L’emblématique vin français va-t-il subir les foudres de Trump?

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Donald Trump va-t-il ouvrir un nouveau front commercial contre l’emblématique vin français ? Le président américain a laissé entendre lundi qu’il pourrait lui infliger des taxes douanières supplémentaires pour corriger une concurrence qu’il juge déloyale.

« La France taxe beaucoup le vin et nous taxons peu le vin français », a dénoncé le président américain au cours d’un long entretien sur CNBC.

Le vin français est réputé pour être « très bon », a commenté l’hôte de la Maison Blanche, qui ne boit pas d’alcool. Mais les viticulteurs américains se plaignent du fait qu’il entre sur le sol américain « pour rien ».

« Ce n’est pas juste, nous allons faire quelque chose pour ça », a-t-il également assuré.

Donald Trump n’a de cesse de dénoncer les déséquilibres des échanges commerciaux des Etats-Unis avec leurs partenaires. L’an passé, le déficit commercial pour les seuls biens avec la France s’est élevé à 15,81 milliards de dollars (+3,2%).

En novembre dernier, le bouillonnant milliardaire républicain avait déjà dénoncé le déséquilibre commercial entre les deux pays sur les produits viticoles, dans des tweets visant aussi le président français Emmanuel Macron.

« La France rend les choses très difficiles pour vendre du vin américain en France et prélève de lourdes taxes douanières, alors que les Etats-Unis facilitent les choses aux vins français et n’ont que des tarifs douaniers bas. Ce n’est pas juste, faut que ça change! », s’était-il alors agacé sur Twitter.

Ses commentaires lundi interviennent alors que les Etats-Unis et l’Union européenne doivent engager des négociations formelles pour trouver un accord commercial. Pour l’heure, Bruxelles ne veut pas inclure le secteur agricole dans un traité.

– Friands du vin français –

En tant que membre de l’Union européenne, la France ne fixe pas elle-même le niveau de taxation des produits importés.

Mais il existe bien un déséquilibre dans les tarifs douaniers. Aux Etats-Unis, les taxes varient entre 5,3 et 14,9 cents par bouteille, en fonction de la nature du vin et du degré d’alcool, selon la Commission américaine du commerce international. En Europe, elles vont de 11 à 29 cents.

Le marché européen est toutefois loin d’être fermé aux vins américains puisque entre 2007 et 2018, les importations de vin « made in America », dont ceux de la riche Californie (ouest), ont progressé de 200% en France, l’Europe étant de loin le premier marché d’exportation pour les produits viticoles américains, selon les Douanes françaises.

Le marché américain, à l’inverse, n’est pas aussi ouvert qu’il en a l’air. Les Etats-Unis reconnaissent ainsi les marques déposées mais pas les appellations d’origine –un système souvent jugé trop compliqué par les consommateurs– ce qui constitue un frein pour les produits français.

Pas de quoi néanmoins freiner la progression des exportations de vins et spiritueux français vers les Etats-Unis qui ont progressé de 4,6% à 3,2 milliards d’euros (3,62 milliards de dollars) l’an passé, selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).

Les Etats-Unis sont le premier marché en valeur pour les exportations de vins français, à la faveur d’une classe moyenne américaine disposant d’un fort pouvoir d’achat.

Et les bouteilles françaises sont en très bonne place sur les rayons des magasins aux côtés des vins américains ou d’Amérique latine.

A l’instar des consommateurs de produits de luxe, les Américains friands du vin français ne devraient pas s’en détourner en masse si l’administration Trump venait à imposer des tarifs douaniers renforcés.

Pour Paris, maintenir la compétitivité de ce secteur important pour l’économie française reste en revanche un enjeu.

Selon la FEVS, les vins et spiritueux ont représenté en 2018 le deuxième excédent commercial pour la France après le secteur aéronautique et devant l’industrie des parfums et cosmétiques.

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