A Paris, un appartement haussmannien rempli de fleurs, d’œuvres d’art et de DIY

Les canapés sont des modules Rotondo de The Socialite Family. La table est un prototype de Delajoie Editions. © Mark C. O’Flaherty

Dans n’importe quel appartement haussmannien à Paris, vous verrez des murs blancs, des moulures classiques et un parquet bien ciré. Tout l’inverse du joyeux intérieur d’Anaïs et Alice.

Ici, un éventail de couleurs pleines de vitalité, du jaune citron au bleu céleste. Elles habillent les murs, les panneaux de tissu, les tapis et les coupelles en céramique sur lesquelles Anaïs Seguin et Alice Gras ont disposé avec soin quelques pralines. Les bouquets de fleurs sont savamment composés.

Ces deux trentenaires partagent leur vie depuis plus de dix ans, et se sont très vite associées professionnellement. En plus de leur studio créatif Delajoie Editions, elles ont lancé MOYO, un réseau de créateurs locaux.

Les œuvres accrochées au mur sont principalement celles d’Alice. La plupart des vases proviennent de Casa Lopez. ©Mark C. O’Flaherty

Leur appartement parisien est à la fois leur lieu de travail et un joyeux creuset d’idées. Des couleurs murales jusqu’aux meubles qu’elles fabriquent elles-mêmes, tout évolue au gré de leurs envies. Elles ont récemment retapissé leur canapé modulaire Rotondo d’un velours qui s’accorde aux panneaux moirés jaune canari de Dedar, taillés sur mesure pour s’insérer dans les moulures du salon. Quant aux fleurs, elles changent au fil des saisons dans leurs innombrables vases Casa Lopez.«Chaque mois, nous trouvons quelque chose de nouveau. En ce moment, je suis complètement dahlia», confie Alice. Le jour de notre visite, les étals parisiens débordent de pivoines. Seul leur appartement en est dépourvu. «Peut-être ne sommes-nous pas assez romantiques?», rient-elles.

Le couple loue l’appartement. Les panneaux en tissu jaune qui apportent une touche de couleur au salon sont faciles à démonter et à transporter. ©Mark C. O’Flaherty

Egayer une journée grise

Le couple coordonne souvent ses habits et partage une vision artistique affirmée. Alice, diplômée en graphisme, a travaillé cinq ans comme directrice artistique du groupe hôtelier GLA, tandis qu’Anaïs a étudié le théâtre et roulé un peu sa bosse dans le cinéma.«Ces dernières années, nous avons pu approfondir notre talent créatif, explique Anaïs. Alice dessine, sculpte, peint et conçoit beaucoup de nos pièces. Notre studio s’appelait à l’origine Girlzpop, mais l’an dernier, nous l’avons rebaptisé Delajoie Editions. Ce nom évoque quelque chose qui égaie une journée grise et ouvre des perspectives de collaborations avec d’autres artistes et marques. C’est la touche joyeuse qu’on veut ajouter à la vie.»Alice sourit: «Et comme nous allions fonder une famille avec la naissance de notre fille Giselle, c’était le moment idéal pour adopter aussi un nouveau nom.»

Le couple aime les bonbons colorés et adore préparer des biscuits au matcha. Le tissu est une création de Delajoie Editions pour Colours of Arley. ©Mark C. O’Flaherty

Ce choix s’est révélé payant. Depuis, des marques comme Ladurée (les macarons), Jonak (les chaussures), Bonsoirs (le linge de lit), Rouje et Sézane (vêtements et accessoires) sont venues frapper à leur porte. Leur collaboration avec ColorTherapis a donné naissance à une collection de tapis chatoyants inspirés de la maison de Monet.

‘Nous avons choisi le jaune parce qu’il est énergique et ensoleillé. Et le bleu est le même que celui des yeux d’Anaïs.’

Le choix des couleurs est tout aussi réfléchi. «Nous avons opté pour le jaune parce qu’il est solaire et énergique. Il amplifie aussi la lumière qui entre ici», explique Anaïs. Pour la chambre, les filles se sont inspirées d’un voyage à Venise: la frise peinte à la main sur les murs fait écho à l’ancien drapeau de la ville. «Et le bleu est celui des yeux d’Anaïs», glisse Alice en souriant. Le romantisme a donc (un peu) sa place. En témoigne également la tête de lit ornée de rubans et de plis, confectionnée à la main dans un drap de la grand-mère d’Anaïs, ou encore la bougie du premier anniversaire de Giselle, posée sur une étagère à côté d’un ouvrage sur la théorie des couleurs d’Anni et Josef Albers.

Le miroir nuage dans le couloir est signé Ferm Living. ©Mark C. O’Flaherty

Énergie DIY

Le couple aime recevoir amis et collègues. Aussi, elles ont fait réaliser un long banc en bois pour agrandir la table de repas. Peint dans un bleu violacé rappelant les champs de lavande de Provence. «C’est une de nos passions: mettre les gens en relation, dit Anaïs. Nous invitons régulièrement des amis et des connaissances rencontrés via Instagram, pour un déjeuner ou un dîner convivial.»

