En images: une maison pleine de vie, véritable cocon familial

Le grand meuble du séjour a été dessiné par les habitants, avec un pan coulissant bleu dévoilant soit une banquette, soit la TV. La table est composée d'éléments de bureau de Magnus Olesen. © Photos Mr Frank
Fanny Bouvry
Fanny Bouvry Journaliste

Ce couple d’antiquaires bruxellois, spécialisés dans le design du XXe siècle, voulait un lieu à son image: convivial et plein de vie. Une maison où les styles se mélangent sans gêne et où les enfants occupent une place primordiale.

Mathieu et Camille nous reçoivent par une matinée radieuse, sur leur terrasse, au deuxième étage de leur maison. Et tout de suite, on est plongé dans l’ambiance qu’ils ont voulu donner à leur « bulle » familiale. Protégé des arbres et surplombant le petit jardin de ville où se prélasse un grand chien, cet espace en prolongation directe avec le séjour, grâce à de larges baies vitrées, dégage une douce quiétude. « Nous avions la volonté de créer un endroit où profiter du soleil, dès qu’il se pointe. Une sorte de cocon pour nous et nos trois enfants. On y a mis une petite collection d’érables du Japon qui donne un côté très vert l’été et nos chaises de salle à manger sont un modèle outdoor de Fatboy, histoire de pouvoir tout déménager dehors dès qu’il fait beau », raconte Camille.

Le couple a acquis cette habitation située dans une rue calme et pavée de la capitale, il y a cinq ans. Mais les lieux ont depuis énormément changé: le volume a été rehaussé et le cloisonnement a été complètement modifié pour plus de fluidité. Désormais, les pièces de vie sont au deuxième niveau et l’espace nuit au premier. Le rez-de-chaussée contient un atelier, la buanderie et l’accès au jardin, mais il sera probablement encore transformé… Car ce logis évolue tout le temps – « c’est dans notre caractère, s’amuse l’habitante. Idem pour les objets: dès qu’on en pose un quelque part, deux semaines après, il y en a un autre à sa place. On aime quand ça bouge. »

Ancien et nouveau se confrontent avec notamment une table vintage d'Osvaldo Borsani et des chaises outdoor neuves de chez Fatboy.
Ancien et nouveau se confrontent avec notamment une table vintage d’Osvaldo Borsani et des chaises outdoor neuves de chez Fatboy.© Photos Mr Frank

Cocktail rétro

Si c’est l’aspect très typé et fifties du bâtiment qui a séduit ce duo d’antiquaires dont la boutique du Sablon est spécialisée dans le design récent, seules quelques vieilles portes et le granito du hall ont été conservés. Mais on ressent néanmoins ici l’esprit vintage du bien d’origine, les propriétaires ayant fait de leur foyer le terrain de jeu de leurs expérimentations. « Quand on dit antiquaire, on pense immédiatement « meubles anciens ». Mais ce n’est pas notre cas, insiste Camille. Nous nous intéressons au mobilier des années 50 à 80 et cette maison est un peu notre carte de visite. On y met des objets selon nos coups de coeur. Parfois aussi des pièces qu’on n’a pas encore restaurées pour le magasin mais qui conviennent très bien à notre mode de vie actuelle. » Pas question pour le moment, avec la jeune marmaille, de placer un canapé regarni et hors de prix dans lequel les mômes ne pourraient pas sauter. Même chose pour la table de salle à manger. Il s’agit d’un modèle d’Osvaldo Borsani, un équivalent italien à Jules Wabbes. « Nous avons déjà vendu cette pièce en boutique, elle a son prix. Mais ici, nous ne l’avons pas relaquée et tant pis si le chat s’y balade », rigole Camille.

Ancien et nouveau se confrontent avec notamment une table vintage d'Osvaldo Borsani et des chaises outdoor neuves de chez Fatboy.
Ancien et nouveau se confrontent avec notamment une table vintage d’Osvaldo Borsani et des chaises outdoor neuves de chez Fatboy.© Photos Mr Frank

Partout, des créations signées de designers sont disséminées, sans volonté de créer un ensemble léché faisant catalogue. Les styles s’entrechoquent et peu importe ce que les autres en pensent. « Le fil rouge, c’est notre goût à nous », résume en choeur le tandem. Et Mathieu d’ajouter, sourire complice à sa compagne: « 90% du temps, on est d’accord sur ce qu’on va mettre. On a une vraie entente à ce niveau-là, chaque choix est, pour nous deux, une évidence. Pour le travail, c’est plutôt moi qui vais en Italie et Camille qui s’occupe de la vente à Bruxelles. Mais c’est très rare que j’achète quelque chose et qu’elle n’aime pas. Au début, nous nous envoyions des photos pour vérifier. Mais on sait que ce n’est plus nécessaire. »

