la pétillante demoiselle publie ses clichés et ses textes dans différents magazines US, anglais et français, comme Vogue, The Wall Street Journal, Elle ou The Guardian. Elle reçoit en 2012 le prestigieux prix des médias Eugenia Sheppard du Conseil des créateurs de mode américains. Collabore avec de nombreuses griffes de luxe, comme Céline, Chloé, Dior, Estée Lauder, L’Oréal ou Louis Vuitton. Et lance, en 2014, sa propre marque de papeterie. Résultat : dix ans après ses débuts, cette successful girl emploie sept personnes, dans son Studio.
Pour elle qui, à 8 ans, s’imaginait parfaitement en Claude, l’héroïne garçon manqué du Club des 5, et qui, à 18 ans, se trimbalait en Dr. Martens, jeans moulants et pulls trop grands signés agnès b, le chemin parcouru durant cette dernière décennie est immense. Riche de belles rencontres, de découvertes de soi et de quelques fashion faux pas aussi, avoués avec une bonne dose d’autodérision. Et dans dix ans ? Elle rêve d’une vie plus tranquille, plus terre à terre, loin de l’ultraspeed New York, où elle pourrait peindre et consacrer davantage de temps à des projets artistiques.
Quant au Studio Garance Doré, elle l’imagine assez bien de façon holistique : « Un endroit où l’on peut entrer de différentes manières, que ce soit par le biais du blog, d’événements organisés à l’extérieur, la mise en projet d’un livre ou de produits, confie celle qui a du mal à se définir, quelque part entre les qualificatifs de blogueuse, illustratrice, auteure, entrepreneuse, creative director… Mais quoi qu’il arrive, cela devra toujours rester très ancré dans l’authenticité, le partage et la rencontre. » Les clés de son succès.
Love Style Life, par Garance Doré, éditions Flammarion, 272 pages. www.garancedore.com
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