Fini les serviettes rouges, les feuilles de houx et les bougies dorées. Ces décorateurs internationaux bousculent les traditions avec beaucoup d’imagination.
Het Banquet (Belgique)
Qui? Kato Trappers et Jolien van Dijk, une habituée des cuisines du restaurant bruxellois Kline, créent des installations culinaires artistiques en duo sous le nom Het Banquet. En d’autres termes, elles élaborent des concepts uniques dans lesquels tout est mangeable ou presque, de sorte qu’à la fin de la soirée, il ne reste rien.
Le style? C’est ce qu’on appelle de l’imagination comestible. Quiconque prend place à leur table n’est pas un invité, «mais un personnage dans une histoire qui se déroule sur scène». Pour le festival Horst Arts & Music à Vilvorde, elles ont créé un jardin sauvage végétarien avec des plats suspendus.
Pour la maison de la culture flamande De Brakke Grond, c’était un buffet de paysage montagneux où diverses préparations formaient une vallée comestible dans laquelle les visiteurs pouvaient tremper des crackers aux algues à leur guise.
A l’occasion du 10e anniversaire de Het Bos à Anvers, elles ont dressé une table pour la drag queen Brenda Aerts avec des sucreries de fête foraine – barbe à papa, pommes d’amour… «Les artistes ont interagi avec nos préparations pendant le spectacle, et après, tous les spectateurs ont été autorisés à monter sur scène pour goûter», raconte le tandem.
Doctor Cooper (Australie)
Qui? N’appelez pas le travail du docteur Cooper, Lisa pour les intimes, de l’art floral. L’Australienne sculpte de façon intuitive des fleurs, des légumes, des fruits mais aussi des champignons pour en faire des œuvres philosophiques. L’artiste n’a ni boutique ni studio et personnalise chaque composition. Elle s’est fait connaître lorsque l’actrice Cate Blanchett et son mari Andrew Upton ont été nommés codirecteurs artistiques de la Sydney Theatre Company: elle y est devenue fleuriste attitrée.
Indispensable à table? Elle ne cite aucun objet futile incontournable mais «l’admiration, la révérence et le respect». Une bonne idée à garder à l’esprit quand on choisit ses invités.
A éviter? «Les accumulations de choses comestibles. Elles sont l’antithèse de la beauté et l’expression du gaspillage et de la vulgarité, de l’abondance et du déséquilibre. Et les fleurs traitées chimiquement pour être «conservées». Elles vont à l’encontre de ce que je considère comme un respect de la nature.»
Baroque Baroque (Belgique)
Qui? Dresser la table serait une affaire de femmes? Lander Matthieu prouve le contraire avec Baroque Baroque. Ce Ouest-Flandrien a appris les ficelles du métier à l’école hôtelière de Coxyde, puis il s’est immédiatement mis à travailler comme chef pour des privés. Après quelques années au service d’un homme d’affaires flamand, il a eu l’occasion de mettre en scène diverses fêtes pour la haute société, dans le luxueux complexe hôtelier Eden Rock à Saint-Barthélemy et au Four Seasons de Bora Bora. Depuis l’année dernière, il est de retour chez nous après un détour par le Costa Rica et les Etats-Unis. Toujours en tant que chef à domicile, il propose de se charger de la table, de A à Z. Sa source d’inspiration à lui: l’inégalable Laila Gohar (@lailacooks) qui, avec ses installations culinaires, défraie régulièrement la chronique.
Le style? Le nom de son concept, Baroque Baroque, donne le ton: ses tables sont fastueuses. Pour ce faire, Lander utilise du linge de maison, de la vaisselle en porcelaine et des couverts en argent qu’il va chercher lui-même dans les brocantes et marchés aux puces. Les compositions de fleurs, de légumes et de fruits occupent également une place de choix. «Je les choisis toujours en fonction de la saison, précise-t-il. La plupart des aliments que j’utilise peuvent également être consommés à la minute par les invités.»
Indispensable à table? «Des bougies, quelle que soit l’heure, car elles apportent quelque chose de magique.»
A éviter? «Vous ne me verrez pas servir des avocats ou d’autres aliments exotiques, que ce soit dans mon menu ou pour la déco. Je privilégie les produits issus du terroir belge ou européen. Pas de plastique non plus, et surtout pas pour des fleurs artificielles. Cela donne un côté kitsch et trop bon marché.»
Slutty Cooking (Etats-Unis)
Qui? Le fil Instagram de Mia H., qui a grandi en Californie du Sud mais a des racines maroco-libanaises, a d’abord commencé comme un journal visuel de ce qu’elle faisait dans la cuisine au moment de la pandémie. Elle s’inspire de natures mortes baroques hollandaises et flamandes et surtout de films, tels que Le temps de l’innocence de Martin Scorsese, l’un de ses favoris.
Ce qu’on aime? Sa façon d’ajouter des nœuds dans toutes les matières, y compris comestibles, à ses tables d’exception…
Omer Gilony (Portugal)
Qui? En tant que styliste d’événementiel, décoratrice et directrice de la création, Omer Gilony a stylisé des événements pour des marques telles que Dior, Isabel Marant et Adidas. Mais son nom apparaît également dans des mariages prestigieux et des séances de photos de mode pour Vogue Portugal. Elle s’inspire aussi des peintures baroques et de natures mortes.
Ce qu’on aime? Sa manière d’utiliser des textiles drapés pour donner à une table un caractère théâtral. Elle conseille d’ailleurs de ne pas se limiter aux nappes prêtes à l’emploi, mais d’aller dans un vrai magasin de tissus pour choisir quelque chose qu’on aime vraiment, afin de créer une table unique.
Andrea Sham (France)
Qui? Avec sa pâtisserie végane et sans gluten particulièrement photogénique, la Française d’origine vénézuélienne Andrea Sham a réussi à se hisser rapidement sous les feux de la rampe. Son CV affiche de très belles références parmi lesquelles Jacquemus, Chanel, Loewe.
Ce qu’on aime? Sa façon de transformer un objet banal en un élément festif avec une touche de créativité. Comme ce pot de beurre décoré de fleurs pour Chanel.
Ananas Ananas (Etats-Unis & Mexique)
Qui? Elena Petrossian, originaire de Glendale en Californie, et Verónica González, de Tijuana au Mexique, réunies sous le nom Ananas Ananas, sont la sensation culinaire du moment dans le monde occidental de la mode et du design. Leur idée de départ pour expérimenter les textures, couleurs et formes lors de dîners: suspendre des baguettes de pains et des fruits sur des fils au-dessus de la table.
Depuis, elles ont pu proposer des expériences culinaires interactives pour Cartier et Herman Miller, et se sont installées dans la galerie de Dries Van Noten à Los Angeles. La cerise sur le gâteau: le développement d’une collection d’accessoires de table en acier poli, disponible sur leur boutique en ligne.
Ce qu’on aime? Leur remarquable façon de présenter la nourriture. Un exemple? La brique en déco étant particulièrement branchée cette année, elles l’intègrent dans leurs buffets et banquets comme des présentoirs.
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