Catharina Bossaert, lauréate du concours Serax & Le Vif Weekend: « Faire les choses soi-même leur donne de la valeur »
Parmi une centaine de candidatures reçues, le jury du concours organisé par Serax et Le Vif Weekend a sélectionné Catharina Bossaert. Son projet? Un coquetier minimaliste pour deux personnes… mais qui révèle bien d’autres facettes.
En collaboration avec Serax, nous avons demandé à nos lecteurs d’imaginer un projet que la marque de design belge mettrait en production. Sur la centaine de propositions reçues, c’est l’Uovo Uovo qui a été désigné vainqueur. Ce coquetier pour deux personnes se compose de deux formes à empiler qui, à l’extérieur, forment un bloc de pierre ou de béton robuste. L’intérieur a été émaillé pour révéler l’empreinte d’un œuf. Le jury a été séduit par la simplicité de l’idée, mais aussi par les possibilités qu’elle offre. Outre deux coquetiers, c’est aussi une boîte dans laquelle on peut faire davantage que conserver son œuf au chaud : elle peut présenter un amuse-bouche ou abriter une pierre précieuse. Bref, un objet aux multiples fonctions. La conceptrice elle-même, Catharina Bossaert, ne se laisse pas facilement enfermer dans une case. Créatrice touche-à-tout, riche d’une carrière dans la mode et passionnée de céramique, elle a déjà exposé son travail à plusieurs reprises et se fraye actuellement un chemin dans le monde du design.
Comment est né votre projet?
Le Uovo Uovo est avant tout un coquetier: on l’utilise pour un petit-déjeuner à deux ou, fermé, pour garder un œuf au chaud. L’idée est née lors d’un atelier de plâtre que j’ai suivi lorsque je vivais à Copenhague. Nous devions faire un moule, et j’ai choisi un œuf, qui est à mes yeux la forme la plus pure et la plus joliment uniforme qui soit. Plus tard, j’ai perfectionné le concept en céramique. Le fait de gagner a été une surprise, et pour moi la confirmation que je suis sur la bonne voie avec mon travail créatif.
Vous avez derrière vous déjà une belle carrière dans la mode…
J’ai littéralement grandi dans le monde de la mode; ma mère, Hilde Denève, dirigeait l’entreprise de vêtements pour enfants Hilde & Co. Nous vivions au milieu de cartons, de livraisons, de tissus, de motifs, de couleurs et de matériaux, et je passais beaucoup de temps dans les salons et les magasins. Après avoir obtenu mon diplôme de graphiste à la Sint-Lukas de Gand, j’ai travaillé dans la publicité pendant plusieurs années. De temps en temps, je faisais quelques travaux graphiques pour ma mère, ou je lui envoyais parfois un dessin, jusqu’à ce qu’à un certain moment, je travaille à plein temps en tant que graphiste pour elle. En 2000, mon mari a reçu une offre d’emploi à Copenhague et nous avons déménagé. J’y ai effectué plusieurs travaux en free-lance, mais j’ai également pris le temps de me développer sur le plan créatif.
La céramique était votre hobby depuis un certain temps. Est-ce à Copenhague que vous vous êtes rendu compte que vous vouliez suivre cette voie professionnellement ?
C’est à ce moment-là que la céramique a pris le dessus dans ma vie. J’ai trouvé un atelier fantastique où je pouvais aller quand je le voulais et où je me suis laissée aller à la créativité. J’ai suivi des cours de perfectionnement et des workshops, et j’ai rencontré des personnes inspirantes. J’y ai beaucoup appris. Pendant longtemps, j’ai pensé que la mode était mon métier et que mon travail libre – la sculpture et la céramique – n’était qu’un passe-temps. Mais c’était plus qu’un hobby, c’était une passion qui a pris une place importante dans ma vie. Lorsque je crée des collections de mode, un cadre m’est imposé. Les clients ont certaines attentes et exigences. Mais lorsque je travaille avec la céramique, je peux faire ce que je veux, sans me sentir contrainte.
En 2023, vous êtes retournée à Gand. Les choses ont-elles changé sur le plan professionnel?
Je travaille actuellement à mi-temps pour le département de décoration d’intérieur de la Maison Tricot; l’autre moitié du temps, je me consacre à mon propre travail créatif. Cela comprend à la fois des projets de céramique et de tricot. Cette dualité se retrouve également dans mon atelier. Il est divisé en deux moitiés, pour ainsi dire : la céramique ici, le tricot là. (rires) Récemment, j’ai également commencé à expérimenter des projets créatifs de tricot et à créer des objets avec des restes de fils, sans penser à la valeur commerciale, comme des cols, des sacs, des mitaines, des coussins. Il arrive que les deux parties de l’atelier se chevauchent. (Elle nous montre une création d’un nuage en céramique sur un coussin en laine).
Vous sentez-vous davantage artiste ou designer?
Je trouve qu’il est difficile de choisir, et je ne pense pas que ce soit nécessaire. Les deux mondes peuvent coexister et s’entremêler. Ils ont toujours coexisté, mais j’apprécie qu’ils se rapprochent un peu plus aujourd’hui.
Vous utilisez l’expression slow making pour définir votre démarche. Qu’entendez-vous par là?
Lorsque j’ai déménagé à Copenhague, j’en avais assez de la façon dont les choses se passaient dans la mode : tout devait aller vite, être nouveau et différent, mais pas trop, car si cela se vendait bien, il fallait que ça reste un peu la même chose. J’avais envie de lenteur, de profondeur, de pouvoir faire les choses à mon rythme. J’aspirais aussi à refaire les choses moi-même, de mes propres mains. En tant que designer, on perd le contact avec ce que l’on crée. En faisant les choses soi-même, on sait à nouveau combien de temps prend une création, et en y consacrant son temps et son énergie, elle acquiert de la valeur. Nous ne sommes plus habitués à ce que les choses prennent du temps. En créant soi-même, on respecte davantage l’artisanat et les choses simples de la vie. Pour en revenir à l’Uovo Uovo, l’idée que nous devons à nouveau apprécier les choses simples de la vie est également présente dans ce projet. Un œuf le dimanche, je trouve cela immensément agréable et, dans toute sa simplicité, immensément savoureux. Existe-t-il un meilleur petit-déjeuner qu’un œuf frais, accompagné d’une belle tranche de pain et d’un très bon beurre ?
Le Vif Weekend met en jeu 20 coquetiers Uovo Uovo à gagner. Pour tenter votre chance, participez via le formulaire ci-dessous:
Catharina Bossaert en bref
– Elle commence à travailler en 1994 comme styliste pour Hilde & Co, l’entreprise de vêtements pour enfants de sa mère, qui comprend les marques Fred & Ginger et Quick & Flupke. Elle reste styliste, puis styliste en chef lorsque l’entreprise est rachetée par le groupe FNG en 2006.
– En 2008, elle est sélectionnée avec ses œuvres libres pour De Canvascollectie et expose à Bozar.
– De 2014 à 2020, elle est styliste en chef et creative brand manager de la marque féminine Ginger, qu’elle a cofondée.
– Elle vit à Copenhague de 2020 à 2023 et travaille comme créatrice de tricots free-lance pour, entre autres, le label belge Maison Tricot et la marque danoise de tricots haut de gamme Survival of the Fashionest.
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