Une pénurie de bacon menace-t-elle les Etats-Unis ?

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C’est le spectre agité par un site internet apparu cette semaine, sur fond de réserves au plus bas depuis 60 ans. Mais les foyers américains n’ont probablement pas de souci à se faire sur leurs petits-déjeuners.

« Y a-t-il une pénurie de bacon? ». La question est posée sur « baconshortage.com » – littéralement « penuriedebacon.com » -, un site sur lequel l’internaute est immédiatement assailli par un graphique sans appel: depuis un an, les réserves américaines de poitrine de porc ont chuté de deux tiers.

Il ne faut pas chercher loin pour trouver qui se cache derrière cet alarmisme: sur la page d’accueil se trouve le signe de l’Ohio Pork Council, un lobby de l’élevage porcin, actif dans l’Etat susnommé.

Certes, les chiffres sont officiels et facilement vérifiables sur le site du département de l’Agriculture (USDA): les stocks congelés de poitrine de porc – la base du classique bacon américain – ont chuté à moins de 18 millions de livres fin décembre aux Etats-Unis, alors qu’ils dépassaient encore 50 millions un an plus tôt.

Ce niveau n’a jamais été aussi bas depuis que l’USDA a commencé à tenir ce compte mensuel voici plus d’un demi-siècle, début 1957.

Est-ce pour autant le début d’une crise sans précédent aux Etats-Unis, un pays frappé pendant les années 2000 par la « Bacon mania », un phénomène qui a vu la publication de livres comme « Séduit par le bacon » ou « Bacon: une histoire d’amour »?

Pas vraiment car la chute des réserves s’explique surtout par une bonne nouvelle pour les consommateurs: les prix sont bas – même s’ils ont d’ores et déjà nettement rebondi en janvier – et encouragent la demande face à une production de porc pléthorique.

Selon le dernier rapport trimestriel de l’USDA sur le sujet, qui remonte à décembre, les élevages de porc n’ont cessé de croître en effectif en 2016 pour finir à un niveau jamais égalé depuis de nombreuses années à 71,5 millions de têtes.

Or ces statistiques de production rendent mieux compte de l’état de l’offre américaine que les évolutions ponctuelles des réserves – moins parlantes que pour des produits agricoles comme le maïs. Et c’est l’idée d’écouler une production abondante qui semble animer l’Ohio Pork Council, qui préconise comme solution sur son site d’acheter plus de porc… mais d’autres morceaux.

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