Coup de projecteur sur les néopapas

© THinkstock

En Belgique, de plus en plus d’hommes assument avec honneur leurs responsabilités familiales. Certains n’hésitent pas à prendre un congé parental pour s’occuper de leur progéniture. En ce jour de fête des pères, zoom sur ces néopapas, espèce en voie de développement.

Si la maladresse caricaturale des trois papas du film de Coline Serreau, Trois hommes et un couffin, nous faisait sourire en 1985, c’est probablement parce que certaines scènes étaient criantes de vérité. Près de trente ans plus tard, ces mêmes pères ont fait du chemin : papa poule, papa gâteau, papa au foyer… On ne compte plus les spots télé où un mec s’éclate avec son nouveau-né. Les hommes, ces mères comme les autres, assument de mieux en mieux leurs responsabilités familiales. Faisant passer pour un geignard Stromae et son titre Papaoutai.

Le complet costume-bavoir

Etre capable de changer une couche tout en négociant un contrat à six zéros par téléphone, voilà les défis de ces néopapas. Dans ce quotidien bien rempli, concilier vie de famille et vie professionnelle est devenu une priorité, et certains n’hésitent pas à prendre le congé parental auquel ils ont droit pour y parvenir.

Vous l’ignorez peut-être, mais le congé parental n’a rien à voir avec le congé de paternité (dix jours qui se prennent dans les 4 mois suivant la naissance de l’enfant). Le congé parental, lui, s’adresse aux parents travailleurs, tant au papa qu’à la maman. Il est passé l’année dernière de 3 à 4 mois pour se calquer sur la directive européenne, et peut être pris pour chaque enfant. Différentes formules possibles : à temps plein ou temps partiel pendant 4 mois (pouvant être fractionné par mois), à mi-temps pendant une période de 8 mois (pouvant être fractionné en période de deux mois) ou à 1/5 pendant 20 mois (pouvant être fractionné par période de 5 mois). Ce congé est relativement flexible, puisque le travailleur peut même jongler selon ces différentes formules et les prendre jusqu’aux 12 ans de l’enfant.

Si à l’heure actuelle, ce sont certes toujours les femmes qui le prennent majoritairement – en 2010, sur 10 demandeurs, plus de 7 étaient des femmes -, nous assistons tout de même à un boum paternel : en cinq ans (de 2002 à 2007), le nombre de pères ayant pris un congé parental a presque triplé !

Un justicier qui s’ignore

Qu’est-ce qui freine les autres ? Selon un sondage Eurobaromètre, la non-connaissance de ce dispositif, l’éducation des enfants vue comme un domaine réservé aux femmes et… une compensation financière trop faible ! De fait, l’allocation mensuelle octroyée par l’ONEM n’est pas mirobolante : 707,08 euros net pour un temps plein (www.onem.be). Or, tant que ce congé ne sera pas mieux compensé, ce seront toujours les femmes qui le prendront en majorité. Pourquoi ? Parce qu’à l’heure actuelle, à travail égal en Belgique, un homme gagne encore en moyenne 10 % de plus qu’une femme. La conclusion arithmétique est simple : pour les familles, laisser le père au foyer coûte plus cher. Pourtant, c’est ici que tout se joue : pour une société plus équitable, il faudrait que les hommes s’affirment en prenant ce droit qui leur est accordé.  » Les employeurs aussi ont un rôle crucial à jouer. Si les hommes sont encouragés à prendre leurs jours de congé pour passer ce temps précieux avec leur famille, ils se sentiront en sécurité.

Dans beaucoup trop d’entreprises, c’est encore mal vu, explique Agnes Uhereczky, directrice de la COFACE (Confédération des Organisations Familiales de l’Union Européenne). L’égalité entre homme et femme n’est pas seulement le travail des féministes. Les hommes doivent assumer toute leur part dans ce processus pour faire évoluer cette image et diminuer le poids des préjugés et des traditions. » Donc la prochaine fois que vous croisez un homme en congé parental : félicitez-le, il participe à une société plus juste !

Valentine Van Gestel

QUESTION PRATIQUE: Quid de la pension ?

Bonne nouvelle, le congé parental n’a pas d’impact négatif sur la pension : « Si la personne bénéficie des allocations légales, ces périodes de congé seront assimilées : cela signifie que nous prendrons en compte cette période pour le calcul de la pension, comme s’il s’agissait d’une période travaillée, explique Florent Mages, expert technique pour l’Office national des pensions. La réforme des pensions permet d’assimiler le quatrième mois de congé parental qui a été pris pour des enfants nés ou adoptés avant le 8 mars 2012, même lorsqu’aucune indemnité d’interruption n’a été versée pour ce quatrième mois. »


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