En images: une maison à demi-niveaux pour une jolie promenade spatiale
Sur l’emplacement d’une ancienne étable, Miel et Eline ont fait une agréable maison où l’on peut se balader d’un niveau à l’autre, sous une belle charpente en bois. Avec, en prime, un jardin verdoyant au centre de Gand.
Il fut un temps, pas si lointain, où cette maison était une halte hebdomadaire pour une poignée d’agriculteurs de Zaffelare. Le jeudi, à 5 heures, se tenait là un marché du bétail. Et la veille au soir, les vaches étaient déchargées sur place puis accompagnées jusqu’à l’étable, située à l’arrière de la maison.
Ensuite, Irene, alors résidente, remplissait les pintes dans un petit café à l’entrée. Ses parents ont fait de même pendant des décennies, tout comme une vingtaine de voisins dans ce qui était considéré, il y a trente ans, comme l’un des quartiers les plus difficiles de Gand. Aujourd’hui, le Macharius est un coin convoité qui n’a plus que quelques vagues réminiscences de son passé.
Il y a cinq ans, Miel Kurris et Eline Verbeke ont acheté l’habitation d’Irene et l’étable qui l’accompagnait. «Depuis le début des années 90, les bêtes ne sont plus livrées ici, mais Irene a gardé le café ouvert jusqu’à ce qu’elle déménage dans une maison de retraite, raconte Miel. Elle avait alors 84 ans. Apparemment, notre facteur y buvait encore régulièrement une bière.» Désormais, le portail n’est plus un passage pour les vaches, mais pour les motos de Miel.
Le calme dans la ville
Il a néanmoins d’abord fallu trouver une manière de réaffecter cette propriété comprenant un bistro, une grande étable et, entre les deux, une série d’annexes. «Au début, nous ne savions pas que faire de tout ça, se souvient Eline. Il y avait tellement d’options.
Nous avons organisé une dernière fête dans le café, puis nous avons demandé à l’Atelier Vens Vanbelle d’élaborer un projet.» Le duo d’architectes gantois Dries Vens et Maarten Vanbelle est connu pour son langage graphique audacieux et ses couleurs vives. Pour ce dossier, cependant, la demande était claire: les nouveaux propriétaires voulaient que le lieu respire la tranquillité.
Les façades avant et arrière ne devaient pas attirer les regards et le couple souhaitait un intérieur surprenant mais discret. «L’un des défis consistait à préserver l’ancienne atmosphère de l’étable et à la relier à la maison, ainsi qu’au jardin situé entre les deux, précise Maarten Vanbelle. La charpente était si impressionnante que nous avons choisi d’étendre ce sentiment à l’ensemble du logis.»
Jeu de niveaux
L’espace de vie a dès lors été placé dans une nouvelle construction, mais cela ne se perçoit pas. «Nous avons copié les vieilles poutres en chêne si bien que beaucoup de gens pensent qu’il s’agit d’une rénovation, s’amuse Dries Vens. C’est un beau compliment pour un concepteur.»
La décision de ne pas réaffecter l’endroit a été prise parce qu’un mur porteur divisait le bâtiment d’origine en deux. Ce qui générait un espace trop étriqué. La création d’un nouveau volume a aussi permis de mieux répondre à tous les souhaits des habitants, du chauffage par le sol à la pompe à chaleur géothermique, en passant par un double pommeau de douche, une chatière et même une prise pour les guirlandes de Noël.
Mais la principale demande était de jouer avec les niveaux. De la porte d’entrée à la mezzanine des chambres d’enfants, s’étalent huit demi-niveaux.
«Pour ne pas avoir à aménager tous les espaces de vie au rez-de-chaussée, mais aussi en fonction de l’orientation et de l’incidence de la lumière, nous avons proposé ce système par demi-étage, explique Dries Vens. Cela nous a permis de conserver un volume plus compact, au profit du jardin.»
Matériaux sereins
Miel et Eline ont tout de suite adhéré à cette idée. L’escalier central, entouré des poutres en bois, clin d’œil l’étable, crée une expérience spatiale agréable et offre un maximum de vues. «Où que l’on se trouve, on voit toujours une fenêtre, se réjouit Eline. L’endroit est donc très lumineux. Et le fait que nous maintenions le contact visuel à tous les étages crée une belle dynamique dans la maison.»
Bien que les escaliers et la structure soient très présents, le choix des couleurs et des matériaux – chêne, acier, (poly)béton et Inox – apporte la sérénité nécessaire. «C’est tout à l’honneur de Miel et d’Eline d’avoir su préserver cette ligne, applaudit Maarten Vanbelle.
Souvent, les clients veulent quelque chose de complètement différent en termes de teinte ou de matière, par exemple dans la chambre à coucher. C’est compréhensible, mais cela nous éloigne du parti général. Ici, l’idée de base a été conservée.»
Cuisine intégrée
Un poster du Café Irene est accroché dans la cuisine. C’est l’un des endroits les plus agréables de la maison. Ici, le couple cuisine avec une vue sur le jardin. De plus, le plan de travail a été délibérément surélevé pour que l’on puisse s’asseoir confortablement au bar, comme autrefois au bistro.
«Avec les amis et la famille, nous nous installons rarement dans le salon, tout le monde préfère se retrouver au comptoir, observe Eline. Mais le lieu de prédilection reste l’ancienne écurie, même par mauvais temps. Récemment, lors d’un barbecue, il s‘est mis à pleuvoir à verse et tout le monde s’y est installé. Ici, on est à la fois à l’intérieur et un peu à l’extérieur.»
L’Atelier Vens Vanbelle a désencombré le bâtiment sombre et a recouvert le toit de polycarbonate transparent, de sorte que la lumière pénètre maintenant généreusement et que la magnifique structure crée un jeu d’ombres. L’espace est divisé en un coin salon et un atelier où Miel entretient ses motos.
Un escalier permet également d’accéder à une autre plate-forme où l’on peut prendre un bain de soleil derrière la baie vitrée coulissante de la véranda.
Le sol en polybéton brun se prolonge par un chemin qui mène à la cuisine. Entre les deux se trouve le jardin, spacieux et calme, une denrée rare dans ce quartier densément peuplé et proche du périphérique gantois. Ici pousse un mélange de plantes grimpantes à feuilles persistantes, d’arbustes et d’arbres qui, année après année, fera reculer la ville à l’arrière-plan.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici