Dans le secret du palais des Doges

Le palais des Doges : le symbole suprême de Venise. Pendant de nombreux siècles, ce joyau d’art et d’architecture, en bordure du Grand Canal, jouxtant la place Saint-Marc, a incarné la toute-puissance de la Sérénissime en concentrant en ses murs les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

Et aujourd’hui encore, comme en témoigne Le Palais des Doges à Venise (*), album érudit et richement illustré, il déploie toujours une emprise prodigieuse : « il est bien plus qu’un musée ou une pinacothèque. Il est, sous de nombreux aspects, l’essence même d’une culture et d’un mode de vie, des fastes et du goût des Vénitiens. » L’auteur ? Un Vénitien. Giandomenico Romanelli, directeur de la Fondation des Musées de la Ville de Venise. Le photographe ? Un Bruxellois. Jean-Pierre Gabriel, dont le talent a été repéré par l’éminent professeur et l’éditeur Skira grâce à ses superbes clichés réalisés dans le cadre des expositions vénitiennes du Belge Axel Vervoordt : Artempo et In-Finitum (voir aussi Le Vif Weekend du 19 juin 2009).

Jean-Pierre Gabriel – qui collabore au Vif Weekend depuis les tout débuts – travaille en lumière naturelle et excelle à capter les plus belles lueurs du jour comme en atteste son shooting pour la couverture du livre, organisé par un matin de brume. Quant à cette photo du mythique Escalier des Géants, elle est l’une de ses préférées. « Elle a été prise depuis la galerie, confie-t-il. Le regard est ainsi tourné vers la terrasse réservée aux doges, à côté de leurs appartements. En haut, à droite, on distingue une partie – en briques – de la basilique Saint-Marc. » Offrant une vue insolite, à contre-sens des visites classiques, l’instantané invite à se laisser bercer par la magie du Palais des Doges. À en percer les mystères aussi.

Portes cachées et passages dérobés n’ont plus guère de secrets pour lui ! Jean-Pierre Gabriel a eu accès à tous les coins et recoins du prestigieux édifice. Mais il a dû faire preuve d’une infinie patience, se plier à de nombreuses contraintes et recourir à mille et une prouesses techniques pour capturer avec brio tant de merveilles habituellement inaccessibles. « La difficulté est que le palais des Doges est ouvert au public toute l’année. J’ai donc souvent dû bosser la nuit pour l’intérieur, et à l’aube pour les extérieurs. Se retrouver seul, avec un talkie walkie pour appeler la sécurité en cas de besoin est parfois terrorisant… surtout dans les anciennes prisons au sous-sol. Ce qui est génial, en revanche, c’est de se retrouver seul, précisément, face à tant de chefs-d’oeuvre de la peinture, des heures et des heures durant, et de vivre dans l’intimité d’une histoire grandiose. »

A.-L.D. (*) Le Palais des Doges à Venise, par Giandomenico Romanelli, photos de Jean-Pierre Gabriel, Skira, 225 pages.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content