Le pouvoir de l’amitié contre la fatigue mentale

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La fatigue mentale liée à l’isolement du confinement disparaît rapidement dès que l’on revient à une vie sociale normale. C’est ce qu’écrivent Christopher Hand, Greg Maciejewski et Joanne Ingram, qui ont effectué des recherches à ce sujet en Écosse.

Beaucoup de gens attendent avec impatience l’été et la relative liberté que l’on nous promet. Avec les beaux jours on devrait pouvoir enfin voir ses amis et sa famille plus souvent. Mais ses rencontres tant espérées s’accompagneront des effets de mois d’isolement. Les compétences sociales ont besoin d’être dépoussiérées et les conversations sont devenues moins profondes.

Les effets mentaux du confinement ne peuvent être ignorés. L’isolement social a entraîné une détérioration de la santé mentale des personnes, même si elles n’avaient pas d’antécédents psychologiques. Outre ce changement d’humeur, la solitude entraîne une série de problèmes cognitifs, notamment la fatigue, le stress et les difficultés de concentration.

Dans notre récente étude, nous avons pu constater comment les gens se remettaient de la première période de confinement et d’isolement social. Nous avons suivi leur fonctionnement cognitif au moment où le Royaume-Uni passait d’un confinement complet jusqu’à un assouplissement important des mesures à l’été 2020. Pour étudier ce qui se passe lors du retour à la normale, nous avons suivi des centaines d’adultes écossais entre mai et juillet 2020 : une période où le verrouillage strict a été progressivement levé. C’était le moment idéal pour observer comment les gens pensaient et ressentaient et si les avantages des contacts sociaux avaient changé. Sans surprise, lorsque les gens ont été approchés pour la première fois en mai, ils étaient les moins joyeux. Les personnes isolées ou vivant seules ont le plus souffert. Ces personnes n’ont commencé à se sentir mieux que lorsque les dernières restrictions ont été levées en juillet.

Isolation de la masse

Les confinements offrent aux psychologues une occasion unique d’étudier les effets de l’isolement social sur la population. Normalement, ces effets ne sont étudiés que chez les personnes âgées ou dans des groupes spéciaux tels que les astronautes, les voyageurs dans le désert et les explorateurs polaires. Aujourd’hui, des personnes ordinaires de tous âges ont dû endurer de longues périodes ou leurs contacts sociaux étaient réduits au minimum.

Nous savons que le contact social fait du bien aux gens. Cela va de la prévention de la démence et de l’amélioration de la mémoire à une meilleure concentration et à la capacité de penser clairement. Lorsque notre vie sociale s’est réduite en mars, ces compétences cognitives ont aussi régressé.

Travailler plus lentement

Au cours de l’étude, cependant, nous avons principalement examiné d’autres indicateurs psychologiques qui indiquaient si les capacités cognitives s’amélioraient lorsque les gens avaient plus d’occasions pour établir des contacts sociaux. Pour mesurer cela, nous avons demandé aux participants à l’étude de passer un certain nombre de tests en ligne. Ils ont mesuré les changements dans leur attention, leur capacité d’apprentissage, leur mémoire de travail et même leur perception du temps.

L’attention, la capacité d’apprentissage et la mémoire de travail sont essentielles pour les tâches que nous accomplissons au travail ou dans nos études. Ils indiquent dans quelle mesure nous nous souvenons des choses que nous avons apprises, combien de temps nous pouvons nous concentrer sur une tâche et combien de tâches nous pouvons accomplir en même temps dans notre tête.

L’amitié, un remède rapide

Tous ces indicateurs se sont rapidement améliorés lorsque les restrictions liées au confinement ont été assouplies. Chaque semaine, les résultats s’amélioraient. Cela suggère que même après le confinement actuel on pourrait s’attendre à un élan similaire lorsque les restrictions seront levées.En ce moment, chacun connaît la solitude ou l’isolement à un certain degré. Nous sommes en manque de contacts sociaux et cela se voit. Les résultats de l’étude montrent que le confinement rend tout le monde un peu moins capable de se concentrer, un peu plus lent et plus fatigué. Soit autant de problèmes cognitifs qui peuvent affecter nos performances au travail, mais aussi nos interactions sociales en dehors de celui-ci.

Il est ressorti de l’étude que même si les personnes avaient des problèmes cognitifs dus à l’enfermement, ils pouvaient se rétablir rapidement dès qu’ils reprenaient leurs interactions sociales. Et cette rapidité avec laquelle les fonctions cognitives se rétablissent dès que les personnes retrouvent une vie sociale normale est source d’espoir. Lorsque les jours rallongent, que le temps s’améliore et que l’on peut à nouveau faire plus de choses, on va pouvoir plus facilement renouer des contacts sociaux. Des contacts qui devraient à leur tour rapidement inverser le déclin de notre fonctionnement cognitif lié au confinement.

Ces conclusions vont au-delà des circonstances uniques causées par la pandémie. On a toujours su que les êtres humains étaient des êtres sociaux. Mais les psychologues commencent seulement à réaliser à quel point l’interaction sociale fait partie intégrante de tous les aspects de notre bien-être et de nos capacités mentales. Et à quel point l’isolement, que ce soit pour les personnes âgées ou pour celles qui ont des occupations extrêmes, peut affecter la santé mentale et le fonctionnement dans de nombreux domaines.

Christopher Hand est maître de conférences en psychologie à la Glasgow Caledonian University. Greg Maciejewski et Joanne Ingram sont maîtres de conférences en psychologie à University of the West of Scotland.

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