micro-tatouages
Les micro-tatouages ont la cote - DR ABII

Comment les micro-tatouages ont pris toute la place

Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Par définition discrets et délicats, les micro-tatouages sont pourtant devenus omniprésents, prenant progressivement toute la place sur la peau de celles et ceux qui n’aiment rien tant que de se faire un sang d’encre. Chronique d’une obsession contemporaine.

À quoi détermine-t-on la pérennité d’une tendance? La publication de monographies qui y sont dédiées est un bon indicateur de succès. Dont acte chez Lannoo, qui consacre un ouvrage aux micro-tatouages, entre recueil d’inspirations et entretiens avec les « meilleurs tatoueurs fine line au monde ». Fine line? C’est que les micro-tatouages ne se contentent pas de prendre le moins de place possible, ils sont également tracés d’un trait toujours plus fin, nombre d’artistes et de studio de tatouages accolant d’ailleurs désormais la mention « fine line » à leur nom. Un parti pris payant, soulignent les éditions Lannoo, où on explique la popularité de l’esthétique par le fait que ces tatouages tout en délicatesse « abaissent le seuil psychologique à franchir pour se faire tatouer ». Un point de vue partagé par Chachou d’amour, le surnom de la tatoueuse liégeoise à l’origine du studio Bloom, où l’on encre des traits d’une grande finesse.

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« Je pense que beaucoup de personnes se dirigent vers les micro-tatouages pour leur discrétion et leur subtilité. Malgré leur petite taille, ils offrent une immense palette de personnalisation, et les réseaux sociaux ont aussi beaucoup contribué à en faire une tendance ces dernières années ».

Chachou d’amour

Et la jeune femme de lister les raisons de ce succès, entre « opportunité de se faire tatouer des projets personnels sans pour autant avoir une énorme pièce qui prendrait des heures à encrer », finesse du trait qui garantit que ces tatouages sont « bien moins douloureux » et engouement nourri par la multiplication de posts sur les réseaux: « Ces techniques sont relativement nouvelles, et découvrir que c’est possible d’avoir des traits aussi fins et délicats nourrit l’engouement pour les lignes fines ».

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La méga popularité des micro-tatouages

Ainsi que l’affirme Sven Rayen tatoueur renommé et co-gérant du Studio Palermo, à Anvers, en avant-propos de Micro Tattoos, la monographie de Lannoo, « les micro-tatouages sont les tatouages les plus accessibles et les plus appréciés du moment ».

« Petits et subtils, les micro-tatouages sont parfaits pour les personnes qui se font tatouer pour la première fois, parce qu’ils ne nécessitent pas le même engagement qu’un dessin monumental qui recouvre tout le dos, par exemple ».

Sven Rayen

Et de pointer, pince-sans-rire, que « vos parents sont plus susceptibles de vous pardonner si vous rentrez à la maison avec un petit coeur sur la cheville qu’avec une tête de mort badass sur le bras. Là où la plupart des styles de tatouage classiques sont audacieux et assumés, ici, on est sur quelque chose de beaucoup plus délicat et discret, qui peut facilement être caché ». Avantage, « puisqu’on peut facilement les cacher, les micro tattoos peuvent aussi représenter quelque chose d’extrêmement personnel, par exemple, un dessin symbolisant un traumatisme surmonté ».

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Contrairement à ce qu’on pourrait penser, explique encore Sven Rayen, la notion de micro-tatouages ne désigne pas simplement des motifs de (très) petite taille, mais bien des motifs plus petits que la taille qu’impliquerait normalement le processus de tatouage traditionnel. Réalisés à l’aide d’une seule aiguille, ces tatouages peuvent garder un niveau de précision et de détail incroyable tout en réduisant le volume du motif: « Quand j’ai commencé à tatouer il y a quinze ans, la taille minimum pour avoir quelque chose de détaillé était celle de la paume d’une main, se souvient celui qui gère le Studio Palermo avec Ti Racovita. Aujourd’hui, un artiste comme Kirill Potehin réalise d’incroyables portraits miniatures qui ne font que 4 centimètres sur 4 ».

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Micro-tatouages et maxi technique

Parmi les fers de lance du mouvement, extrêmement populaire dans son pays d’origine, on retrouve également le Coréen Sodam, dont les motifs d’un réalisme inouï s’affichent comme autant d’aquarelles minutieuses et délicates sur la peau des inconditionnels de son trait tout en finesse. Féru de dessin depuis l’enfance et bercé par la culture skate, celui qui s’est lancé dans le métier il y a 17 ans se souvient à quel point il était rare de trouver des motifs aussi détaillés à l’époque. Et pointe aussi le lien entre développement des smartphones et des réseaux sociaux et popularisation de tatouages toujours plus petits et délicats. « Grâce aux nouvelles machines disponibles, les tatoueurs peuvent répondre aux attentes d’un public friand de nouvelles tendances » se réjouit-il.

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Et Sven Rayen, qui a compilé la monographie pour Lanno, de souligner la surreprésentation des artistes originaires de Chine et de Corée du Sud, la patrie de Sodam, parmi la sélection de tatoueurs mis à l’honneur. « Il y a une quantité incroyable d’artistes tatouant des micro tattoos de très haute qualité dans ces deux pays, probablement parce que la discrétion y règne en maître, et qu’un bon tatouage là-bas est un tatouage qui peut être facilement dissimulé ». Même si, chez nous aussi, une forme de dissimulation est nécessaire pour préserver la beauté de ces micro motifs ouvragés. « Il faut veiller à se diriger vers un artiste dont c’est la spécialité, qui a l’habitude de travailler avec des aiguilles fines, et bien suivre les conseils de cicatrisation. C’est important d’être conscient que plus le tatouage est fin, plus il va avoir tendance à griser en cicatrisant » recommande Chachou d’amour, qui rappelle l’importance de protéger ses (micro-)tatouages du soleil pour qu’ils vieillissent le plus joliment possible, quelle que soit leur taille.

Car dans le petit monde du tatouage, l’adage qui affirme que ce n’est pas la taille qui compte prend tout son sens. « Que ce soit votre premier ou votre centième tatouage, se faire tatouer a toujours un parfum de rébellion, affirme Sven Rayen, et même si les motifs sont plus petit aujourd’hui, ils sont toujours une célébration de l’individualité ». Et de faire écho aux conseils de sa consœur liégeoise, rappelant que « leurs spécificités techniques font que les micro-tatouages sont les tatouages les plus difficiles à réaliser. Malheureusement, à cause de leur popularité, nombre de tatoueurs s’y essaient sans avoir reçu la formation nécessaire. C’est donc très important de bien faire vos recherches avant de choisir où vous vous faites tatouer, et par qui, car sinon, votre tatouage risque de s’effacer au gré du temps ». Or il serait dommage de jeter l’encre…

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