Nicolas Balmet

Chronique | Saviez vous que le premier album des Schtroumpfs a longtemps été interdit aux Etats-Unis

Nicolas Balmet Journaliste

Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.

Planquez vos enfants dans leur chambre, et fermez bien la porte à double tour: le grand méchant Donald Trump s’apprête à (re)poser son postérieur sur le trône de la Maison-Blanche, et il n’est pas content. Dès qu’on lui aura servi une petite Budweiser, qu’il aura nourri les alligators et fait clinquer ses Colt, il risque de se concentrer sur un seul objectif: faire parler de lui, peu importe le prix – rien à voir, mais à propos de prix, il paraît que le mec dépense 70.000 dollars par an pour entretenir sa coupe de cheveux, vous faites bien sûr ce que vous voulez avec cette info. 

Il y a donc de fortes chances pour qu’après le règne placide de papy Biden, les Etats-Unis fassent à nouveau du chambard. Dès lors, je me suis dit que c’était l’occasion, en ce début d’année, de se pencher sur cette nation qu’on a toujours eu un peu de mal à cerner. Pendant longtemps, on a cru que les Yankees étaient les gens les plus cool de la galaxie, quand ils sont gentiment venus décimer nos nazis, puis qu’ils nous ont offert nos premiers chewing-gums, nos premiers hamburgers, nos premiers Coca-Cola et nos premiers yeux effarés face aux résultats de notre prise de sang.

Après, petit à petit, on a quand même émis quelques réserves, notamment quand ils nous ont envoyé Les Feux de l’Amour, Britney Spears et les notifications Linkedin. Aujourd’hui, nos petits doutes sont carrément en train de se transformer en sinistres certitudes: l’oncle Sam porte une cravate rouge, et il ressemble furieusement à un tyran. 

En réalité, ce basculement n’est pas si étonnant que cela. Car il y a eu pas mal de signes avant-coureurs. Des indices qui n’auraient trompé ni Columbo, ni Ally McBeal. Premier exemple, et non des moindres: en 1963, alors que les mômes de toute l’Europe se gaussent des tribulations de ces chers Schtroumpfs, les Etats-Unis décident de fermer leurs frontières aux petites créatures imaginées par Peyo. Non pas que leurs passeports ne soient pas en règle (le Schtroumpf à lunettes s’est occupé de tout ça), mais parce que dès le premier album baptisé Les Schtroumpfs noirs, il s’avère que les méchants de l’histoire… sont justement les Schtroumpfs noirs.

Dans un pays qui vient à peine d’abolir les lois ségrégationnistes, il est hors de question de mettre de l’huile sur le feu. L’album des Smurfs – comme on les appelle là-bas – restera censuré dans toutes les bibliothèques américaines jusqu’en… 2010, date à laquelle les fameux Schtroumpfs noirs sont enfin libres mais apparaissent… violets.

Ne comptez pas sur moi pour donner mon avis sur la question: je suis jeune, mais pas fou. Je suis ici pour exposer des faits, rien que des faits. Ce qui m’amène à mon deuxième exemple: le Kinder Surprise. Savez-vous, mes beaux et fringants lecteurs, que l’œuf en chocolat le plus adulé de la galaxie fait l’objet d’une interdiction aux Etats-Unis?

Vous pouvez fouiller toutes les confiseries de la contrée, vous n’en trouverez guère: une loi fédérale de 1938 interdit de placer des trucs non comestibles à l’intérieur d’un produit alimentaire, histoire d’éviter les étouffements. Un petit chiffre intéressant, tout de même: plus de 4.000 enfants meurent chaque année aux States à cause d’une… arme à feu – c’est ce qu’on appelle avoir le sens des priorités.

Mais attendez, j’ai encore mieux. Un ultime exemple qui résume parfaitement la façon dont la pensée dictatoriale peut se répandre de manière insidieuse et perfide afin de gangréner une nation tout entière. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs: le camembert lui-même est, encore aujourd’hui, interdit dans plus de vingt Etats américains. Vous avez bien lu. Le camembert. Ce divin fromage qui, au même titre que le brie ou la mimolette, effraye les autorités sanitaires locales en raison de sa substance «dégoûtante, putride et décomposée» –  dixit la très sérieuse Food and Drug Administration. Franchement, je ne serais pas fier d’être Américain en cette ère d’obscurantisme. Et je me demande vraiment ce que ça donnerait si de telles lois étaient appliquées – au hasard – chez nos voisins Français un brin chatouilleux. Je suis à peu près sûr qu’ils ressortiraient leurs guillotines.

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