Chirurgie esthétique et injections de Botox en plein boom à Gaza
On connait le goût de la Corée du Sud, de la Grèce, de l’Italie ou encore des Etats-Unis pour la chirurgie esthétique. Malgré la situation de conflit que connait ce territoire, il semblerait que cette pratique soit également en plein boom à Gaza. Explication.
Les opérations les plus courantes dans ce nouveau fief de la chirurgie esthétique sont la liposuccion, l’augmentation mammaire et l’abdominoplastie, mais le lifting des paupières et suppression des poches sous les yeux y sont aussi très populaires. Le Dr Salah Zaanin, – qui a lui-même ouvert sa propre clinique il y a deux ans pour répondre à la demande – annonce au quotidien Al Monitor, le chiffre faramineux de +300% pour les opérations visant à gonfler et embellir les lèvres sur le seul mois de janvier 2015. Mais encore plus impressionnante, l’augmentation de 600% des injections de Botox – pour combler et éliminer les rides – sur la même période. Et dans la mesure où une femme souhaitant avoir recours à ce type d’opération doit venir consulter accompagner d’un tuteur masculin (père, mari, frère), de plus en plus nombreux sont les hommes à passer le pas du bistouri, notamment dans l’espoir que cet acte les conduira sur le chemin du mariage.
Selon le Dr Zaanin, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce boom de la consommation chirurgicale. D’abord, les progrès techniques qui auraient été accomplis sur le territoire depuis quelques années. « Nous sommes un peuple qui aime la beauté comme tous les autres (…) Beaucoup de femmes ont commencé à s’occuper de leur bien-être émotionnel et physique, surtout après avoir pris connaissance des progrès accomplis dans le domaine de la chirurgie esthétique et la présence d’un équipement moderne à Gaza ».
Ensuite, le coût. Il varie selon le type d’intervention entre 1000 et 2000 dollars, tandis que les injections de silicium peuvent coûter jusqu’à 300 dollars. Des prix très bas selon Zaanin, qui dépendent aussi beaucoup du matériel utilisé. « Par conséquent, toutes les classes sociales ont recours à la chirurgie esthétique. Par exemple, les pauvres optent pour des opérations à bas prix. » Ce chirurgien, qui évidemment prêche pour sa paroisse, poursuit « tout le monde devrait avoir le droit de jouir de la vie et de se sentir bien dans sa peau. »
Enfin, le changement de mentalité. En effet, les femmes travaillent de plus en plus, accédant ainsi à une plus grande indépendance financière. L’importance accordée à l’apparence s’accroît, sous l’effet d’Internet et des chaînes de télévision par satellite, selon le Dr Nafez Abu Shaaban, chef du Service de chirurgie plastique et de traitement des brûlés à l’hôpital Shifa de Gaza. Enfin, ces interventions étant menées dans le respect du cadre religieux et des convenances sociales ayant cours à Gaza et conformément aux normes médicales, rien ne contrevient à y avoir recours. « Les femmes sont accompagnées de leur tuteur, de leur père ou de leur mari, lors des consultations, et nous ne procédons pas à des opérations sans eux ».
Tous ces facteurs combinés contribueraient donc à la popularité croissante de la chirurgie esthétique auprès des Gazaouis, hommes et femmes. Désir de vivre comme les peuples occidentalisés, tentative pour améliorer sa qualité de vie et d’accéder au bonheur malgré les conditions de vie difficiles au quotidien, ou manière de gérer le stress des campagnes militaires et du confinement dans un territoire sans avenir, les motivations semblent multiples pour tenter de comprendre cette passion soudaine pour la magie du bistouri.
(Source Al-Monitor)
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