La collab’| La collection de vaisselle Kelly Wearstler x Serax
La célèbre architecte d’intérieur et designer américaine Kelly Wearstler lance ce mois-ci une collection de vaisselle avec la marque belge Serax.
Sur Instagram, Kelly Wearstler, 55 ans, se décrit comme «CEO, Art Enthusiast, Investor, Animal Lover, Proud Mom». Elle pose pour ses plus de deux millions de followers au bord de piscines, dans des suites d’hôtel, dans son gigantesque dépôt rempli de trouvailles du monde entier, parfois allongée sur une table en marbre, d’autres fois sur une balançoire avec son bébé, ou sur un court de tennis avec ses deux fils. Chacun de ses posts sont signés «XK».
Avec une équipe de soixante personnes basée à Los Angeles, Kelly Wearstler conçoit des boutiques-hôtels, des restaurants et des magasins, principalement aux Etats-Unis, ainsi que des demeures privées où se mêlent mobilier neuf et vintage. Ses maisons sont les vitrines de son style éclectique, aussi opulent qu’intuitif. Un style glam hollywoodien, mais décontracté.
Une designer américaine à Anvers
Kelly Wearstler possède sa propre collection de meubles et des accords de licence avec des fabricants de tapis et de peinture, entre autres. Elle a aussi fait partie du jury de l’émission Top Designer outre-Atlantique pendant plusieurs saisons, une sorte de MasterChef réservé aux concepteurs d’objets. Au fil des ans, ses intérieurs et son sens du style ont été publiés à nombre de reprises. Le dernier en date, Synchronicity, paraîtra en septembre.
Designer et célébrité à la fois, Kelly Wearstler vit une véritable success-story. Une saga comparable à celle, une génération plus tôt, de Philippe Starck, qui jouissait d’une telle renommée mondiale.
‘Ma mère achetait et vendait les objets qu’elle trouvait. J’avais 5 ou 6 ans, on me traînait partout. J’ai donc commencé à m’exercer jeune.’
A ce palmarès s’ajoute désormais un projet avec la marque belge Serax qui propose également des créations de Vincent Van Duysen, Piet Boon, Ann Demeulemeester et bien d’autres. Il s’agit de sa première collection de vaisselle. Elle y a travaillé pendant un an et demi.
«J’avais déjà utilisé des produits Serax pour mes projets de décoration d’intérieur, nous explique-t-elle via Zoom, depuis son bureau au Texas. Lorsque cette occasion s’est présentée, j’ai eu l’impression de commencer un projet avec de vieux amis.» L’Américaine s’est rendue dans notre pays pour la première fois au printemps dernier.
«En mars et avril, j’ai passé cinq semaines à Paris avec mon mari et mon bébé. Nous avons également voyagé un peu. Nous sommes allés à Amsterdam, puis en Belgique. Oh my god, la Belgique est incroyable. Tant Bruxelles qu’Anvers sont riches de terribles boutiques vintage.» Elle reviendra en septembre pour quelques événements et rendez-vous.
L’avantage de la polyvalence
Kelly Wearstler grandit à Myrtle Beach, en Caroline du Sud, où elle écume, dès son enfance, les marchés aux puces et les friperies, avec sa maman et sa sœur Tami, un an plus âgée. «Ma mère achetait et vendait les objets qu’elle trouvait. J’avais 5 ou 6 ans, on me traînait partout. Et je me souviens que, même à cette époque, j’étais déjà très curieuse. J’ai donc commencé à m’exercer jeune. Le vintage a été mon premier amour.»
Progressivement, elle apprend à combiner l’ancien et le nouveau, à la fois dans ses tenues et dans ses intérieurs.
«Je dis toujours: old soul, new spirit, poursuit-elle. Lorsque j’étais en secondaire, je me promenais dans les magasins de seconde main, à la recherche de vêtements et de sacs à main sympas. J’aimais la mode, je collectionnais les vieux livres et magazines. Je me suis alors dit que le graphisme était peut-être fait pour moi.»
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La jeune femme part alors étudier à Boston, au Massachusetts College of Art. Elle partage un studio avec des étudiants d’autres disciplines et rencontre «un joli garçon qui étudiait l’architecture».
«Il construisait tout le temps des modèles réduits intéressants, se souvient-elle. J’ai donc commencé à suivre ses cours, pour finir par m’orienter vers l’architecture d’intérieur.»
Elle enchaîne avec un stage auprès du légendaire graphiste Milton Glaser, l’homme derrière le logo «I love NY», qui lui fait comprendre qu’il n’est pas nécessaire de s’engager dans une seule discipline: «On peut être polyvalent. Il était graphiste, mais il a également conçu des intérieurs, notamment pour un certain nombre de restaurants à New York.»
L’école en cuisine
Ayant grandi au bord de l’eau, l’océan commence toutefois à lui manquer. Elle quitte Big Apple pour Los Angeles. «Je n’avais pas seulement envie de plages, j’avais soif de culture, de musées, tout ce qu’une grande ville peut offrir», résume-t-elle. Elle travaille un temps dans des restaurants, comme c’était déjà le cas à Myrtle Beach, Boston et New York.
