Mâcher ses mots

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Manger seul au restaurant incite à ouvrir grand les oreilles… et à plonger dans les conversations des autres. Chaque semaine, Michel Verlinden vous livre un morceau choisi.

Un homme, la soixantaine élégante, accompagné d’une jeune femme. Difficile de deviner le lien qui les unit, probablement parrain-filleule. Sans doute en perdition auprès de la gente féminine, l’homme cherche à se faire valoir, évoquant ses séjours de golf ressourçants à Marrakech par-ci, ses loyers impayés en raison de locataires – forcément – étrangers par-là. L’homme n’épargne ni les « Pakis », ni les « blacks »… Loin de s’arrêter en si bon chemin, lyrique, il se fend d’un couplet sur Hof Van Cleve, le restaurant de Peter Goossens.

Lui (patate chaude dans la bouche) : J’ai trouvé ça complètement chiqué (moue indescriptible). Du sol au plafond, tout a été fait à la flamande. On a été un soir, la moitié des tables, c’étaient des femmes. Des bourgeoises qui viennent faire exploser la carte de crédit de leur mari.

Elle : Mais c’était bon ?

Lui : Les amuse-bouches étaient incroyables, ça oui, un festival, un feu d’artifices… mais le reste, quelconque, sec, flamand… Le chariot d’assortiments de desserts était moins bon qu’à la pâtisserie du coin.

Ou comment balayer trois étoiles – et la somme de travail qu’elles représentent – d’un revers de la main.

Au restaurant (sans plus de précision), 1050 Bruxelles.

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