Prouesse architecturale: mini maison (21 m2), maxi effet
Vivre en ville est un fameux défi: les logements sont chers, l’espace est limité et l’herbe n’est pas aussi verte qu’en périphérie. Mais plutôt que de s’enfuir, le Studio HAAN a embrassé tous ces inconvénients de manière créative. Et ce, dans une maison d’une emprise au sol d’à peine 21 m2.
Il leur a fallu deux ans de recherche, avant de dénicher un bien abordable: cette maison d’angle. « Elle ne brillait pas sur le marché, racontent la décoratrice d’intérieur Natalie Allaert et l’ingénieur-architecte Hannes Oppeel qui forment le Studio HAAN. On y trouvait une accumulation de petites pièces. Il n’y avait ni cour ni balcon. »
Devant la porte d’entrée, la demeure se montre particulièrement imposante avec sa large façade. Ce n’est qu’au détour d’une rue que l’on s’aperçoit qu’il s’agit d’une impression trompeuse. En effet, le mur latéral côté rue est de trois mètres, mais se rétrécit à deux mètres. Et Hannes Oppeel de poursuivre: « Les clients que nous recevons ici sont toujours surpris. Dès leur entrée, ils découvrent la façade arrière. En réalité, la sensation de grandeur s’arrête à la porte d’entrée, sauf si vous prenez de l’altitude. » C’est donc l’ensemble du bâtiment qui a été repensé par ce tandem, seuls les murs extérieurs ayant été épargnés. « Puisqu’il fallait tout refaire, nous pouvions repenser complètement l’habitation, affirment les propriétaires. Nous avons alors étudié la meilleure manière de maximiser l’espace. »
Se baigner au salon
La première décision fut de modifier radicalement le plan du logement classique. « C’est à l’étage qu’il y a le plus de lumière et la meilleure vue sur la cité, explique Hannes Oppeel. Et puis, le bruit de la rue y est moins dérangeant. C’est pourquoi nous avons installé nos pièces de vie – la cuisine et le salon – aux étages les plus élevés. » Le bureau est situé plus bas, du côté de l’artère animée, où les occupants admirent la ville, et a pour pendant la salle de bains. Quant à la chambre, elle se trouve en sous-sol, où il fait calme et toujours bon. Le tout est uni par des escaliers ouverts qui relient les différents niveaux fractionnés. « La salle de bains a nécessité le plus de réflexion, confie Natalie. Nos clients devaient pouvoir aller aux toilettes sans avoir l’impression de s’immiscer dans un endroit intime.
Finalement, nous sommes arrivés à un scénario de jour et un scénario de nuit pour notre intérieur. Et nous avons déterminé cela sur la base d’une seule porte. » Ainsi, le couple a abordé le problème de manière très logique: on n’utilise une douche que pendant un temps très limité chaque jour, on n’a donc pas besoin de la voir pendant la journée. Ils l’ont dès lors supprimée, créant un espace ouvert avec des toilettes et un lavabo pour les invités. A l’inverse, ils ont imaginé une salle de bains fermée avec une douche ouverte spacieuse. Ils ont aussi éliminé la baignoire de cette pièce d’eau. Celle-ci se cache sous une trappe… dans le salon. « Prendre un bain est une manière de se faire plaisir. Mais pas nécessairement seul, avance Natalie. Quelqu’un regarde un film, tandis que l’autre lit ou discute. C’est une sensation de luxe que nous n’aurions jamais pu obtenir avec un espace de rangement supplémentaire sous le coin lecture. »
Toi, toi, mon toit
Malgré l’absence de cour ou de balcon, le duo a réussi à créer un espace extérieur exceptionnel. Le toit-terrasse et le jardin d’hiver, situé encore plus haut, ne sont pas seulement charmants, ils possèdent également des fonctions invisibles. « Nous savons que la qualité de l’air dans notre quartier est mauvaise, raconte l’habitant. Avec un système de ventilation classique, nous absorberions l’air nocif et le polluerions encore plus avant de le rejeter. C’est absurde. J’ai donc eu l’idée de transformer la serre en une sorte de cloche. Aujourd’hui, notre ventilation consiste en un circuit fermé, où nous purifions notre propre air grâce aux plantes de la serre. » Par ailleurs, la terrasse attenante à la cuisine cache, elle, un bassin pouvant stocker 3 000 litres d’eau de pluie, après qu’elle se soit infiltrée à travers les galets. Une rareté en ville. « On nous traitait de fous. Mais la folie, c’est de jeter l’eau potable dans les toilettes. »
Malheureusement, le toit n’a pas pu leur offrir tout ce qu’ils espéraient. Celui-ci est trop petit pour générer suffisamment d’énergie solaire pour toute la maison. « Idéalement, nous aimerions acheter celui de nos voisins, ou le louer si nécessaire. Il est idéal pour une installation supplémentaire. Nous croyons fermement au partage des toits. » En échange de quelques heures dans l’idyllique rooftop de Hannes et Natalie? Pas de quoi hésiter!
En bref – Studio Haan
- Natalie Allaert (33 ans) a étudié l’architecture d’intérieur à Saint-Luc, avant d’effectuer un stage chez TCplus, à Bruges.
- Hannes Oppeel (33 ans) est ingénieur-architecte et a obtenu son diplôme à Campus Plateau en 2012. Il a ensuite commencé à concevoir des installations climatiques en tant qu’ingénieur indépendant.
- En 2019, ils ont fondé le Studio HAAN. Ils se concentrent sur des projets résidentiels dans lesquels les idées originales et l’écologie sont les fils conducteurs.
En images: Cette maison triangulaire de 22 m2 à Jodoigne est une prouesse architecturale
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