Ainsi, dans le séjour, de petits fauteuils italiens années 50 voisinent un bar scandinave en bois, des oeuvres d’art naïf brésilien et un improbable tableau chiné représentant le Capitaine Haddock. On aperçoit également, un peu partout dans l’aménagement, les Colons chers à Mathieu. « Il s’agit de statuettes en bois africaines du XIXe siècle représentant les Blancs comme ils étaient vus là-bas, explique le passionné de vintage. Elles étaient chez mes parents avant, c’est un peu ma madeleine de Proust. » Les chambres de Mia, Joseph et Lucien sont également exemplatives de ce joyeux mélange. Chez ce dernier, sont assemblés entre autres un petit bureau d’écolier ancien et des armoires contemporaines de This is Dutch en forme de façades. Quant à Mia, l’aînée, elle a opté du haut de ses 7 ans pour « un paradis des chevaux », mais avec un petit meuble japonais XIXe, une suspension en nacre des fifties ou encore une peinture des années 30, encadrée de dorures. « Nos enfants sont assez intéressés par la déco, se réjouissent les deux parents. Comme ils ont baigné dedans depuis tout petits, ils ont un oeil éveillé. »

Les Colons en bois, chers à Mathieu Ritter, sont disséminés dans la maison. La rampe colorée apporte un côté fun à l'escalier.
Les Colons en bois, chers à Mathieu Ritter, sont disséminés dans la maison. La rampe colorée apporte un côté fun à l’escalier.© Photos Mr Frank

Terrain de jeu

En visitant cet intérieur, on ressent vraiment qu’il a été pensé avant tout pour les mômes, avec une foule de petits choses à la fois pratiques et ludiques, qui donnent un caractère amusant et convivial à l’ensemble. Le meuble de salon, par exemple, a été dessiné par les habitants eux-mêmes. Un grand pan coulissant permet de cacher la télé et de dévoiler une banquette supplémentaire lorsque des invités sont présents. La table basse, elle, est constituée de deux éléments de bureau en demi-lune du Danois Magnus Olesen auxquels on a raccourci les pieds. « Quand on reçoit, on peut les séparer, ça vit, ça bouge, les enfants peuvent peindre dessus… Les objets doivent s’adapter« , relève Camille. Quant à la cuisine, elle bénéficie d’un grand bar-plan de travail, véritable « centre névralgique » de la vie de famille.

Dans la chambre de Lucien, un banc d'écolier rétro voisine des armoires signées This is Dutch.
Dans la chambre de Lucien, un banc d’écolier rétro voisine des armoires signées This is Dutch.© Photos Mr Frank

Côté teintes aussi, les deux antiquaires s’en sont donnés à coeur joie. « Ici, il y a des couleurs partout. Ça peut faire mal aux yeux de certaines personnes mais personnellement, le noir et blanc, ça nous ennuie. C’est notre marque de fabrique: même au magasin, on a des murs de divers tons. » Dans la cage d’escalier, entre autres, une rampe colorée rouge et jaune, avec une barre à hauteur des adultes et une au niveau des enfants, attire le regard. « On est comme ça, on réagit à l’instinct. Un matin, on va voir une idée quelque part, comme cette rampe, et hop, on l’adapte pour chez nous, sans hésitations et sans se poser mille questions. » Une façon de faire qui porte ses fruits et qui prouve que l’intuition a parfois tout autant à dire que la raison, encore plus quand il s’agit de façonner sa propre maison.

Mathieu et Camille Ritter

Mathieu Ritter (35 ans) est né à Bruxelles, dans une famille d’antiquaires de père en fils. C’est son grand-père qui a ouvert la boutique au Sablon. Une enseigne reprise ensuite par son père et désormais tenue par Mathieu et son épouse.

Après sa rhéto, Mathieu a entamé des études de graphisme, abandonnées assez vite. Il est ensuite parti à l’étranger.

Camille (34 ans) est, elle, française. Elle a eu un parcours plus classique, étudiant l’histoire de l’art à Paris et se spécialisant en mobilier et objets d’art.

C’est lors d’un stage chez un antiquaire, à Megève, que les deux passionnés de déco se sont rencontrés. « C’était une évidence que nous allions monter quelque chose ensemble, nous l’avons envisagé dans les premières semaines de notre rencontre, alors qu’on avait à peine plus de 20 ans », se souvient Camille.

Fort de ce projet commun, le couple a décidé de rentrer en Belgique et d’ouvrir une petite boutique avant de reprendre le magasin familial en 2018.

La terrasse-cocon est en lien direct avec le séjour ; les habitants y passent beaucoup de temps.
La terrasse-cocon est en lien direct avec le séjour ; les habitants y passent beaucoup de temps.© Photos Mr Frank

ritter-studio.com

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