Les intérieurs intacts des cafés belges, précieux témoins du passé (en images)
Avec AFP
Le PastaCafé, installé au coeur du village d’Alsemberg, dans le Brabant flamand au sud de Bruxelles, compte parmi ces lieux qui ont su garder le mieux leur décor des années 1920-1930.
Les fissures en témoignent: le carrelage multicolore du sol, typique des maisons construites à l’aube du 20e siècle, a subi le poids d’un nombre incalculable de fêtards.
Aux antipodes de nombreux cafés bling-bling, « c’est charmant, authentique », déclare la gérante, Ilse Rillaert, dans la trentaine, en faisant découvrir sa salle de restaurant et sa cuisine ouverte. « Il y a beaucoup de chaleur, les gens qui viennent manger ici sont comme chez eux avec un intérieur comme ça », ajoute-t-elle.
Ilse Rillaert a repris ce café à son frère en 2013. Il était autrefois connu sous le nom « De Hoorn » (Au Cornet) et a servi de décor pour un film en costumes tourné en anglais par le cinéaste français François Ozon (« Angel », 2007), raconte-t-elle.
Il fut aussi le lieu de rassemblement favori dans les années 90 du groupe de pop flamand Clouseau, des quasi-voisins devenus des habitués.
Avec sa façade de brique rouge typique de la Belgique ou du nord de la France, c’est l’un des trois cafés que le gouvernement flamand a proposé à la mi-août d’ajouter à une liste de sites classés en raison de leurs intérieurs centenaires jugés « exceptionnels ».
Le comptoir et les boiseries foncées sont d’époque, tout comme les appuis-tête en cuir qui subsistent sur les bancs en bois.
Il existe des centaines de bistrots ou estaminets anciens en Belgique, qui peut se targuer depuis 2017 d’une culture de la bière élevée par l’Unesco au rang de « patrimoine immatériel de l’humanité ». « Mais si on veut des intérieurs complètement intacts, typiques des cafés bourgeois de la première moitié du 20e siècle, alors il n’y en a plus qu’une poignée », explique à l’AFP Joeri Mertens, chercheur spécialisé en patrimoine immobilier à la Région flamande.
L’objectif est de pouvoir montrer aux générations futures ce mobilier, ces plafonds en stuc et ces miroirs d’époque, quitte à imposer quelques contraintes aux propriétaires.
Sept cafés sont déjà classés dans cette région. Les trois autres sélectionnés en août (dont le PastaCafé) devraient l’être définitivement d’ici à l’été prochain, après l’étape obligatoire de l’enquête publique dans la commune.
« Ils devront solliciter notre approbation pour des aménagements », poursuit l’expert flamand, « mais d’un autre côté nous avons des budgets auxquels ils peuvent prétendre pour rénover au mieux. »
« Quand j’arrêterai, le repreneur ne pourra plus casser l’endroit (…) C’est super de savoir que ça va rester », fait valoir de son côté Ilse Rillaert.
La Flandre n’est pas la seule à valoriser ses cafés comme précieux témoins du passé. Bruxelles et la Wallonie ont procédé à des classements, parfois dès les années 1980, notamment pour des intérieurs adoptant le style Art nouveau du célèbre architecte belge Victor Horta. Mais là aussi les exemples sont peu nombreux.
Le café bruxellois « A La Mort Subite », ouvert en 1910, fait figure d’exception avec une protection portant sur « l’intérieur, l’extérieur, l’étage et la cave », selon son patron, Bernard Moucharte.
« C’est difficile de trouver des cafés qui ont su conserver leur cachet intégral à travers le temps », souligne Julien Maquet, de l’Agence wallonne du patrimoine.
Il cite seulement deux cas dans cette région francophone, dont le Modern Hôtel à Soignies, joyau de l’Art nouveau, actuellement fermé pour rénovation avant la quête d’un repreneur.
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