A Paris, l’appartement luxueux d’un collectionneur belge
Dans son luxueux appartement parisien de l’Île de la Cité, un collectionneur belge associe de manière érudite le design italien à l’art contemporain, aux antiquités et aux céramiques. Le résultat est juste grandiose.
Les Belges qui disposent d’un appartement sur l’Ile de la Cité, au cœur de Paris, sont rares. Ceux qui façonnent leur intérieur de manière aussi érudite le sont encore plus. L’entrepreneur et esthète Benoît, qui préfère taire son nom de famille, est de ceux-là.
«Dans l’esprit du Grand tour de Stendhal à travers Naples, Rome et Florence, j’ai voulu apporter ici à Paris un morceau de la Botte. Car la France et l’Italie sont les deux pays que j’associe le plus à la beauté, nous confie-t-il dans son pied-à-terre parisien. J’ai fait le choix de passer plus de temps dans la capitale française, le cœur de la francophonie. Vivre ici, c’est le Graal pour un Belge francophone qui aime la littérature et la poésie.»
Ingres comme inspiration
Italophile, notre compatriote a choisi l’architecte d’intérieur romain Massimo Adario pour aménager son logis. Mais le point de départ de la rénovation fait référence pourtant à la culture française, avec des tons doux puisés dans La Baigneuse Valpinçon, le tableau mondialement connu de Jean-Auguste-Dominique Ingres accroché à moins d’un kilomètre de là, au Louvre.
«Il faut savoir qu’Ingres a peint ce chef-d’œuvre de sensualité lors d’un séjour à Rome. Ce qui relie à nouveau ces deux nations, souligne Benoît. De même, dans ce logement, le parquet en chêne est un élément typiquement français. Mais le mélange d’éléments baroques et minimalistes est lui très italien.
Italie chérie
Le marbre des encadrements de porte est d’inspiration romaine. Et mes œuvres d’art dans la cuisine sont accrochées comme celles du Palazzo Pitti à Florence.» Sa passion pour l’Italie transparaît également dans sa sélection de meubles design du XXe siècle. Elle comprend des pièces d’architectes et de designers italiens comme Gio Ponti, Osvaldo Borsani, Ico Parisi et Joe Colombo, principalement en bois et en laiton – «des matériaux doux et sensuels que j’adore», dit-il.
Le fait que Sébastien Caporusso, Designer de l’année du Vif Weekend en 2021 et créateur de sa table basse en bambou et marbre, ait des racines italiennes n’est certainement pas une coïncidence non plus…
Ode à la jeunesse éternelle
Rien n’a en réalité été laissé au hasard dans cet appartement. Les œuvres, le mobilier et les céramiques racontent de manière cohérente les passions de Benoît: la littérature, la danse, l’architecture et l’art.
Au centre du salon, par exemple, est accroché un dessin d’Andy Warhol représentant Jock Soto, un danseur de renommée mondiale. L’œuvre est une ode à la beauté et à la jeunesse éternelle: des thèmes phares chez Warhol, auxquels le propriétaire n’est pas insensible non plus.
Si l’on revient à Stendhal, cet aménagement pourrait être considéré comme une réflexion contemporaine sur la tradition du Grand tour, coutume des XVIIIe et XIXe siècles selon laquelle les adolescents fortunés faisaient le tour des villes culturelles européennes, principalement en France et en Italie, dans le cadre de leur transition vers la vie adulte.
Le buste d’Hadrien, empereur romain féru de culture, datant du XVIe siècle, illustre cette idée de voyage initiatique. Plus subtiles, les plumes des Indiens Kayapo du Brésil et les poupées Kachina des Amérindiens sont deux symboles qui ont servi de rites de passage à leur manière.
Le paravent japonais de Kishi Ganryo – de la fin de la période Edo, vers 1800 – est également un choix symbolique et esthétique. Il apporte une lumière dorée dans la salle à manger, mais l’objet représente aussi les quatre saisons, bref, l’éternelle réincarnation de la nature.
Profiter de la vie
Les éléments faisant allusion à la nature et au cycle de la vie sont également des motifs récurrents dans les objets d’art disséminés dans cette habitation. La souche d’un olivier «dans laquelle des insectes ont gravé des sortes de hiéroglyphes, qui ont ensuite été dorés» s’inscrit parfaitement dans ce thème.
Ses deux dernières acquisitions également, soit un Saint-Sébastien «caravagesque» de 1623 et une nature morte florale du XVIIe siècle de Balthasar Van der Ast, rappelant qu’il faut profiter de la vie avant le flétrissement. Mais toutes ces références intellectuelles laissent néanmoins place dans le projet – et heureusement – à des touches d’humour et de plaisirs terrestres.
La collection de céramiques de Benoît en est le meilleur reflet. On y trouve des pièces d’Eric Croes et de Brian Rochefort, entre autres, mais aussi de Bela Silva, Jean Leppien, Alice Gavalet, Aligi Sassu et Jean Girel. Même la table d’appoint du salon a été réalisée par l’un de ces artisans, le Néerlandais Floris Wubben.
«La terre, l’eau, le feu: la céramique est l’expression la plus élégante des éléments primaires», affirme le propriétaire.
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