Les hommes se mettent au régime

Après le succès des premiers soins du visage pour hommes, la minceur est désormais une vraie quête assumée de la part des mâles. Décryptage.

Le comble pour un motard, fervent amateur de courses de vitesse sur circuit? Ne plus rentrer dans sa combinaison! C’est ce qui est arrivé à Francis, un Britannique de 48 ans, au tout début de cette année. Ses 93,7 kilos affichés sur la balance, en dépit de sa pratique sportive, l’ont conduit à mettre au point une stratégie minceur atypique: la mise en ligne sur son blog, jour après jour, de ses menus, pesées et joggings matinaux. Le tout, avec photos à l’appui! Une façon originale de ne pas « décrocher », et surtout de ne pas tricher avec lui-même en rendant public son pari: « Mon but était de perdre 10 kilos. En trois mois, je suis descendu à 83 kilos, en stoppant ma consommation de pain, pommes de terre, glaces et gâteaux, et en réduisant mon assiette de moitié. Le plus dur? Ne pas boire une goutte d’alcool, y compris pendant les fêtes! » explique Francis, qui a repris la compétition en avril dernier, en pleine forme.

Les hommes bénéficient d’un large choix de produits minceur

Si tous les hommes ne témoignent pas de la même volonté d’acier, et se gardent bien de claironner leur surpoids ainsi que leurs tentatives pour s’en débarrasser, force est de constater que la minceur les obsède tout autant que leur calvitie naissante: 51% des hommes de 20 à 59 ans déclarent avoir du ventre, et 18% de cette population avouent en avoir « beaucoup » (source: étude Health and Beauty Care, 2009). Et, selon l’enquête Obépi-Roche de 2009, 38,5% des hommes de notre pays seraient en surpoids, pour « seulement » 26% des femmes! Mais si retrouver une chevelure abondante semble aujourd’hui impossible, a contrario, renouer avec sa silhouette de jeune homme est un objectif réaliste, poursuivi par de plus en plus d’individus prêts à tout pour repousser les limites de l’âge ou pour séduire, tout simplement. Parmi les méthodes employées, la consultation d’un nutritionniste pour établir un régime sur mesure, mais aussi, et le phénomène est récent, le recours à la cosmétique. Plusieurs décennies après la mise au point d’Aminsvite, la première crème amincissante féminine, par Jacques Courtin, fondateur de Clarins, à la fin des années 1950, talonnée par Biotherm avec sa Crème amincissante et raffermissante, en 1964, les hommes bénéficient enfin d’un large choix de produits minceur spécialement conçus pour eux.

« 58% des hommes ne sont pas réfractaires à l’achat d’un produit minceur corps »

En crèmes ou principalement en gels aux textures non collantes, ou sous forme de compléments alimentaires ciblant les zones critiques comme la ceinture abdominale, ces soins font une apparition remarquée dans les linéaires des pharmacies, des parapharmacies et des parfumeries. Ainsi, au printemps dernier, Somatoline Cosmetic, le leader de la minceur au féminin en pharmacies, s’est lancé dans la course. « Il a suffi d’une étude Ipsos de 2009 montrant que 58% des hommes n’étaient pas réfractaires à l’achat d’un produit minceur corps, pour nous décider », raconte Aurélie Cloître, responsable France de la marque. Résultat, ce sont deux produits au lieu d’un seul qui ont vu le jour! Coeur de cible? Les citadins, âgés de 25 à 55 ans. Des bobos pas toujours grands sportifs. Même combat chez Clarins, avec un lancement printanier musclé pour son Abdo Fermeté, qui mise aussi sur la légitimité de la marque à s’attaquer aux tissus adipeux (jusqu’ici féminins…). Pas de miracle à escompter, mais, sans sport ni régime, on y gagne tout de même un centimètre de tour de taille en moins, selon l’étude clinique. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous: les 100 000 tubes fabriqués pour le lancement européen ont tous été vendus en moins de six mois.

Ils aiment les produits à l’utilisation rapide

Caféine, noix de cola, théobromine (un actif issu des feuilles de thé, du café ou du cacao) ou guarana, les ingrédients présents dans la composition de ces soins sont également ceux les plus fréquemment utilisés pour les amincissants féminins. On y ajoute des extraits de ginseng, activateur de la microcirculation, et du silicium, raffermissant, pour les masculiniser, alors que les actifs drainants -indispensables à la lutte contre la cellulite et la rétention d’eau pour les femmes- en sont absents. Mais c’est surtout au niveau des textures que se joue la différence. Contrairement à leurs chéries, les hommes ne sont pas du genre à passer une demi-heure à se masser l’abdomen pour bien faire pénétrer le produit amincissant… Peu ou pas de crèmes, donc, pour eux, mais une offre importante de gels. Produits frais, non collants, et d’utilisation rapide. Sans oublier la touche mentholée, qui procure une sensation de fraîcheur immédiate, voire un effet de chaud-froid, et reste l’astuce olfactive des marques pour définir ce type de produit. Pour aider à brûler les graisses, les laboratoires développent désormais également des petites gélules (la fameuse cosmétique orale) qui ciblent la ceinture abdominale des mâles, celle qui a cette fâcheuse tendance à se transformer en bouée quand ils abordent les rivages de la quarantaine. Alternative aux sirènes des laboratoires cosmétiques, l’électrostimulation. La marque irlandaise Slendertone, dont les ceintures abdominales à électrodes se vendent depuis dix ans en France, vient d’ailleurs tout juste de lancer une nouveauté, System+, spécialement dévolue aux hommes. Comment l’idée de cette innovation est-elle venue? C’est bien simple, la société s’est rendu compte que son taux de croissance de 25%, enregistré ces deux dernières années, provenait essentiellement de l’intérêt accru des messieurs pour un produit ciblant jusque-là une clientèle féminine…

3 patients sur 10 sont désormais des hommes

Nutritionniste établie à Laval (Mayenne), Nathalie Hutter-Lardeau constate pour sa part sur la même période un net essor de sa patientèle masculine. « 3 de mes patients sur 10 sont désormais des hommes. Le plus souvent quadragénaires. Et ils sont de bien meilleurs élèves que les femmes! Ils mincissent en effet plus facilement, parce qu’ils n’ont jamais suivi de régime et donc jamais connu d’effet yo-yo », témoigne-t-elle. Décomplexés, ces hommes désireux de pouvoir entrer de nouveau dans le blouson de cuir de leurs années d’étudiant ou dans leur costume de mariage sont aussi très soucieux de leur santé. « 45 ans, c’est l’âge où l’on grossit, à force d’apéros, de grignotage et de sédentarité. C’est aussi le moment où on se sent basculer dans la deuxième moitié de vie, et où il faut se reprendre en main », poursuit-elle. Pour sentir de nouveau les « trépidations de leur machine », comme le disait Gainsbourg, les hommes seraient donc prêts à bien des sacrifices. A ceci près que le marché leur offre désormais toute une panoplie de moyens efficaces dans la lutte contre les kilos et les petites disgrâces corporelles. Chic!

Nathalie Helal, Lexpress Styles

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