Pascale Malilo: entre fleurs comestibles et ornementales
Cosmos, bleuets, soucis, tournesols, dahlias… Autant de noms de fleurs évocateurs de couleurs, de soleil et de doux parfums. Certaines se mangent, d’autres pas. Peu importe, elles sont toutes éclatantes. A une bonne dizaine de kilomètres du centre de la capitale se dresse un petit coin de paradis floral.
Périphérie bruxelloise. Un champ de maïs à gauche. Un autre à droite. Et derrière l’un deux, une parcelle de terre plus ombragée. Entre deux rangées de fleurs, Pascale Malilo, une femme au moins aussi colorée que les pétales des fleurs qu’elle cultive. Avant même de la rencontrer, son nom m’évoque déjà le mélilot, petite fleur au goût subtil de vanille. Le thermomètre affiche une bonne trentaine de degrés ; nous nous asseyons à l’ombre d’un arbre. La fleur au fusil, elle me fait entrer dans son univers avec sa voix posée et sa bienveillance naturelle.
Quand on lui demande comment elle se définit, Pascale se dit « touche-à-tout au parcours chaotique ». Elle aurait aimé avoir plusieurs vies, tant elle s’intéresse à différentes choses.
Un parcours chaotique plutôt florissant
Architecte d’intérieur de formation, elle intègre rapidement le milieu du graphisme. Après plusieurs années de travail dans ce domaine, elle quitte la Belgique pour l’Angleterre, sur un coup de tête. Elle souhaite apprendre la langue de Shakespeare. Enceinte, elle commence des boulots alimentaires, en tant que vendeuse. Elle travaille dans une magnifique boutique et puis, c’est la crise. Le magasin devient obsolète, son existence est remise en question. Pascale se sent enfermée. Son intérêt immuable pour la botanique revient alors comme un boomerang. Plus fort. De fil en aiguille, de pensée en pensée, elle comprend qu’elle désire passer sa vie dehors, les pieds sur la terre, l’air frais sur les joues. Elle se jette à l’eau.
Une formation en maraîchage biologique plus loin, elle cherche une idée, un projet à concrétiser. Son esprit gamberge. Ses yeux observent : les plantes sauvages et les fleurs gênent souvent les maraîchers. Pourtant, certaines sont comestibles. Alors, pourquoi ne pas associer les deux ? Sur son chemin, elle rencontre David Errera, porteur du projet Cycle Farm, des terrains en permaculture aux frontières de Bruxelles. A côté des légumes de David, elle plante ses herbes aromatiques et ses fleurs comestibles. Sauge, menthe poivrée, shiso pourpre, pimprenelle… Pascale y prend goût.
En cet après-midi d’août, c’est sa troisième saison dans les champs. Mais cette année, elle a encore avancé d’un pas. Elle me confie son affection pour le projet de Martin Philippart du Champ des Cailles qui cultive des fleurs à couper. Chacun vient cueillir ses fleurs, en toute autonomie. Ce système correspond à Pascale. L’aspect commercial lui pose problème. Elle a du mal à se vendre, comme artiste et comme maraîchère. Elle a adopté ce système pour son deuxième terrain, uniquement dédié aux fleurs ornementales. Bien que certaines d’entre elles soient comestibles, cet aspect n’est pas mis en avant. Elle ne souhaite pas d’accident. Pascale a préféré séparer ses deux cultures. L’idée que les gens cueillent eux-mêmes et composent leur bouquet lui plaît. Un tarif affiché, des ciseaux à disposition, une caisse où déposer l’argent. Voilà les éléments indispensables. Mais l’ingrédient essentiel de la réussite est la confiance. Et pour Pascale, c’est primordial.
Du champ de fleurs à l’assiette
Si les fleurs ornementales sont destinées uniquement aux particuliers, il en va autrement pour les comestibles et les aromatiques. Grâce à son partenariat avec Cycle Farm, elle profite de leur réseau de vente. Les permaculteurs écoulent leurs légumes en partie sur le marché hebdomadaire de Linkebeek mais surtout auprès de restaurateurs bruxellois. Et les fleurs de Pascale y sont appréciées. Parsemées sur un plat, mélangées dans une salade, les fleurs apportent une jolie touche colorée. Parce que l’on commence à déguster un plat avec les yeux, les fleurs endossent à la perfection ce rôle d’embellisseuses gustatives. C’est probablement ici que le lien entre sa vie d’artiste et celle de cultivatrice se fait le plus prégnant : Pascale a une tendance au perfectionnisme, ce qu’elle assume pleinement dès qu’il s’agit de beauté visuelle.
Près d’une heure et demie plus tard, nous sommes toujours parmi les fleurs. Avant de partir, Pascale me fait un petit tour de ses favorites. Le cosmos attire directement son attention. Son caractère aérien lui plaît. Un peu plus loin, elle me montre les zinnias. Avec leurs pétales et leur coeur de couleur différente, elles représentent, pour la cultivatrice, l’archétype de la fleur. Comme une fleur dessinée par un enfant.
Il est 17h30, et je dois me faire violence pour me déraciner de ce petit coin de paradis que je quitte un bouquet à la main.
Côté saveurs, trois types de fleurs peuvent être distingués.
Les fleurs condiments : épicées, légèrement acides ou amères.
- Bourrache : saveur iodée
- Capucine : note sucrée puis poivrée
- Ail des ours : goût de l’ail
- Fleurs de thym et de ciboulette ont les mêmes saveurs que les herbes aromatiques.
Les fleurs fruits : sucrées
- OEillet : goût se rapprochant des agrumes
- Reine des prés : saveur d’amande
Les fleurs légumes : goût moins typé mais supportent bien la cuisson
- Fleur de courgette : farcies.
- Le souci : cru dans les salades mais aussi cuit dans les omelettes.
Où aller cueillir les fleurs de Pascale ? Dans le haut de Kerkveld, juste à gauche, 1630 Linkebeek
Où acheter les fleurs comestibles et les herbes aromatiques ? Au marché de Linkebeek, sur la Place communale, tous les jeudis de 16h à 19h jusqu’en novembre.
La page Facebook de Cycle Farm et des fleurs de Pascale
Leila Fery
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