Du vintage pour réchauffer un intérieur de briques et de béton

Des pièces vintage s’intègrent parfaitement dans cette villa moderniste. © Jan Verlinde

La joaillière Julie de Cartier a trouvé dans sa villa moderniste des années 1960 un terrain de jeu à la mesure de son art: transformer l’espace comme on façonne un bijou.

À Rhode-Saint-Genèse, à deux pas de la forêt de Soignes, la villa moderniste des années 1960 de Julie de Cartier rayonne de mille feux. Après quinze années passées comme expatriée à Hong Kong, la créatrice a posé ses valises dans ce qui est devenu le foyer idéal pour sa famille et le décor rêvé pour les shootings de sa nouvelle marque de bijoux.

Déplacer pour mieux reformer

Lorsque nous arrivons chez elle, c’est l’effervescence. Elle déménage ses bureaux ce jour-là, l’école a repris et, pour couronner le tout, l’aménagement de la salle à manger lui donne du fil à retordre. La table majestueuse est repoussée sur le côté, les chaises forment un cercle informel en attendant leur sort. Julie scrute l’espace avec la concentration d’une peintre sur le point de poser son prochain coup de pinceau. «Je dois faire ça quand mon mari n’est pas là, s’amuse-t-elle. Cela le rend nerveux. Mais je suis perfectionniste: je continue à déplacer les pièces du puzzle jusqu’à ce que tout soit juste.»

© Jan Verlinden

Passer d’un petit appartement en location dans une métropole à une vaste villa des sixties dans la vallée de la Senne a nécessité un temps d’adaptation. «Dans notre immeuble à Hong Kong, régnait un formidable esprit de communauté, explique-t-elle. Ici, chacun vit davantage pour soi. Parfois, l’énergie de la ville me manque, mais cette maison nous a aidés à atterrir. C’est notre cocon au vert. Un véritable terrain de jeu pour les enfants, et pour moi. Je peux enfin donner libre cours à mon amour du modernisme.»

© Jan Verlinden

Un mélange des matériaux

Entrer dans la villa est une expérience en soi, de l’escalier hélicoïdal sculptural du hall d’entrée aux baies vitrées, larges et hautes comme les murs, qui s’ouvrent sur la piscine anguleuse d’origine et le jardin luxuriant. La maison incarne à merveille le langage formel du modernisme: ouverture, légèreté, matériaux emblématiques comme le bois massif, la brique et le béton, et une connexion permanente avec l’extérieur.

© Jan Verlinden

Agrandissement inaperçu

Tout ayant été exceptionnellement bien conservé, la famille a eu peu de travaux à entreprendre. Les interventions visaient surtout à adapter le cocon à leur mode de vie. Ainsi, une extension de garage en lattes de bois et un spectaculaire carport en béton offrent un espace supplémentaire à cette famille sportive. «Il était essentiel pour moi que les ajouts paraissent faire partie intégrante de la maison, insiste Julie. L’architecte Frédéric Hossey a accompli cela avec brio. L’ouverture circulaire dans le béton me rappelle les créations iconiques de Richard Neutra. Lorsque des amis viennent nous voir, nous aimons leur lancer: ‘Bienvenue à Los Angeles!’»

© Jan Verlinden

Des lignes droites et du mobilier vintage

La vision se poursuit à l’intérieur. «Cette maison possède un caractère incroyable, dit Julie. Mais à notre arrivée, ce n’était que briques et lignes droites. Je me suis inspirée d’Alvar Aalto et j’ai voulu adoucir l’ensemble avec des couleurs et des formes organiques.» La nouvelle cuisine en teck et marbre vert, avec son îlot aux courbes arrondies, illustre parfaitement cette démarche. Le défi fut plus grand pour le vaste salon de 80 m². «Il fallait créer de la convivialité tout en respectant l’âme du lieu», raconte-t-elle. La solution résidait dans un choix judicieux de mobilier vintage. «De ce point de vue, nous sommes gâtés en Belgique. Nous baignons dans le talent, les antiquaires et les artisans. Grâce à ce projet, je les connais tous», sourit-elle. Aujourd’hui, le salon pourrait figurer dans un élégant magazine des années 1970.

© Jan Verlinden

La création sous toutes ses formes

Son expérience du processus créatif est évidente. En 2023, Julie a cofondé la marque de bijoux daŭre; auparavant, elle travaillait comme graphiste free-lance et consultante créative. «À l’origine, Alix (NDLR: Alix Battard, journaliste à RTL, cofondatrice et amie proche) m’avait sollicitée pour l’identité visuelle. J’ai trouvé l’idée tellement formidable que j’ai rapidement demandé à devenir son associée.» Daŭre signifie «durabilité» en espéranto, une philosophie qui imprègne les créations: des bijoux élégants et éthiques, réalisés en diamants synthétiques et en or recyclé.

© Jan Verlinden

Volontairement ou non, les parallèles visuels entre la marque et la maison sautent aux yeux. La palette chromatique évoque des joyaux luxuriants, se marie harmonieusement avec le sol en pierre bleue et révèle des formes arrondies à chaque recoin. «Concevoir un intérieur n’est pas si différent de concevoir un bijou, explique-t-elle. Dans les deux cas, il s’agit de trouver la juste tension. Pour moi, la beauté naît des contrastes: des formes rondes aux côtés de lignes anguleuses, du vintage marié au neuf, ou des couleurs que l’on n’associerait pas spontanément. L’intérieur est comme nos créations, classique et intemporel, mais rehaussé de détails qui apportent du caractère et une touche unique.» Sans surprise, la villa s’est imposée comme le décor idéal pour leur première campagne.

© Jan Verlinden

Retour à la vie hurbaine

En parcourant la maison, Julie désigne régulièrement de nouveaux «projets». «Heureusement, Alix est comme moi, affirme-t-elle tout sourire. Si quelque chose n’est pas parfait, nous essayons encore. Nous nous répétons souvent: ‘On peut faire plus’.» Une exigence qui porte ses fruits: après des pop-up stores réussis à Paris et à Knokke, elles inaugurent ce mois-ci leur bureau dans le pied-à-terre bruxellois de l’architecte d’intérieur Bea Mombaers, qui servira aussi de showroom sur rendez-vous. «J’admire Bea. Elle est comme une mentor pour nous. Lorsque nous lui avons confié que de plus en plus de gens souhaitaient nous rencontrer, c’est elle qui a proposé d’utiliser son appartement. Et il se situe place Brugmann, à Ixelles. Je retrouve ainsi un peu de vie urbaine», conclut-elle, radieuse.

Julie de Cartier en bref:


Jan Verlinde

– Diplômée en design graphique.
– Elle a travaillé à Hong Kong comme graphiste free-lance et consultante créative pour de grandes maisons de luxe internationales.
– Elle est à la tête, avec Alix Battard, de la marque de bijoux daure.
daure.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire