Champagne Charlie à la conquête du Plat Pays

C’est dans le décor somptueux de la Villa Empain, véritable chef-d’oeuvre de l’architecture Art déco des années ’30, que la prestigieuse maison Charles Heidsieck, a inauguré ce 30 mai sa nouvelle collaboration avec la distillerie flamande Filliers. Cette dernière assure dorénavant la distribution de la marque de champagne haut de gamme sur le marché belge.

La splendide Villa Empain, nichée en bordure du Bois de la Cambre, un endroit symbolique, en écho au style et à l’esprit de la maison fondée en 1851 à Reims, par Charles Heidsieck, âgé alors d’à peine 30 ans. Une soirée sur le thème de la prohibition qui n’a pas non plus été choisi au hasard quand on revient sur l’histoire romanesque de cette Grande Maison champenoise, qui tient à rester bien distincte avec son propre style et ses équipes dédiées de Piper-Heidsieck, autre maison bien connue au sein du groupe EPI.

Entrepreneur doté d’une forte personnalité et de beaucoup d’audace, Charles Heidsieck a été le premier à conquérir le Nouveau Monde avec son champagne, et à l’introduire discrètement via le Canada, dans la haute société américaine après en avoir arrosé l’Europe à travers ses florissantes Expositions Universelles. Surnommé Outre-Atlantique, Charlie « our Champagne Man » transformé par après en un affectueux « Champagne Charlie », ce dandy visionnaire réussit l’exploit de vendre plus de 300.000 bouteilles de son breuvage de luxe en pleine guerre de Sécession, avant d’être arrêté comme espion par le général Butler.

C’est aussi lui qui a l’idée, dès 1867, d’investir dans une cinquantaine de crayères du 2e siècle reliées par des galeries, formant un véritable labyrinthe. Les conditions y sont idéales pour la lente et longue maturation des vins, portée à trois ans minimum pour les vins non-millésimés, soit bien au-delà des 15 mois de la norme en vigueur dans la région. Les maisons de champagne sont rares à avoir fait ce choix à l’époque. Ces crayères millénaires profondes nichées au coeur de la butte Saint Nicaise à Reims sont inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de L’UNESCO depuis juillet 2015. Elles se visitent uniquement sur invitation. Elles ont inspiré la silhouette à base large et col resserré du flacon des cuvées non millésimées.

« Un moment de grâce »

Cyril Brun, nommé chef de cave depuis mai 2015 après avoir oeuvré comme oenologue chez Veuve Cliquot pendant 15 ans, perpétue désormais cette tradition entretenue par plusieurs générations chez Charles Heidsieck. Lui, pour qui boire du champagne en famille le dimanche est « un moment de grâce, quasi religieux », s’évertue à apporter sa petite pierre à l’édifice.

Charles Heidsieck, c’est chaque année 40% de vins de réserve. Les vins de l’année sont assemblés en proportions égales entre le chardonnay – pour la fraîcheur et élégance – le pinot noir, pour la charpente et le pinot meunier pour la générosité du fruit. Les différentes cuvées, récompensées de multiples médailles d’or et de trophées lors de compétitions internationales au fil des ans se déclinent en Brut Réserve, Rosé Réserve, Brut Vintage 2005, Vintage Rosé 2006…

Notre coup de coeur va au Rosé Réserve avec sa saveur gourmande qui évoque en bouche le sabayon de fraises. Mais l’apothéose, c’est le Blanc des Millénaires 1995 qui la provoque. Ce millésime de légende fait de grands chardonnay exprime sa générosité avec des notes de caramel au beurre salé et sa douceur, avec des zestes d’agrumes d’amande grillée, de vanille, de gingembre ou encore, de bois de cèdre. Pour arriver à ce résultat, il a maturé près de 20 ans dans les crayères gallo-romaines, havre de paix de silence où la température reste l’année entière à 10°C.