Rénovation: La métamorphose d’une grange en une habitation contemporaine (en images)
Sous la charpente de cet ancien corps de ferme, dans la campagne brabançonne, le bureau ACL Architecture a créé une habitation contemporaine, lumineuse, où les clins d’œil au monde agricole sont nombreux.
Le hasard fait parfois bien les choses. Emmanuel avait toujours rêvé de vivre dans une ferme. Mais la vie l’avait d’abord mené ailleurs et cette envie s’était un peu éloignée… C’est finalement peu de temps avant la pandémie que les événements ont pris une nouvelle tournure. «Mes grands-parents et un de mes oncles étaient agriculteurs et ce genre de vieilles granges faisaient partie de mon imaginaire, raconte-t-il. Alors que, étant seul avec mes trois fils, je cherchais à nouveau une maison, je suis tombé sur celle-ci, dans le Brabant wallon. Chance: elle était déjà vendue mais les acquéreurs venaient de renoncer à leur option d’achat. Il n’y avait que quatre murs, un toit et quelques box à chevaux. Rien d’autre. Mais je n’ai pas hésité.»
Une semaine après, le nouveau propriétaire rencontre Anne-Catherine Lalmand, une amie architecte bruxelloise, pour esquisser son projet. Ensemble, en une soirée, sur des serviettes en papier, ils imaginent comment métamorphoser ce hangar agricole de dix mètres de hauteur. «Je voulais quelque chose d’ancien, mais avec une touche contemporaine. Anne-Catherine est venue avec de belles propositions pour transformer ce corps de ferme», se souvient l’habitant. «Nous aimons respecter l’existant tout en y apportant une vision contemporaine de la manière de vivre, enchaîne l’architecte. Je lui ai proposé de mettre une dalle de béton, avec chauffage au sol, pour créer un étage dans ce grand volume et de retourner le plan classique de la maison en mettant les chambres en bas et les pièces de vie au premier niveau. Le salon y est installé d’un côté et la salle à manger de l’autre. Ceux-ci sont reliés par une passerelle complètement vitrée qui offre une vue sur l’entrée cochère hébergeant la voiture de collection d’Emmanuel. Cet espace polyvalent peut également servir d’endroit pour organiser des fêtes de famille. C’était un point essentiel pour notre client d’avoir un endroit pour réunir ses proches.»
Cachet ancien
Afin de respecter l’esprit du lieu, la charpente a été conservée et les épais murs originels ont été décapés et mis à nu. Les fenêtres de l’aile gauche ont aussi été placées en retrait de manière à préserver les ouvertures en arche, créant entre la maçonnerie et le nouveau vitrage une agréable coursive-terrasse. «Comme ce bâtiment n’a qu’une face ouverte, puisque l’autre est contre la cour de la ferme voisine, on a dû jouer avec des Velux pour apporter la lumière au cœur du bâtiment, complète Anne-Catherine Lalmand. L’habitation n’est pas parfaitement orientée, car elle s’ouvre à l’est. Mais finalement, la lumière est très belle. On a aussi laissé toutes les petites ouvertures possibles dans la façade pour apporter des touches lumineuses supplémentaires.»
Réalisé durant la période de crise sanitaire, le chantier a pourtant été bouclé en un temps record: «On a pu faire appel à de très bons artisans, tout a été fait avec des gens du coin et des corps de métiers recommandés par le bouche-à-oreille. Il n’y avait pas d’entreprise générale mais il y avait une véritable émulation», se réjouit l’architecte, pointant notamment la cuisine, qui prend une place cruciale dans l’aménagement. Celle-ci a été dessinée sur mesure par Cuisidream, à Waremme, autour du fourneau professionnel que le maître des lieux possédait déjà. Les planches patinées utilisées sont celles d’un chalet démonté. Ingénieux: une des armoires dissimule l’arrière-cuisine et la chaudière.
Dans le même ordre d’idées, les escaliers qui permettent de descendre du séjour vers les parties nuits d’Emmanuel d’un côté, et de ses enfants de l’autre, ont été réalisés sur place, en tôles pliées, et le métal n’a pas été traité pour qu’il se patine.
Comme à la ferme
A l’intérieur, Emmanuel continue encore aujourd’hui de faire évoluer la déco, au fil de ses envies et trouvailles. Mais il garde un fil conducteur fort, celui de la ferme. Ainsi, autour de la table de salle à manger – formée d’une énorme pièce de bois exotique de récup’ dénichée chez Raw Creation, tout comme celle de la table de salon – on retrouve notamment des chaises métalliques fabriquées avec d’anciens sièges de tracteur. Par-dessus, le lustre est formé de l’échelle d’un fenil. «Je suis allé la chercher au fin fond des Ardennes, se remémore Emmanuel. Et puis, j’ai appris les nœuds marins, je l’ai pendue à la charpente avec des cordes et j’y ai accroché des ampoules… J’essaye chaque fois de me raccrocher à l’histoire du bâtiment. J’ai dernièrement acquis une chaise longue de Le Corbusier en peau de vache. On retrouve d’ailleur ce type de peau à d’autres endroits également.» Çà et là, sont aussi disséminés des pots à lait de la ferme de ses grands-parents.
Ces détails à connotation agricole dialoguent de façon assez paisible avec des éléments tantôt rétro – à l’image du grand chandelier de la cuisine – ou contemporain, tels que le canapé de Be Deco, un modèle customisable à l’infini, et la lampe sur pied XXL de la pièce à vivre qui vient tout simplement… de chez Ikea. «Parfois on est surpris. D’ailleurs le meuble de salon a l’air lui aussi fait sur mesure alors qu’il s’agit en réalité de modules Ikea un peu transformés», s’amuse l’architecte.
C’est en cumulant ainsi les petites idées originales et les interventions plus importantes, mais toujours judicieuses, de préférence durables et respectueuses du lieu, qu’ACL Architecture a réussi à métamorphoser cette grange, et de cette façon «écrire une nouvelle histoire ensemble, avec le maître de l’ouvrage», comme aime le résumer le bureau.
Anne-Catherine Lalmand d’ACL Architecture
En 1995, Anne-Catherine Lalmand sort de Saint-Luc Bruxelles et fait son stage chez Jacques Galand avant de partir travailler deux ans à Chicago. A son retour, elle poursuit sa carrière dans notre capitale.
Aujourd’hui, elle mène ACL Architecture, un bureau de dix architectes privilégiant une approche «collaborative, bienveillante et durable avec comme principale source d’inspiration la nature».
L’équipe s’intéresse aussi bien à des bâtiments pour l’horeca et des espaces de travail qu’à des projets privés comme la construction, la rénovation ou l’extension de maisons unifamiliales.
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