Comment adopter la tendance du mur miroir dans le salon

Les miroirs ne sont plus réservés aux salles de bains et aux dressings: ils s’aventurent aujourd’hui dans toutes les pièces de vie. Mais comment éviter que votre intérieur ne ressemble à une boîte de nuit? Réponse en quatre exemples commentés par leurs architectes.
Une paroi XXL
Dans cet appartement parisien, le Studio Akademos a maximisé l’effet d’un miroir mural dans la salle à manger et le salon. «L’appartement était bien plus long que profond. En cherchant un moyen d’agrandir visuellement la pièce, un grand miroir s’est imposé comme la meilleure solution. Il reflète la lumière et la propage jusque dans le fond du logement», explique Aurélien Raymond, qui a fondé le Studio Akademos en 2020 avec Costanza Rossi. «Les miroirs font aujourd’hui partie intégrante de notre vocabulaire. C’est un matériau que l’on retrouve régulièrement dans nos projets d’intérieur, tout comme les laques et les métaux. Nous les utilisons sous de nombreuses formes. Ils étaient très présents à la fin des années 1970, une période à laquelle nous aimons faire référence dans notre travail. Ils insufflent une touche glamour et luxueuse à un intérieur, sans nécessiter de gros budgets ou de matériaux hors de prix.»
Dans ce cas précis, la paroi réfléchissante XXL s’étend jusqu’à la corniche, suggérant qu’une pièce supplémentaire se trouve au-delà du salon. Pourtant, ce miroir n’est pas un simple trompe-l’œil: en accrochant des tableaux sur la surface, on révèle qu’il s’agit d’un mur. «La difficulté est qu’on ne peut plus percer les miroirs une fois posés pour y fixer des appliques ou des cadres. Ils doivent donc être pré-percés avec une extrême précision en atelier. Cela nécessite un travail de mesure au millimètre près.»
Une série de bandes étroites
«Lorsque nous avons retravaillé l’agencement de cet appartement à Stockholm, nous avons choisi de refermer le double passage menant à la chambre pour en faire un mur plein. Mais cette paroi vierge avait besoin d’une nouvelle fonction. Grâce à un miroir mural, la magnifique lumière de la pièce adjacente est désormais reflétée jusque dans la salle à manger. La dureté monotone de la surface réfléchissante a été adoucie par des appliques et un meuble sur mesure placé juste devant, explique Michaela Hemlin, cofondatrice du Studio Escapist à Stockholm. Nous avons divisé le miroir en bandes plus étroites, afin d’éviter que l’espace ait l’air trop commercial ou impersonnel. Le plafond étant déjà haut, cette segmentation du miroir a contribué à instaurer une sensation d’équilibre et d’harmonie. Dans le hall d’entrée, nous avons également utilisé des miroirs pour faire disparaître visuellement un placard peu esthétique. Ils apportent une touche de géométrie et de mystère à l’entrée, tout en renforçant la lumière.»
Selon la décoratrice, sa passion pour les miroirs lui vient de sa belle-mère italienne. «Dans son appartement à Milan, elle avait installé d’immenses parois de miroirs sur toute la longueur. Elle était fan de la transformation apportée à l’espace. C’est elle qui m’a transmis cette fascination pour la magie du miroir en architecture.» Ses conseils? «Les miroirs sont inestimables dans n’importe quel pièce. Ils créent une impression d’amplitude, rendent la lumière plus dynamique et donnent une sensation surréaliste d’espace. J’encourage les gens à utiliser de grands miroirs muraux plutôt que de peindre leurs murs.»
Un miroir vieilli
Les miroirs vieillis font partie de la signature du décorateur Geoffroy Van Hulle. Il les utilise dans quasiment tous ses projets d’intérieur, pour apporter une touche de mystère et de théâtralité. «Avec un ou plusieurs panneaux, on peut donner une toute nouvelle dimension à un petit espace, explique-t-il. Les reflets confèrent littéralement et symboliquement de la grandeur à un lieu.» C’est exactement ce que le décorateur belge a voulu faire dans le hall d’entrée un peu exigu de cet appartement à La Réserve, à Knokke. «En habillant à la fois les murs et le plafond de la cage d’escalier de miroirs vieillis, l’espace a été visuellement triplé. Les miroirs se reflètent entre eux, tout comme le lustre suspendu.» Ce flipper de reflets crée une scène captivante qui se déploie sur les deux niveaux de l’appartement.
Geoffroy Van Hulle privilégie les miroirs anciens de brasserie, pour leur patine unique. Mais même lorsqu’il commande des exemplaires neufs, ceux-ci sont d’abord vieillis artificiellement. «Dans un modèle classique, la confrontation avec soi-même est souvent brutale. Beaucoup de gens n’aiment pas cela, surtout pas dans leur propre intérieur. Dans une version patinée, on est moins durement confronté à la réalité.» Par jeu, il a néanmoins installé un miroir mural non patiné dans les toilettes à Knokke. Quand on est assis sur la cuvette, on a l’impression d’être accompagné d’un double identique. «En rompant les attentes, mes intérieurs gagnent en tension et en complexité. Ils ne se prennent pas trop au sérieux. Ils laissent aussi de la place à la légèreté et à l’humour.»
Une dimension théâtrale
Des miroirs dans la salle de bains, le dressing ou le salon… Rien de plus classique. L’architecte d’intérieur londonienne Tatjana von Stein, elle, va jusqu’à les introduire dans la chambre principale d’un projet privé londonien. Mais ne cherche-t-on pas avant tout du calme et de l’intimité dans la chambre à coucher, plutôt que des reflets de soi et de son ou sa partenaire? «Pour moi, il ne s’agit pas du tout de réflexion sur soi ou de sensualité corporelle. Le miroir reflète avant tout ce qui vous entoure. C’est un élément architectural qui dynamise l’espace, explique-t-elle. Il faut savoir que cette chambre n’était pas très grande. Le miroir a immédiatement permis de créer un sentiment d’amplitude. Il engage aussi un dialogue entre les éléments de la pièce.»
Dans ce cas précis, ils ont opté pour un miroir argenté, afin d’agrandir visuellement la pièce et la rendre plus lumineuse. «Mais dans d’autres projets, nous utilisons aussi des miroirs fumés sombres, dont l’effet est encore bien plus sensuel.» Ici, le plafond du couloir a également été revêtu d’un miroir. «Au lieu d’un long couloir sombre, c’est devenu un lieu où il se passe quelque chose pendant qu’on le traverse. Le plafond miroir y insuffle une dimension théâtrale, mais il crée aussi de l’impact. Et c’est tout simplement ludique. Le couloir devient moins un passage qu’une expérience. Dans le reflet, on aperçoit déjà des indices sur les autres pièces. Le miroir construit subtilement le suspense.»
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