Les chaises vintage Marcel Breuer proviennent de Selency. Elles ont été équipées de coussins en velours bleu assortis à la table et au canapé. Le tapis vient de Casa Lopez. ©Mark C. O’Flaherty

Leur talent d’hôtesses s’est répandu comme une traînée de poudre à Paris. Aujourd’hui, elles sont régulièrement sollicitées pour recréer l’ambiance de Delajoie Editions lors d’évènements. «Nous avons été ambassadrices pour Ruinart, raconte Alice. L’artiste David Shrigley avait alors conçu une série d’œuvres pour la maison de champagne, et nous avions invité l’une de nos cheffes préférées, Ecaterina Paraschiv d’Ibrik Kitchen, à élaborer un menu. Elle est roumaine et cuisine avec un instinct balkanique, beaucoup de fermentation et des notes fraîches et acidulées. Une découverte passionnante.»

La frise vénitienne est peinte à la main. Le linge de lit provient de Merci. Alice a récupéré un drap de sa grand-mère pour confectionner la tête de lit. ©Mark C. O’Flaherty

Depuis, elles sont restées fidèles à l’univers de Shrigley. Bien que l’artiste britannique soit surtout connu pour ses dessins minimalistes et ses aphorismes, un de ses tableaux trône au-dessus de la table à manger. On y voit deux bouteilles de vin vertes, l’une à l’endroit et l’autre renversée, accompagnées d’une inscription en lettres fuchsia.

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«Nous avons simplement arraché une page avec sa peinture dans le livre Ruinart et l’avons encadrée. Je faisais déjà cela autrefois avec des images de magazines», raconte Anaïs. Aux côtés des créations d’Alice, cela forme une joyeuse mosaïque. «Beaucoup des pièces graphiques accrochées au mur sont en réalité des échantillons de tissus que nous avons dessinés nous-mêmes.»

Le rideau de douche a été créé par Luke Edward Hall pour Rubelli. «Un mélange de naïveté et de raffinement, avec une touche de Cocteau. Très poétique.» ©Mark C. O’Flaherty

Ce goût du fait-maison incarne l’énergie DIY qui rend leur intérieur à la fois personnel et raffiné. Sur YouTube et Instagram, elles partagent régulièrement des tutoriels pour permettre aux autres de tester leurs idées.

Un ordre serein

Le jour de notre visite, règne une quiétude presque parfaite. Chaque vase et chaque fleur sont disposés avec précision. «Bien sûr, la parentalité apporte aussi son lot de chaos, admettent-elles. Mais tout disparaît vite dans les rangements sous les banquettes quand c’est nécessaire.»

©Mark C. O’Flaherty

Car pour elles, l’environnement est essentiel. «Nous sommes très sensibles à ce qui nous entoure, surtout quand nous développons de nouvelles idées pour des clients», souligne Anaïs. Nous travaillons alors ensemble à la grande table, et l’atmosphère du moment donne le ton.» En parallèle, l’appartement reste parfaitement fonctionnel pour la vie de famille. «Quand Giselle commencera à ramper et voudra tout toucher, grâce à l’agencement et aux rangements, cela restera un lieu sûr.»

Anaïs Seguin (37 ans) et Alice Gras (39 ans) en bref

Fondatrices du studio créatif parisien Delajoie Editions.
Elles ont également cofondé MOYO (Mind of Your Own), un réseau dédié aux entrepreneurs créatifs locaux.
Elles vivent avec leur fille Giselle dans un appartement haussmannien du XVIIe arrondissement de Paris.
delajoie-editions.com
@delajoie.editions

Les adresses préférées d’Anaïs Seguin et Alice Gras à Paris

Se restaurer
Le Chateaubriand. «Une table comme un manifeste. Ici, la cuisine est de la pure poésie, contemporaine, libre et pétillante. Anaïs a même versé une larme un jour devant leur ris de veau.»129, avenue Parmentier, à 75011 Paris.

Datil. «Un restaurant qui fait la part belle au local. L’ambiance y est simple et vibrante, comme si l’on rendait visite à des amis.»13, rue des Gravilliers, à 75003 Paris.

Le Cornichon. «Le bistrot dans sa forme la plus authentique. Générosité et simplicité. Les frites, à elles seules, valent le détour.»34, rue Gassendi, à 75014 Paris.

Le Cyrano. «Une halte toujours bienvenue. Ce café-bistrot ne sera jamais dépassé. Bruits de verres qui s’entrechoquent, conversations venues de partout: c’est Paris dans toute sa splendeur.»3, rue Biot, à 75017 Paris.



Shopping
Bangla Begum. «Des bijoux audacieux et poétiques. Chaque pièce incarne une élégance singulière et est fabriquée en France.»66, rue de Saintonge, à 75003 Paris.

Officine Universelle Buly 1803. «à chaque boutique, on a l’impression de voyager dans le temps. Produits de beauté et rituels y sont présentés comme un véritable art de vivre.»45, rue de Saintonge, à 75003 Paris.

Merci. «Un grand magasin de l’âme. Chaque objet y a une mission: vous rendre un peu plus heureux.»111, boulevard Beaumarchais, à 75003 Paris.

Samantha Kerdine. «Vases, assiettes et tableaux peints à la main dans des motifs organiques et colorés. Des objets poétiques et uniques, accessibles uniquement sur rendez-vous.»45, rue Duhesme, à 75018 Paris.

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