A Bruxelles, un duplex rénové simplement pour faire entrer la lumière

Pour rendre la partie centrale de ce "trois pièces en enfilade" intéressante, l’architecte y a aménagé la cuisine. © Jan Verlinde

Augustin Brown est le cofondateur d’AFC, une plate-forme qui allie vente et location de meubles, mais aussi architecture d’intérieur. En moins d’un an, il est parvenu a métamorphoser cette maison de maître délabrée de Forest en une oasis urbaine.

Invendable. C’est ainsi qu’on aurait pu qualifier cette propriété, située à Forest en Région bruxelloise, lorsqu’Augustin Bown l’a visitée pour la première fois. La façade était belle et la rue attrayante, mais à l’intérieur, c’était un véritable désastre.

Le dealer qui y vivait cultivait du cannabis. Le hall d’entrée avait de jolis carreaux roses mais les lambris du plafond tombaient en ruine. Et la cuisine souffrait d’humidité.

Joli défi

« J’ai pourtant tenté le coup. J’ai fait une offre inférieure au prix demandé, qui a été rapidement acceptée», nous avoue aujourd’hui celui qui a cofondé AFC-Collection avec Audrey Joris en 2020. Cette start-up avec des showrooms à Knokke, Bruxelles et Anvers se situe « quelque part entre un magasin de meubles et un architecte d’intérieur ».

Cet intérieur sobre est pimpé de quelques pièces de collection comme ce rocking chair Eames acheté par le propriétaire quand il était jeune. © Jan Verlinde

Pour rénover l’endroit, la seule solution était de tout refaire. « Cela a donc coûté un peu plus cher, mais le faible prix demandé pour le bien a compensé», précise l’acquéreur.

La chambre, en sous-sol, bénéficie néanmoins de la lumière du jour car à cet agencement astucieux. © Jan Verlinde

En l’espace d’un an, notre homme a ainsi adapté la circulation interne, la structure portante, l’apport de lumière et les fonctionnalités de l’habitation en duplex. Il a placé au niveau semi-enterré sa chambre à coucher, celle d’amis et sa salle de bains.

Du jardin, on comprend bien l’organisation du duplex. Le séjour est relié au jardin de ville par une large porte pivotante. © Jan Verlinde

L’étage accueille lui une cuisine, une salle à manger et un coin salon, équipé de larges baies pivotantes donnant sur un nouveau jardin de ville, conçu en paliers. « Je voyais mon projet comme une expérience ou un test pour AFC. Ici, j’ai fait tout ce que les clients refusent habituellement ou trouvent trop audacieux», explique-t-il.

Une cuisine centrale

Le plan fait de trois pièces en enfilade – typique des appartements urbains du début du siècle – est toujours un défi pour les architectes. Car cette succession génère souvent un effet de tunnel, sombre en son centre.

« En y installant la cuisine, j’ai immédiatement donné à cette partie une fonction claire. Elle fait le lien entre le salon et le coin repas. Mais lors des fêtes, les gens se retrouvent dans cette zone d’entre-deux et s’installent autour de l’îlot», raconte Augustin Brown.

Lorsque des amis viennent chez Augustin Brown, ils ont l’habitude de s’installer autour de cet îlot de cuisine atypique en béton. © Jan Verlinde

Ce plan de travail expérimental en béton est d’ailleurs une pièce maîtresse de l’aménagement, les tuyaux étant incorporés aux pieds tubulaires. Au-dessus des plaques de cuisson encastrées, on remarque aussi qu’il n’y a pas de hotte aspirante: l’habitant ne désirait pas de boîte surplombant sa cuisinière. Il se contente d’ouvrir la fenêtre quand il est au fourneau.

Les meubles de cuisine en bois massif proviennent de Vermland, un fabricant danois avec lequel AFC s’est depuis associé. Le label de luminaires Lyfa et l’éditeur de chaises Arflex sont aussi des partenaires danois présents dans ce logement…

Le jardin de ville a été aménagé en paliers avec des carreaux en terracotta. © Jan Verlinde

« Mais cet appartement est plus qu’une salle d’exposition pour nos marques, insiste Augustin Brown. Mes intérieurs ne proviennent pas d’un catalogue; ils ne sont pas proprets et stériles. Je préfère parler d’éclectisme modéré. C’est ici que je me détends, mais aussi que je m’inspire.»

Des meubles bien pensés

La plupart des objets qui décore le logis ont été rassemblés au fil du temps.

« La chaise vintage sur laquelle vous êtes assis, par exemple, est ma première pièce de collection, nous confie-t-il. Je l’ai achetée quand j’avais 15 ans. Et ce rocking-chair original de Charles et Ray Eames est une première édition en fibre de verre aux bords effilochés. Il a immédiatement inspiré ma table de salle à manger ronde dans le même matériau… »

© Jan Verlinde

Le maître des lieux continue ainsi à nous pointer ses diverses acquisitions. Comme cette création de Muller Van Severen, à côté du Eames: « Cette pièce unique, fabriquée à la main dans leur atelier, était autrefois exposée au musée du design de Gand. C’est un design de génie, car il s’agit à la fois d’une étagère et d’une lampe. Intemporel, minimal, apaisant, propre, audacieux, structuré mais funky: ce meuble hybride résume bien mes goûts.»

La sculpture sur la table basse est de Yves Rhayé et le tabouret de Wendy Andreu. © Jan Verlinde

Et de nous raconter encore une jolie anecdote: « Le travail de Hannes Van Severen et de Fien Muller se situe à la frontière entre l’art et le design. Franz West s’est également aventuré à cette frontière des décennies plus tôt. Outre des sculptures et des installations, l’artiste autrichien a conçu du mobilier en petite série. Il y a vingt ans, mes parents ont acheté une de ses sculptures pour chacun de leurs trois enfants. Jusqu’à récemment, la mienne était encore dans sa boîte. Ici, à Forest, l’œuvre prend tout son sens dans mon salon. »

Une méthode rodée

Augustin Bown est issu d’une famille d’entrepreneurs et d’esthètes.Et il a clairement hérité de ces deux traits de caractère. Après des études d’économie, il se retrouve immédiatement chez Profirst, une société bruxelloise qui organise des spectacles de luxe, des soirées, des dîners, des événements ou des lancements de produits dans le monde entier.

Dans la salle de bains aussi, on retrouve du terracotta. © Jan Verlinde

Bown y devient scénographe attitré. Dans le secteur de l’événementiel, il a appris à concevoir des projets de manière intuitive et efficace. Cette méthode a fait ses preuves, tant pour sa propre maison que pour ses clients d’AFC.

Austin Brown, co-fondateur d’AFC-Collection © Jan Verlinde

« Il me suffit d’une feuille de papier, de quelques mots-clés et de matériaux pour jeter les bases d’un projet, résume l’intéressé. A partir de là, notre équipe se charge de le développer en 3D. Pour moi, tout est lié: l’éclairage, la musique, les odeurs, les flux, le mobilier, les couleurs. Tout doit être parfait. »

En bref: Augustin Brown

Il a fondé AFC-Collection avec Audrey Joris en 2020.

L’entreprise fait de la location de meubles et réalise des projets d’intérieurs pour des budgets compris entre 30.000 et 750.000 euros.

Leur style se veut sans chichis. Le tandem déteste le bling bling.

Quatorze personnes, dont des architectes d’intérieur et des commerciaux, travaillent chez AFC-Collection. « Notre modèle est parfaitement extensible à d’autres pays ou à d’autres grandes villes. C’est une piste que nous explorons. Ce serait un rêve d‘avoir un showroom à New York », disent-ils.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content