Isabelle Willot

Team breakfast, définitivement

Alors que la pratique du jeûne intermittent s’érige en style de vie, je l’avoue sans remords : je suis et resterai – le dimanche en particulier – #teambreakfast. Impensable pour moi de « déjeuner en paix », comme le chantait Stephan Eicher en 1991. A la maison, la collation matinale a toujours été de mèche avec les nouvelles du jour. Surtout lorsqu’elles sont comme aujourd’hui « mauvaises d’où qu’elles viennent », c’est peut-être dans les détails du quotidien que se niche le réconfort qui nous aide à garder la tête hors de l’eau.

Dans ma chambre d’ado, une affiche pointilliste représentait déjà l’idée que je me faisais alors du raffinement suprême : une terrasse, à Paris, avec sur la table bistrot un croissant, un café et… un exemplaire du Monde. Plus tard, le plateau du dimanche chargé de pain grillé et de kawa fumant voisinera sur ma couette avec une énorme pile de journaux et de magazines.

Si la majorité des Belges profitent eux aussi de leur petit-déjeuner à la maison, ils sont trois fois plus nombreux qu’il y a vingt ans à le prendre ailleurs que chez eux, selon une récente enquête de la publication spécialisée Horeca Magazine.

De plus en plus d’établissements ont fait du premier repas de la journée leur spécialité. Et les hôtels ne sont pas en reste, ce même festin matinal s’imposant plus que jamais comme une expérience à part entière du séjour qui se doit d’être mémorable – et donc instagrammable – en room-service comme au restaurant.

« Le réconfort se niche dans les détails du quotidien »

Avec le prix de tous ses composants soumis depuis un an à une inflation record pouvant dépasser, pour les œufs et le lait notamment, les 30 %, le petit-déjeuner gourmand et varié est en passe de devenir à son tour un produit de luxe. Et ce plus seulement dans les palaces où l’addition peut facilement atteindre les 50 euros. A La
Réserve à Genève, notre journaliste Jorik Leemans a suivi dès l’aube la préparation aux petits soins d’un de ces buffets raffinés pensés pour satisfaire les envies des quelque 102 hôtes mais aussi les clients extérieurs venus goûter aux délices du chef pâtissier Pierre-Alain Rouchon.

Mises à l’honneur dès les années 50 par des resorts comme le Club Med car elles permettaient de limiter les coûts de personnel en salle, ces formules « à volonté » synonymes d’abondance sont aujourd’hui remises en question pour éviter le gâchis dans un secteur où le gaspillage alimentaire atteint 25 % de tout ce qui est commandé et produit.

De plus en plus de lieux branchés spécialisés dans le petit-déjeuner font désormais marche arrière, préférant revenir à une offre plus ciblée et démontrant ainsi qu’il est tout à fait possible, en partant d’une carte bien pensée, de satisfaire les exigences alimentaires d’une jeune génération très attentive à ce qu’elle tolère ou non dans son assiette.

Les années Covid, en bannissant les buffets pour raisons sanitaires, ont aidé à faire bouger les lignes et encouragé aussi la naissance de « breakfast clubs » proposant de vous livrer à l’envi des paniers gourmands personnalisables sur le pas de votre porte. Le compromis parfait si l’automne vous pousse au colloque singulier avec votre smartphone. Ce nouveau journal du matin.

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