Archi / Déco | Visite d’une villa tout en béton (en images)
Derrière sa façade en béton se cache une habitation translucide, en forme de U, où la lumière entre à flots toute la journée, dans des pièces joliment aménagées à l’instinct.
Une maison non conventionnelle suscite le plus souvent des avis divergents. C’est le cas aussi à Zonhoven, dans le Limbourg. Lors de la construction, on a pu y entendre parmi la population locale des réflexions comme « Mais qu’est-ce que c’est que ce bunker en béton qu’ils sont en train de bâtir là? » « Mes beaux-parents tiennent un magasin tout près d’ici, explique le propriétaire, Pieter Peulen. Ils avaient donc régulièrement vent de ces lamentations. Ces commentaires nous faisaient beaucoup rire. C’est comme ça que nous avons eu l’idée d’égayer la façade avec une pub vintage pour McDonald’s. Mais en réalité, je comprends tout à fait ces réactions: le jardin à l’avant est pour le moment encore en friche et à part ça, on ne voit rien sinon un mur en béton. Beaucoup de gens pensent que nous vivons dans un petit bungalow froid, parce que de la rue on ne perçoit pas du tout ce qui se passe derrière ce mur. »
Comme un musée
Anvers ou le Limbourg? Un appartement en ville ou un terrain à la campagne? Ce sont des questions qui ont occupé pendant longtemps Pieter et son mari Joeri. « Aujourd’hui ça nous semble absurde, affirme le premier, parce que quand nous passons de temps en temps une journée à Anvers, nous sommes assaillis par l’agitation de la ville. » Ils ont choisi Zonhoven pour son côté verdoyant, calme mais tout de même vivant. L’idée d’avoir carte blanche, dans les limites du budget et en respectant les prescriptions urbanistiques, leur plaisait aussi. Tout en les paniquant un peu. Finalement, c’est l’orientation du soleil qui a constitué le point de départ. Pieter, lui-même décorateur d’intérieur de formation, a conçu la maison en forme de U, ce qui permet aux faces intérieures d’être dirigées vers le sud. Un architecte et un ingénieur l’ont aidé à mettre au point les détails techniques. « Notre espace de vie se trouve au rez-de-chaussée, explique-t-il, tandis que l’espace nuit, la salle de bains et le bureau sont situés au sous-sol. » « Dans la cave », comme ils se plaisent à le dire. Grâce aux fenêtres de 3 mètres de hauteur autour du grand patio, la lumière entre abondamment à l’intérieur. « Mon mari a même dû déplacer son bureau, poursuit Pieter, parce qu’il avait trop de soleil dans les yeux… Ce n’est donc absolument pas un trou noir. »
A l’étage, la villa se compose d’une construction en acier et de murs en béton préfabriqués, tandis que la partie inférieure a été coulée sur place. Pendant la construction, la « cave » a été régulièrement inondée à cause des éléments techniques qui manquaient encore, mais depuis, le problème est résolu, les pièces ne souffrent pas du tout de l’humidité et les plantes d’intérieur semblent tout à fait s’épanouir. Pieter: « En bas, il fait plus frais et manifestement l’hygrométrie est meilleure, ce qui fait que nos plantes grandissent très bien. »
Et pour revenir aux objections des voisins: pourquoi au juste autant de béton? « Ce matériau a quelque chose d’imprévisible, répond Pieter. On ne sait pas à l’avance à quoi ça ressemblera. Le mur de la salle à manger présente un dessin très prononcé. On dirait presque du marbre, c’est si beau. En raison des différentes techniques utilisées, les murs du sous-sol sont plus bruts, mais nous aimons aussi ce contraste. Nous gardons volontairement ces murs dépouillés. Comme dans un musée, c’est ce qu’on place dedans qui crée l’espace. »
Trouvailles d’exception
Du béton était initialement prévu aussi pour le sol, mais à cause d’une erreur technique, c’est devenu du Mortex. Et c’est une chance, car ce revêtement s’avère plus facile à entretenir. En prime, le sol se prolonge joliment dans le meuble de la salle de bains, dans la douche et également dans l’îlot de la cuisine, qui focalise les regards. « Les gens pensent souvent que c’est une cuisine ultrachic, confie Pieter, alors qu’on a simplement travaillé avec des appareils électroménagers bon marché et des façades d’armoires de chez Ikea… »
Personne ne peut nier le sens esthétique de Pieter Peulen. Sur son compte Instagram, il inspire depuis déjà plusieurs années 30 000 followers et, depuis l’été 2018, il gère Orence Store, un webshop où il vend de beaux articles de déco d’occasion ou neufs. « Pour mon travail, je suis tous les jours sur les sites de seconde main et de ventes aux enchères et je parcours les magasins vintage. Sans but précis, et surtout en fonctionnant à l’instinct, notre maison s’est remplie presque toute seule. » Et pour cela, pas besoin de gros budgets: par exemple, la magnifique table basse Metafor des années 70, une création du duo italien Lella et Massimo Vignelli pour laquelle il arrive qu’on demande jusqu’à 7 000 euros sur la Toile, il l’a dénichée pour seulement 100 euros. Le canapé en velours côtelé brun, il l’a acheté d’occasion avec la lampe liseuse pour 200 euros. Une petite couche de peinture et la voilà comme neuve. Il a trouvé en Wallonie le canapé vintage Togo, avec lequel il a créé une combinaison idéale et qu’il a ensuite fait recouvrir pour un ensemble cohérent. Ce coin télé intimiste semble être un des endroits préférés du couple. « Quand on s’installe ici, c’est vraiment pour se reposer, raconte Pieter. Cet espace a moins de fenêtres et dégage donc une atmosphère plus intime. Mais en même temps on peut voir le jardin depuis son fauteuil, à travers le séjour. Cela donne un agréable sentiment d’espace. Le soir, j’allume des lumières d’ambiance, ce qui fait qu’on ressent encore plus cette connexion. »
L’été prochain, le tandem espère pouvoir faire des longueurs dans l’étang de baignade, qui s’étendra sur la largeur de la maison. Le sol en Mortex de l’intérieur sera également prolongé de 6 mètres dehors, pour constituer une vaste terrasse. Ce mois-ci arrivent encore les rideaux en lin blanc cassé qui, avec la climatisation, ne seront pas un luxe superflu avec autant de mètres carrés de fenêtres. « Récemment ma tante est venue nettoyer les vitres, relate Pieter. Elle pensait pouvoir le faire sans peine. Le lendemain, elle a dû prendre deux Dafalgan. Nous sommes donc encore à la recherche d’un laveur de vitres professionnel… »
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