Affaire Dutroux | Rencontre avec l’architecte du jardin hommage à Julie et Melissa, à Charleroi: « C’est un projet de résilience »

© Marie-Noëlle Dailly

Le jardin commémoratif en souvenir des victimes de Marc Dutroux vient d’être aménagé. Bâti sur les décombres de l’ancienne maison du tristement célèbre criminel belge, cet espace de recueillement a pour objectif d’apaiser la douleur des habitants de la ville. Rencontre avec l’architecte qui a mené le projet.

La construction du Jardin du souvenir est un projet lancé en 2021 par la ville de Charleroi. Celui-ci fut long et a mobilisé différents acteurs de la sphère carolorégienne: la commune, un artiste – Christophe Terlinden – ainsi qu’un bureau d’architecture – RESERVOIR A – et les architectes paysagistes du studio Carbonifère.

Un des plans du projet

Julien Dailly, architecte administrateur chez RESERVOIR A, a accepté de répondre à nos questions:

Comment s’est déroulée l’élaboration du projet?

Tout d’abord, je tiens à préciser que ce projet a pu voir le jour grâce à la collaboration de plusieurs acteurs. La cellule Charleroi-Bouwmeeste — une structure indépendante qui conseille le collège communal en vue d’un développement urbain, paysagé et architectural cohérent —  a commencé par s’entretenir avec les proches des victimes afin d’être sur la même longueur d’onde, dès le début. Ensuite, le projet nous a été proposé.

Nous avons évidemment retravaillé longuement les idées proposées par la ville. L’artiste Christophe Terlinden nous a alors rejoints, dans le but d’ajouter une dimension artistique au mémorial. Ses propositions ont permis d’ajouter une symbolique au jardin, une note d’espoir. Son apport au global a été vital.

Le nouveau jardin, situé à la place de l’ancienne maison de Marc Dutroux.

Quelle a été la réception des habitants de la ville à ce projet de mémorial?

Nous avons été extrêmement bien accueillis, par tout le monde. Les gens sont heureux de faire de ce lieu sinistre un jardin synonyme d’espoir et de souvenir. Une niche orthogonale est ouverte à tous ceux qui souhaiteraient y déposer une bougie ou une fleur. Néanmoins, le jardin, lui, n’est pas accessible au public. Celle-ci est éclairée par un lampadaire situé au croisement des rues, selon une proposition de Christophe Terlinden. Ce projet a pour dessein d’intégrer tous les passants et tous les habitants de Charleroi. En ce qui concerne les voisins avec qui nous nous sommes entretenus pour mener à bien les travaux, ils étaient très agréables et ravis du jardin.

« Ce lieu, nous l’avons pensé comme un projet de résilience,
de permettre à la ville de guérir de ses blessures »

La niche orthogonale.

Qu’est-ce que ça fait de travailler pour un projet aussi lourd de sens?

C’est une grande fierté pour nous d’avoir réalisé ce jardin. Nous n’avons pas particulièrement médiatisé ces travaux. En effet, l’idée est d’aider la ville, pas de se lancer des fleurs. Ce lieu, nous l’avons pensé comme un projet de résilience. C’est-à-dire que notre objectif était de permettre à la ville de guérir de ses blessures, soigner le quartier et l’illuminer, notamment avec le lampadaire de Christophe Terlinden. C’est aussi une manière d’intégrer les habitants. Nous souhaitions donner un sens à ce jardin. Cet endroit raconte une histoire, il permettra sans doute au quartier d’aller de l’avant.

jardin memorial victimes marc dutroux
© Marie-Noëlle Dailly

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