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«J’avais 13 ans lorsque j’ai commencé ce genre de jobs, raconte la conceptrice. Ce ne serait probablement plus possible aujourd’hui. Je voulais gagner mon propre argent pour pouvoir acheter des pépites dans les brocantes. Puis, j’ai continué parce que je devais payer mes études, et plus tard mes factures et mon loyer. Lorsque je suis arrivée à Los Angeles, je n’avais pas vraiment de travail. Je voulais me donner le temps de comprendre la ville, de déterminer exactement ce que je pouvais faire et avec qui. Je n’ai donc pas hésité, et j’ai postulé dans des restaurants.»
Les débuts comme architecte d’intérieur
La quinqua a aujourd’hui de nombreuses cordes à son arc. Elle est probablement la seule designer de renommée internationale qui, avant de devenir célèbre, a posé pour Playboy en tant que «Playmate du mois», en septembre 1994.
Sa première commande d’intérieur, elle l’obtient grâce à des contacts dans l’industrie cinématographique, alors qu’elle travaille à la conception de décors depuis quelque temps – «J’avais rencontré quelqu’un dont les amis venaient d’acheter une maison à Venice Beach, le long d’un des canaux. Ils cherchaient de l’aide pour aménager l’une des pièces de cette maison.»
En 1996 néanmoins sa carrière prend un nouveau tournant lorsqu’elle rencontre son mari, Brad Korzen, promoteur immobilier de Chicago qui se lance également dans l’industrie hôtelière à l’époque. Il l’engage comme architecte d’intérieur.
D’abord pour sa résidence privée et quelques années plus tard, alors qu’ils sont déjà en couple, pour l’hôtel Avalon à Beverly Hills. Dans les années 40, cet établissement était l’un des plus glamours de L.A., mais après une faillite, il fut relégué au rang de maison de retraite. Kelly Wearstler lui rend sa superbe et en fait une véritable carte de visite.
Faire vivre de belles expériences aux gens
Aujourd’hui, le couple dirige Proper, une chaîne d’hôtels et de résidences de luxe située dans le centre de Los Angeles, à Santa Monica, à San Francisco et à Austin, et qui prévoit la création de quatre autres succursales, dont la rénovation de l’ancien centre de villégiature Cal Neva à Lake Tahoe, qui a notamment appartenu à Frank Sinatra avant d’être laissé à l’abandon pendant plus d’une décennie. «Marilyn Monroe y a déjà séjourné», précise Kelly Wearstler.
Aurait-elle pu imaginer un tel succès, enfant? «Non, répond-elle. Je suis d’origine très modeste. J’ai toujours travaillé dur et j’ai toujours été très curieuse. J’aime le design et j’aime rendre les gens heureux. Rencontrer des gens, leur faire vivre une belle expérience, cela a toujours fait partie de mon ADN. J’ai conçu de nombreux restaurants. Pour un résultat optimal, il faut savoir comment une telle structure fonctionne. C’est dans mes cordes. La boucle est donc plus ou moins bouclée.»
La place de l’intelligence artificielle
Avec son équipe, la designer réalise désormais des projets à toute échelle. «Parfois, je rencontre quelqu’un de tellement passionné que je n’hésite même pas. Il peut s’agir d’un petit projet qui demandera beaucoup de travail, mais dont je sais qu’il sera cool et intéressant.» Et de souligner qu’elle se considère comme un «esprit libre»: «J’adore ce que je fais. J’évolue constamment et, dans mon métier, c’est crucial. Je suis toujours curieuse. La technologie est très importante.
L’année dernière, la créatrice s’est beaucoup renseignée quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle et elle est convaincue que l’IA peut être formidable.
«Non pas pour concevoir des espaces ou des produits, mais en tant qu’outil, nuance-t-elle. C’est comme les médias sociaux. Pour moi, ils ont facilité la communication au sujet de l’aménagement et du mode de vie. Il suffit de regarder des spécialistes partager leurs trucs et astuces et montrer comment ils résolvent les problèmes. Tout finit cependant par se ressembler, c’est vrai. Les gens voient quelque chose qu’ils aiment et veulent le reproduire. La technologie et les médias sociaux rendent les choses semblables, mais ils nous rapprochent aussi les uns des autres, en tant que personnes. C’est du donnant-donnant, comme pour tout.»
La collab avec Serax
Kelly Wearstler a imaginé deux collections pour Serax. Zuma fait référence à la technologie moderne et historique, tandis que Dune «fait le lien entre la matérialité et les formes du monde naturel».
Cette deuxième ligne renvoie à la poterie de la Grèce antique, avec des céramiques mates et brillantes, ainsi que des arêtes et des bords sculpturaux. Outre la gamme de base en céramique, pierre, verre et métal, il y a aussi des pièces en marbre et en bois organique.
«Dune est une collection architecturale, un peu plus discrète, en deux couleurs, explique Kelly Wearstler. Dans les hôtels et les restaurants, les chefs aiment que la vaisselle soit relativement simple, afin que la nourriture reste la vedette.»
Pour Zuma, la designer américaine a combiné des grilles vectorielles tridimensionnelles futuristes avec des motifs de verrerie anciens. Un dessin graphique numérique donne une impression de peinture à la main.
«Je voulais créer une collection avec laquelle vous pourrez surprendre vos invités. Il y a tellement de pièces et d’éléments séparés que vous pouvez facilement imaginer de nouveaux paysages de table et donner un nouvel esprit à votre composition.»
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