Hommes: Une chambre à eux
Ils ont leur jardin secret et apprécient d’avoir un coin à eux où profiter pleinement, et tranquillement, de leur passion ou leurs amis. Trois hommes nous ont ouvert leur tanière.
Le minimusée de Marco
Il ne regarde jamais la télé et est loin d’être accro aux jeux vidéo. Ce que Marco aime, c’est s’entourer de toutes sortes de curiosités et de gadgets dénichés au fil du temps. « Je suis fasciné par les choses spéciales qui me touchent. C’est en voyant des animaux empaillés dans une vitrine à Maasmechelen que cette passion s’est éveillée », raconte-t-il. Son « musée », comme il le surnomme, est donc très axé sur la nostalgie. « Il comporte de nombreuses vieilleries telles que des pièces de monnaie anciennes, des statues antiques, mais aussi des objets modernes, énumère le quinquagénaire. Chacun de ces éléments est précieux à mes yeux. » Son épouse, elle, se désespère chaque fois que son homme rapporte de nouvelles trouvailles, parfois même en cachette! « Ma pièce préférée est un fragment de défense d’un mammouth, s’emballe le collectionneur. Je l’ai reçu de Jan Delvaux, un expert en musique pop belge. Ce fragment a été découvert près de chez lui, lors des travaux de dragage du lac de Rotselaar en vue de la construction de la E314. Je possède aussi une dent de requin qui a dix millions d’années. C’est juste magnifique qu’elle provienne de notre région. »
Son « musée », comme il le surnomme, est donc très axé sur la nostalgie
Chaque jour, Marco se rend ainsi dans cette chambre de curiosités à l’écart du reste de la maisonnée. « En tant que photographe, je réalise ici tous mes travaux sur Photoshop, explique-t-il. C’est vraiment mon espace à moi, mais il reste ouvert à mes amis. J’aime l’idée que des gens y viennent, car je peux leur montrer toute ma collection, en particulier mes coléoptères naturalisés, mon faisan empaillé, des cloportes qui mesurent douze centimètres, des papillons et même une minuscule autruche… » Avec, en prime, le droit, dans cet endroit bien à lui, d’écouter la musique qui lui plaît, sans être dérangé. « Partout ailleurs dans l’habitation, mes enfants sont les rois, ils passent du hip-hop à longueur de journée, alors qu’ici, c’est plutôt R.E.M., Bonnie Prince Billy, Antony and the Johnsons et Joy Division. Le bonheur, quoi! »
L’antre musicale de Chris
De jour, les Liégeois le connaissent comme le patron souriant du Caffe Internazionale, où il sert avec son épouse, Valérie, le meilleur pastrami de la ville. De nuit, Chris Vermiglio se transforme en Mr Magnetik, artiste protéiforme mêlant DJ, production et graphisme, le tout mâtiné d’influences années 80. Un parti pris créatif immédiatement évident quand on visite l’antre qu’il s’est créée dans sa villa de Soumagne. Une pièce aménagée quelques années après l’achat de la maison, quand la naissance du deuxième enfant du couple a chassé Chris du bureau qu’il s’était agencé à l’étage. Qu’à cela ne tienne: entièrement repensé par ses soins, l’ancien garage de la villa est aujourd’hui le point de ralliement des amis de passage, qu’ils viennent pour écouter les dernières compositions de Chris ou simplement pour danser jusqu’au bout de la nuit.
L’ancien garage de la villa est aujourd’hui le point de ralliement des amis de passage
Murs sombres, LED multicolore, collection de figurines de Star Wars et de vieux skateboards… La pièce a quelque chose du QG rêvé des ados de Stranger Things, et on pourrait presque imaginer Ferris Bueller s’y prélasser s’il était un peu moins propret.
« J’adore le noir, si je pouvais, j’en mettrais partout dans la maison, au grand désespoir de ma femme », sourit Chris, qui mène un combat perpétuel entre sa volonté de garder l’espace épuré et ses coups de coeur, qu’il s’agisse de vinyles, de sa vieille collection de mixtapes sur cassettes, soigneusement préservée par son frère, ou encore d’objets de décoration. Pièce maîtresse de sa » man cave » eighties, la table basse a été dénichée dans un magasin spécialisé dans les oeuvres de créateurs locaux, tandis que le canapé a été récupéré du salon. « Je me suis fait aider par un ami plus manuel que moi, mais la déco est entièrement à mon image. C’est ma pièce, j’ai fait zéro compromis stylistiques », souligne Mr Magnetik. Et le résultat est plutôt réussi.
La caravane vintage de Kristof
Il y a sept ans encore, Kristof Devos, auteur et illustrateur, occupait un atelier dans sa maison même… Mais entouré par ses enfants en bas âge, il ne parvenait pas à se concentrer. « Ils n’avaient qu’à franchir une porte pour venir me retrouver », se souvient-il. L’idée de se créer un petit espace clos pour travailler en paix finit par germer dans sa tête. « J’ai d’abord voulu m’acheter une roulotte, mais pour ça, il fallait un tracteur, et ce n’était pas une option pour moi, raconte-t-il. Puis, j’ai eu l’idée d’acquérir une caravane, ce qui ne réjouissait pas vraiment ma femme. A nos yeux, c’était un gros truc blanc et moche. Finalement, j’ai déniché une vieille Constructam que j’ai entièrement retapée. C’est désormais l’endroit idéal pour donner libre cours à ma réflexion. Et comme toute ma petite famille est confinée à la maison en ce moment, je m’isole là tous les jours. »
À nos yeux, une caravane c’était un gros truc blanc et moche. Finalement, j’ai déniché une vieille Constructam que j’ai entièrement retapée. C’est désormais l’endroit idéal pour donner libre cours à ma réflexion
Kristof a aménagé son repaire de fond en comble. Le sol est recouvert d’un motif à damiers, et les armoires sont jaune vif, une fantaisie qu’il ne se serait peut-être pas permise dans son foyer. Le trentenaire ne considère néanmoins pas ce cocon comme une source d’inspiration: « »L’inspiration, c’est pour les amateurs », a déclaré un jour le peintre Chuck Close, plaisante notre homme. En revanche, pour pouvoir me mettre au travail, j’ai besoin d’avoir un espace dégagé. Ici, c’est avant tout mon antre à moi. Bien sûr, les enfants ont parfois envie de m’y rejoindre et je ne les chasse pas. Mais ils s’aventurent rarement jusqu’ici, il y a une sorte de barrière. »
Lorsque l’artiste planche sur un nouveau livre, dans cette bulle créative, il écoute souvent de la musique, en fonction du sujet de son ouvrage. « J’ai réalisé mon dernier album, De Wind en Wij, dans le silence. Mais pour le précédent, Lazaretto de Jack White passait en boucle. C’est très agréable de travailler comme ça. » Aujourd’hui, la famille part même en vacances avec cette caravane. « Qui peut en dire autant de son atelier? », lance l’illustrateur amusé.
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