Ces femmes enceintes qui ne prennent (presque) pas un gramme

© SaragStage/Instagram
Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Les photos de la mannequin Sarah Stage, enceinte de 8 mois et demi, provoquent indignation sur la Toile. Cette prise de poids minimale lors d’une grossesse – aussi appelé « mummyrexie » ou « pregnancia » – n’est pas sans risque pour le bébé tout comme pour la mère.

Les clichés ont fait le tour de la Toile, suscitant l’indignation des internautes. La mannequin lingerie Sarah Stage, 31 ans, en est à huit mois et demi de grossesse mais affiche une silhouette de sylphide et un ventre quasi en béton qui met comme mal à l’aise. Sur Instagram, on peut voir la jeune femme de 31 ans à la salle de sport ou en bikini au bord d’une piscine, résolument fière du peu de poids qu’elle a pris pendant sa grossesse presque arrivée à terme.

Ce trouble qui motive les mamans à vivre une grossesse « poids plume » faite de restrictions alimentaires et de sport intensif porte un nom : la « mummyrexie » (contraction de maman et anorexie) ou « pregnorexia » (contraction de « pregnant », enceinte en anglais et anorexie).

Good morning ?? lil chunker is almost 5 lbs ? #33weeks tomorrow.. #8months

Une photo publiée par ?SARAH STAGE? (@sarahstage) le

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Soupçonnées également d’être touchées par cette dangereuse obsession de la minceur pour éviter les kilos post-grossesse: Victoria Beckham, qui est toujours aussi maigre après ses quatre (!) grossesses, Gisele Bündchen ou même Kate Middleton. Ces célébrités sont accusées d’inciter les femmes enceintes à suivre des régimes drastiques et à faire du sport jusqu’au troisième trimestre.

Mais parmi les commentaires choqués sur ces (futures) mères filiformes se côtoient aussi des milliers d’autres réactions admiratives du fait qu’elles aient réussi à garder leur ligne. « Les stars légitiment cette pratique, mais la « mummyrexie » s’inscrit dans un contexte plus général d’intolérance sociale au surpoids, explique à L’Express le psychiatre Gérard Apfeldorfer, spécialiste des troubles alimentaires. Ces femmes vivent une sorte de déni de grossesse: elles veulent l’enfant mais pas la grossesse. Or, ce ne sont pas elles qui grossissent mais leur enfant« . Une internaute confie sur un forum: « A chaque fois que je prenais un kilo, je savais que c’était normal mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser à tout ce que j’allais devoir faire après pour le perdre. Sans compter les heures perdues à traquer la peau d’orange et les vergetures.« 

Au niveau psychologique, le lien mère-enfant subirait aussi les conséquences de ce déni de grossir. « On a encore peu de recul sur cette question mais ce n’est pas une relation en totale harmonie. Le nouveau-né est perçu comme celui qui détruit le corps« , explique encore le psychiatre.

Il est important de noter que les exemples de mannequins et de stars qui grossissent à peine pendant leur grossesse ne sont pas représentatifs des grossesses de filles « normales ». Dans ce contexte, le mannequin russe Lena Perminova se retrouvait à peine deux mois après avoir accouché en du Vogue russe. Malgré une césarienne, la jeune femme s’est remise au fitness deux semaines après son accouchement.

Dalton Wong, la fondatrice d’un centre de fitness britannique, expliquait récemment au Telegraph pourquoi il n’est pas si étonnant que quelqu’un comme Lena Perminova retrouve son poids initial aussi rapidement. « D’abord et avant tout, elle n’a pas pris beaucoup de poids durant sa grossesse. En tant que mannequin, elle sait mieux que quiconque ce qu’elle peut manger pour maintenir ce poids. Je ne doute pas qu’elle ait appliqué ces règles pendant sa grossesse« . En outre, il ne faut pas perdre de vue non plus que quelqu’un comme Lena Perminova a sûrement du personnel pour s’occuper de son bébé. Contrairement à la plupart des jeunes mamans, elle n’a pas à craindre les nuits blanches et les journées de fous et elle a donc plus de temps à consacrer au sport.

Dans le frigo d’un top à quatre mois de grossesse

Le mannequin Molly Sims, à quatre mois de grossesse, expliquait récemment dans une vidéo ce qu’elle mangeait au quotidien. En résumé: beaucoup d’aliments sains et surtout peu de choses préparées. Elle avoue craquer complètement pour les fruits « même si c’est mal car trop de sucre je suppose« . Son secret : des protéines à foison (du poulet, du houmous), du calcium (yaourt grec) et des légumes même sous forme de chips. En dessert, elle ne se prive pas non plus de glace au yaourt et de green juice. Un exemple à suivre, mais peut-être pas à la lettre.

Avant de culpabiliser et de prendre exemple sur ces top models, les jeunes mamans devraient donc plutôt se dire que pour ces jeunes femmes, leur corps constitue leur gagne-pain. Comme la célébrité peut s’avérer éphémère, il n’est pas conseillé pour elles de rester en retrait pendant trop longtemps. « Quand on est jeune et en forme, le corps récupère beaucoup plus vite après une grossesse. Il est parfaitement sain de continuer à faire des exercices pendant sa grossesse, à condition de se faire accompagner. On ne peut pas continuer à suivre son schéma sportif habituel« , ajoute Wong.

Une prise de poids saine de 12 à 15 kilos

Les gynécologues recommandent en général une prise de poids de minimum sept kilos pour une grossesse sans risques. Ces kilos représentent à eux seuls, le foetus, le placenta et le liquide amniotique. En deçà, les risques pour la santé sont importants, les mères étant les premières victimes de carences : s’il n’y a pas suffisamment de vitamines, fer ou calcium pour deux, le foetus est prioritaire. Mais cela n’empêche pas les retards de développement, les naissances prématurées. Et dans les cas extrêmes, les fausses couches sans parler des carences pendant la grossesse qui entraînent une modification génétique qui favorise le développement d’un diabète de type 2 et de l’obésité. Dans le magazine Grazia de novembre 2012, relate le Huffington Post, une femme de 29 ans confiait avoir perdu son bébé à six mois de grossesse à cause de son trouble alimentaire. « Mon fils est mort de faim dans mon ventre. Et c’est de ma faute: même enceinte, je voulais garder ma ligne à tout prix« , témoignait la jeune femme.

Le tout serait donc de rester raisonnable dans son alimentation, en se permettant quelques écarts tout à fait sains. De cette manière, les kilos supplémentaires devraient pouvoir s’éliminer assez rapidement même si certaines femmes sont mieux loties par la nature que d’autres. Car un excès inverse peut aussi être dommageable en profitant de cette période pour se lâcher sur les gâteaux et le chocolat en prenant l’excuse de « manger pour deux », un mythe démonté par des études récentes.

De nombreux sites proposent de calculer le poids idéal à prendre lors d’une grossesse qui est variable d’une femme à l’autre et peut aller de 7 à 18 kilos selon le poids de départ. Et en toute logique, les personnes minces peuvent se permettre de prendre plus de kilos que les personnes plus fortes. La majorité des femmes grossissent au moins de 12 à 15 kilos pendant leur grossesse, il s’agit d’un processus naturel qui permet à la mère de stocker des réserves en vue de l’allaitement. Une grande partie de ces kilos s’envolent dans les premières semaines qui suivent l’accouchement. L’allaitement, s’il est pratiqué au moins pendant 6 mois, permettrait aussi une fonte plus rapide des graisses stockées pendant la grossesse. En général, l’adage dit « qu’il faut neuf mois pour faire un bébé et autant pour s’en défaire ». Réaliste et raisonnable.

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