Podcast LES MOTS DE LA BOUCHE 3/4 | Isabelle de Borchgrave, l’artiste qui colore la vie

Anne-Françoise Moyson

Elle cuisine comme elle crée, avec gourmandise, avec énergie, avec curiosité. Son curry de poulet thaï invite au voyage, condense les saveurs et les couleurs, convoque la volupté. Dans sa cuisine ouverte sur le monde et la vie, l’artiste Isabelle de Borchgrave enquille les passions, les souvenirs, les goûts et les envies.

Elle a le sens du cumul : elle est artiste, peintre, sculptrice, magicienne du papier. Et elle ne s’interdit jamais de mettre la main à la pâte. Tous les midis, dans sa grande cuisine ouverte sur un patio avec petit bassin à poissons, elle invite son équipe, son mari, son fils qui passait par là par l’odeur alléchée, ses amis et parfois même les visiteurs restés plantés dans sa galerie devant tant de beauté. Car chez Isabelle de Borchgrave tout est intimement mêlé : sa vie privée se niche au coeur de sa galerie d’art et de son lieu de travail et de création. Ainsi l’a-t-elle rêvé.

Très tôt, elle sait que l’art sera son fil conducteur : à peine diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts, elle crée son studio. Elle y tutoie la mode, la décoration d’intérieur, elle jongle alors avec les tissus, toiles parfaites pour son art. En 1994, elle tombe en amour pour le papier qu’elle se met à sculpter : elle en fait des costumes en trompe-l’oeil qui concentrent la mode, l’histoire, la peinture. Rien ne lui résiste, ni les robes de Marie-Antoinette ni celles de l’impératrice Eugénie ni les caftans ottomans ni les plissés de Mariano Fortuny ni les ballets russes. Du papier, elle passe au bronze ou à la céramique, avec un égal bonheur. Alors quand il s’agit de préparer un poulet thaï, vous imaginez bien que c’est du pareil au même. Les saveurs d’enfance en plus.

Isabelle de Borchgrave revient de Paris, où en un heureux dialogue avec Christian Tortu l’artiste aux fleurs, elle a exposé ses paravents colorés, ses lustres de plumes, ses canapés aux coussins peints et ses tapis de lin ancien, ses sculptures en papier, ses peintures plissées et ses robes qui n’ont rien d’éphémère. Pour l’heure, ce qui l’occupe – outre ce fichu riz basmati qu’elle a oublié de faire cuire pour accompagner son curry de poulet thaï -, c’est Frida Kahlo. Elle s’est glissée dans l’univers de l’artiste peintre mexicaine en une sororité créative. Avec patience, elle recrée en papier sa garde-robe, son intérieur, ses vases, ses bijoux, et même ses chats. On pourra découvrir le tout grandeur nature aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, en octobre 2022. Et en été, on ira se balader à Knokke, à la Galerie Berko, où Isabelle de Borchgrave exposera ses toiles inspirées par ses déambulations en Egypte. En attendant, le wok exhale des parfums divins, le feu crépite dans la cheminée, le couvert est mis – la table les assiettes, les bougeoirs, les serviettes, tout porte sa signature. On mange aussi avec les yeux.

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La recette du Curry de poulet thaï, par Isabelle de Borchgrave

Pour 6 personnes

4 filets de poulet, de la pâte de curry vert, 500 ml de lait de coco minimum, 3 aubergines thaï, 3 carottes, une belle poignée de maïs miniatures, de haricots, d’asperges, de champignons asiatiques, de pousses de soja, gingembre, coriandre, du riz basmati (1 poignée par personne + 1 pour la casserole ou en sachet, pour faire plus simple), huile d’olive, sel, poivre.

  • Dans un wok, incorporer deux belles cuillères à soupe de pâte de curry vert dans l’huile d’olive. Verser le lait de coco et mélanger à feu vif.
  • Ajouter peu à peu les ingrédients, en commençant par ceux qui cuisent plus lentement : les aubergines thaï coupées en petits morceaux, les carottes également coupées, le maïs miniature, le gingembre, les asperges et les champignons à la toute fin, puis les pousses de soja.
  • Terminer par la coriandre et ajouter les queues ciselées finement pour le « petit goût frais ».
  • Servir avec du riz basmati posé sur une belle motte de beurre. Miam.

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