À Venise, un appartement à la touche maritime qui invite à l’évasion

Ce pied-à-terre vénitien a été décloisonné et décoré avec soin par l’architecte d’intérieur Pierre Gonalons. La signature de ce projet: des hublots percés qui donnent envie de larguer les amarres.

C’est d’abord une passion pour Venise qui a animé le designer et architecte d’intérieur français Pierre Gonalons à réaliser ce projet. «A mes yeux, cette ville n’a pas sa pareille», s’enthousiasme celui dont la mère possède des centaines de livres sur la cité lacustre. L’homme a déjà participé à des visites guidées sur les origines de la cité et, ces dix dernières années, il a passé ses vacances sur le Lido, le fin cordon littoral à proximité de la cité des Doges. «Le rapport que Venise entretient à l’eau lui confère un côté dramatique, analyse-t-il. Cela revient à vivre un rêve éveillé au quotidien.»

Quant à la propriétaire de cet appartement, elle est tombée amoureuse de l’Italie en général, car elle a vécu trois ans à Rome lorsqu’elle était enfant. «Je parle l’italien couramment et j’ai toujours voulu avoir un pied-à-terre en Italie», explique la Parisienne qui a jeté son dévolu sur un bien situé au dernier étage d’un ancien palais, dans le quartier peu touristique de la Giudecca. Un lieu où, à une époque, on emprisonnait des exilés.

Aujourd’hui cette partie de la lagune abrite de nombreux ateliers et hangars à bateaux. «Le fait qu’elle se caractérise par une vie locale typique était essentiel pour moi, ajoute la maîtresse des lieux qui a eu un véritable coup de foudre pour ce logement. Il s’en dégageait quelque chose de particulier et de chaleureux. Le toit en pente conférait aussi une ambiance de refuge.» La grande luminosité et la vue presque à 360 degrés sur les toits ont également pesé lourd dans la balance.

Prendre le large

Auparavant, le logis, alors entièrement compartimenté, était habité par une famille. La cliente de Pierre Gonalons n’avait pas beaucoup d’exigences en ce qui concerne la rénovation. Elle souhaitait un grand séjour ouvert et une passerelle au niveau de la mezzanine. «Pour le reste, je l’ai laissé poser ses choix, insiste-t-elle. Quand on a la chance de travailler avec quelqu’un d’aussi talentueux, je trouve qu’on doit lui donner carte blanche. C’est extraordinaire que ses designs soient à la fois très contemporains et ancrés dans le passé. En plus, il est très cultivé», relève-t-elle.

L’un des points forts du projet imaginé est cette passerelle qui mène à la petite chambre d’amis sur la mezzanine. Si elle est très pratique, elle apporte avant tout, selon l’architecte, «une présence architecturale pour dynamiser l’espace». Les cercles percés dans la balustrade évoquent des hublots. Ils sont revêtus de verre rose orangé traditionnellement utilisé pour les lampadaires des rues avoisinantes. «Cela confère une touche maritime à l’ensemble», se réjouit la cliente.

Les cercles en général sont une constante dans une grande part du travail de Pierre Gonalons. Dans le salon, on les retrouve sur la carpette Palette, le fauteuil et le sofa See Through. Le tout dans une palette dominée par le rose et le vert. Dans la cuisine et la salle de bains, on retrouve ainsi un marbre Verde Mediterraneo dont les motifs, semblables à un tissage, sont un clin d’œil évident à la lagune. «J’utilise souvent les mêmes teintes pour la salle de bains et la cuisine», précise le créateur qui a néamoins voulu proposer une ambiance «plus raffinée» dans la pièce d’eau. «En Italie, les palaces et les hôtels ont de somptueuses salles de bains, affirme-t-il. Et j’aime particulièrement les sanitaires en céramique noire.» La baignoire et le lavabo de cet appartement en attestent.

Moments vénitiens

La cuisine comporte elle aussi de nombreuses références à la localité. Comme le design du sol en terrazzo de l’ancienne cuisine était identique à celui créé par Carlo Scarpa pour son mythique magasin Olivetti sur la place Saint-Marc, il a été décidé de le restaurer. «Ma cliente aime l’idée de conserver des traces du passé, explique Gonalons. Et elle n’a pas dû me convaincre, car j’en raffole également.»

Un menuisier installé au bout de la rue a, lui, réalisé les armoires sur mesure. «Lorsque je suis allé voir l’avancement des travaux, deux gondoles étaient en cours de réparation au milieu de l’atelier, se souvient sa cliente. C’était un moment typiquement vénitien.» La cuisine abrite elle aussi un des objets les plus iconiques de Pierre Gonalons: sa suspension Sun King, fabriquée près de Murano.

Autre élément remarquable: une sélection d’étoffes Fortuny dont l’usine légendaire se trouve sur une des îles de la Giudecca. Pour la tête de lit dans la chambre à coucher principale, par exemple, un imprimé appelé Uccelli, représentant des petits oiseaux et des arbres.

De quoi permettre à la citadine, lorsqu’elle s’échappe le temps d’un week-end ou de vacances ici, en bord de canal, de se dépayser un maximum… Quand elle ne va pas nager à la piscine municipale, «magnifique, avec ses énormes fenêtres qui donnent directement sur la lagune».

Lire aussi: Visite d’un intérieur tout en courbes à Anvers