Dans les cafés branchés comme dans les rayons bio, les boissons aux adaptogènes séduisent des adeptes en quête d’équilibre. Reishi, crinière de lion, basilic sacré… Ces extraits venus d’ailleurs se glissent désormais dans nos mugs.
Matcha latte, kombucha… et désormais café aux «champignons fonctionnels» et latte à l’ashwagandha. Sur Instagram et dans les bars bien‑être, une nouvelle vague promet une énergie plus stable, une humeur apaisée, moins de «crash» qu’avec la caféine pure. À la croisée du lifestyle et de la santé naturelle, les boissons aux plantes dites adaptogènes s’installent en Belgique et sont de plus en plus accessibles.
Le phénomène ne tient pas qu’à l’effet de mode: le marché mondial des adaptogènes est attendu en croissance régulière jusqu’en 2035, porté par la quête de solutions «naturelles» antistress.
1. Le phénomène adaptogènes
Le terme vient de la recherche soviétique du milieu du XXe siècle et désigne des substances – souvent végétales ou fongiques – censées accroître notre «résistance au stress» et favoriser l’homéostasie.
Dans les boissons, on retrouve surtout l’ashwagandha, le ginseng, le basilic sacré et des champignons comme le reishi, la crinière de lion ou le cordyceps.
À Bruxelles comme à Anvers, l’offre s’est solidement installée. En ligne et dans quelques boutiques bien-être, la marque belge Aho Botanicals a popularisé des poudres «maison» mêlant plantes et champignons, à glisser dans un latte, une infusion ou un smoothie. Côté grandes références, Purasana propose des sachets instantanés «Mushroom Coffee» (Arabica allié à la crinière de lion, reishi, shiitake) et des lattes aux champignons, simples à emporter entre deux réunions. Dans les réseaux bio comme Färm, on voit désormais des rayons où s’alignent reishi, crinière de lion et ashwagandha, parfois sous forme d’extraits standardisés.
Le phénomène n’est plus cantonné aux cafés branchés: on le croise en pharmacies, dans certaines para et chez des revendeurs en ligne familiers des consommateurs belges.
2. Les promesses
L’idée d’une énergie plus stable sans nervosité séduit, à juste titre, si l’on remplace une partie de la caféine par d’autres ingrédients. Prudence toutefois: certains «coffees» aux champignons contiennent aussi du guarana, donc de la caféine. L’effet «sans jitter» dépendra alors du dosage total en stimulants. Côté stress et sommeil, l’ashwagandha est la plante la mieux documentée: des essais indiquent une baisse des scores d’anxiété et parfois une amélioration du sommeil, mais surtout avec des extraits standardisés, sur plusieurs semaines.
Pour la «clarté mentale», la crinière de lion dispose d’études préliminaires encourageantes, principalement chez des personnes âgées avec troubles cognitifs légers; chez l’adulte en bonne santé, la littérature reste naissante. Quant au reishi et aux fameux bêta-glucanes des champignons, ils intéressent l’immunité, mais les allégations santé sont strictement encadrées en Europe: un emballage sérieux parlera d’équilibre et de bien-être, pas de promesses médicales.
3. La lecture de l’étiquette
Comment reconnaître un produit solide dans cette offre foisonnante? D’abord, la transparence. Une bonne étiquette précise la plante ou le champignon, la partie utilisée (racine ou carpophore pour les champignons), le type d’extrait et les marqueurs dosés (withanolides pour l’ashwagandha, bêta-glucanes pour les champignons). Pour le monde fongique, beaucoup de spécialistes privilégient le carpophore à la place du mycélium cultivé sur céréales, souvent moins riche en composés intéressants: cherchez cette précision.
La mention d’un pourcentage de bêta-glucanes, plutôt qu’un vague «polysaccharides», est un bon signal.
Les tests tiers, labels bio et analyses de pureté comptent, tout comme l’honnêteté de la formulation: méfiez-vous des slogans du type «immunité boostée en 72 heures» et des recettes qui additionnent caféine sur caféine alors qu’on cherchait justement de la douceur.
4. Les précautions d’usage
La règle d’or est simple: bas et lent. Un sachet par jour ou une petite cuillère rase, pendant deux à trois semaines, puis on observe son ressenti. Les effets les mieux attestés apparaissent souvent avec la régularité (6 à 8 semaines pour l’ashwagandha).
Multiplier les poudres et les promesses n’accélère pas les bénéfices: mieux vaut une routine claire que quatre «potions» en parallèle.
Et on n’oublie pas le contexte: hydratation, repas, sommeil, un peu de mouvement. Les adaptogènes ne sont que des auxiliaires. Autre précaution utile: ces boissons ne remplacent ni un avis médical ni un traitement. En cas de grossesse, d’allaitement, de pathologie chronique, de troubles thyroïdiens ou auto-immuns, ou de prise de médicaments, on demande conseil à son médecin ou à son pharmacien.
Finalement, l’essentiel, c’est une pause chaleureuse, deux respirations, et on repart.