Non contente de régaler les gourmands depuis plusieurs générations, la chocolaterie Neuhaus veille désormais à leur apporter aussi un peu de nourriture intellectuelle. La maison vient en effet de publier un beau livre pensé comme un ouvrage de référence, et un hommage au savoir-faire belge du chocolat.
Entre anecdotes historiques, secrets de confection, entretiens exclusifs mais aussi recettes, le livre, intitulé Neuhaus, inventeur de la praline belge, est co-signé par Pacôme Nasier et Charlotte Huens. Ainsi que le confie cette dernière, « chez Neuhaus, nous sommes fiers de porter un héritage de plus de 160 ans. En tant qu’inventeur de la praline, nous avons la responsabilité de le faire vivre et de le partager. C’est pourquoi nous avons voulu que ce livre existe en trois langues – français, néerlandais et anglais – pour faire découvrir l’art du chocolat belge au-delà de nos frontières et inspirer toutes les générations, en Belgique et ailleurs ».
D’autant qu’ainsi que le révèlent ces 10 anecdotes, la maison, pourtant bien connue des gourmands, recèle encore de nombreux secrets…
Tout commence à la pharmacie
Avant d’être chocolatier, Jean Neuhaus était pharmacien. Installé à Bruxelles en 1857, il enrobe ses médicaments de chocolat pour en masquer l’amertume. Le succès est tel qu’il abandonne bientôt la pharmacie pour se consacrer entièrement à la confiserie.
La praline fourrée est une invention Neuhaus
En 1912, son petit-fils, Jean Neuhaus Jr., imagine la première praline fourrée: un cœur fondant logé dans une fine coque de chocolat. Ce geste simple change à jamais l’histoire du chocolat et fait de la Belgique la patrie mondiale de la praline.
Le ballotin a remplacé les cornets… comme ceux des frites
Avant 1915, les pralines étaient vendues en vrac, dans des cornets de papier semblables à ceux utilisés pour les frites. Pratiques, mais peu adaptés à la délicatesse du chocolat. Louise Agostini, épouse de Jean Neuhaus Jr., a alors l’idée d’un coffret rigide inspiré des boîtes à bijoux: le ballotin. Il protège les pralines tout en les valorisant. Ce coffret élégant, devenu un symbole du chic belge, fait entrer la praline dans l’univers du cadeau.
Un nom à consonance allemande pour des racines italiennes
Derrière le patronyme “Neuhaus” se cache une autre histoire: celle des Casanova, famille italienne ayant émigré en Suisse avant de franciser son nom. Neuhaus, littéralement “nouvelle maison”, évoque cette volonté de renouveau qui imprégnera toute la saga familiale.
Caprice et Tentation, les pralines les plus désirées de Belgique
Créées en 1958 par Adelson De Gavre, gendre de Jean Neuhaus Jr., les pralines Caprice et Tentation s’inspirent du film Et Dieu créa la femme de Roger Vadim. Leur forme triangulaire évoque un chapeau de Napoléon; leur texture marie nougatine, ganache et chocolat noir ou lait.
Ces “Irrésistibles” ont traversé les décennies sans prendre une ride, devenant de véritables icônes nationales – au point que certains Belges disent “un Caprice” comme on dirait “un café”.
Les pralines royales, reflet d’une Belgique élégante
Fournisseur breveté de la Cour de Belgique depuis 1883, Neuhaus rend hommage à la monarchie à travers des créations dédiées aux souverains. La praline Albert, imaginée pour le mariage du futur roi Albert II et de Paola Ruffo di Calabria, renferme un praliné aux noisettes du Piémont, clin d’œil aux origines italiennes de la reine. D’autres pralines, comme Fabiola, Mathilde ou Astrid, perpétuent cette tradition de douce révérence, entre raffinement et loyauté royale.
Le Cornet Doré rend hommage au passé
Sous son allure dorée, cette praline au gianduja célèbre à la fois les origines italiennes de la famille Neuhaus et les cornets de papier utilisés autrefois pour vendre les chocolats. Son fondant de noisette et sa forme spiralée en ont fait une icône intemporelle.
La praline est née dans un lieu mythique
La première boutique Neuhaus ouvre dans les Galeries royales Saint-Hubert, à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles. Ce passage couvert, fréquenté par Baudelaire et Victor Hugo, devient le berceau d’une invention appelée à conquérir le monde. La boutique est bien sûr toujours là.
Neuhaus a marqué l’Expo 58
Lors de l’Exposition universelle de Bruxelles, la marque expose ses pralines dans des ballotins décorés qui séduisent les visiteurs du monde entier. L’élégance du geste et la finesse du goût y consacrent Neuhaus comme ambassadrice du chocolat belge.
Neuhaus collabore avec les plus grands chefs
Fidèle à son esprit d’innovation, la maison s’entoure de chefs étoilés pour revisiter la praline: Yves Mattagne, Peter Goossens ou Mallory Gabsi ont chacun signé des créations exclusives mêlant techniques gastronomiques et audace chocolatée. Ganaches infusées au thym citron, touches iodées, mariages entre cacao et agrumes: ces collaborations réinventent la tradition sans la trahir. Elles rappellent que, chez Neuhaus, la praline n’est pas figée dans son passé: elle se réinvente à hauteur de chef.
