Visite de la jungle d’intérieur imaginée par Atopia pour leur appartement de Forest
Ces deux Français aux idées originales en matière d’architecture et de déco se sont rencontrés à Bruxelles. Ensemble, ils y ont créé Atelier Atopia, spécialisé dans l’upcycling, et aménagé un appartement rempli de plantes, leur passion commune.
Sur les hauteurs de Forest, une rangée d’immeubles donne sur le hêtre centenaire du parc Duden, une portion intacte de la forêt de Soignes, qui s’étend jusqu’à notre capitale. Les façades de la fin des années 60 se ressemblent toutes un peu, et à l’intérieur, les dizaines d’appartements, situés de part et d’autre de l’entrée commune de chacun de ces bâtiments, sont tout aussi semblables. Le living, doté d’une terrasse, et la cuisine se trouvent côté rue. Et un couloir mène à la salle de bains et aux deux chambres à coucher, deux «ailes» séparées du hall d’entrée. Un agencement des plus classiques, selon Lucie et Alexandre.
Un appartement qui est resté dans son jus
Lorsque ce couple a acquis l’une de ces unités d’habitation, il n’a toutefois pas voulu transformer ce plan à tout prix, contrairement à la plupart de ses voisins qui ont tout désossé ou inversé les pièces. Chez ces deux Français venus s’installer à Bruxelles, tous les éléments sont restés tels quels, à part deux ouvertures de portes qui ont été élargies et la peinture murale changée.
Quand ils ont acheté le bien, aucune pièce n’avait été rénovée depuis la réception des travaux: les meubles de cuisine bleus et le plan de travail en Inox, typiquement années 60, le sol en terrazzo, le parquet et les sanitaires verts… «Idem pour les canalisations», déplore Alexandre. Mais «pourquoi casser ou jeter si on peut réutiliser, adapter ou personnaliser?», interroge Lucie.
Place à la récup’
Si on combine cette philosophie à une passion pour les plantes, la couleur et les choses chinées, on obtient Atelier Atopia, leur bébé. Sincèrement soucieux de l’environnement, le duo préfère l’upcycling au recyclage. Qu’il s’agisse de vêtements, de mobilier ou d’objets, ils dénichent ou achètent des pièces pour une bouchée de pain, puis les démontent et les assemblent de nouveau selon des combinaisons originales.
Deux fois par semaine, ils vont chiner sur la place du Jeu de Balle ou chez les brocanteurs des Marolles. «Notre activité s’apparente à de la cuisine. Sortir des tas d’ingrédients du frigo pour ensuite composer un plat unique et novateur en se basant sur trois livres de recettes.» Alexandre est également pâtissier, ce qui explique la comparaison.
Végétation d’exception
Dans la cuisine, entourée de verdure, l’habitant éclaire une de leurs créations: un meuble Componibili noir de Kartell, abîmé, perché sur un support métallique. Le tandem a découpé la partie supérieure, rendu son intérieur hermétique et surmonté le tout d’un miroir et d’une lampe. Au lieu d’atterrir à la décharge, il fait désormais office d’ingénieuse lampe cache-pot multifonctionnelle contenant plusieurs plantes tropicales. Les appuis de fenêtres sont ornés de quelques plantes grasses dans une composition de bougeoirs Stoff Nagel et un pot à crayons en céramique. A côté de l’étagère à disques, une boule de verre, qui repose sur une carcasse d’abat-jour, abrite un mini paysage de mousse. Lorsqu’Alexandre allume la lampe, un jeu de lumière et d’ombre apparaît sur le mur.
«Tout le monde sait ce qu’est un architecte paysagiste d’extérieur. Mais nous nous voyons comme des paysagistes d’intérieur», résume Lucie. Il faut dire que les deux amoureux ont fusionné leurs passions respectives: avant, elle tenait un magasin de plantes à Bruxelles et lui un bureau d’architecture à Paris. «Nous réfléchissons à la manière d’intégrer des plantes dans l’espace. Un architecte tient toujours compte de l’orientation. Pour les végétaux, il faut en plus suivre les saisons. On ne peut pas négliger leur évolution dans le temps, ni les ombres qu’ils projettent à la longue ou leur réaction aux occupants.»
Maxi-effet pour un mini entretien ?
Une telle jungle demande de l’entretien et de l’attention, mais surtout une certaine disposition. «Parfois, les gens sont effrayés à l’idée d’avoir beaucoup de plantes, mais si elles sont bien placées, leur arrosage ne prend qu’une petite demi-heure par semaine.» La qualité est également capitale. Lucie et Alexandre évitent au maximum l’industrie des plantes de culture au profit de l’adoption ou de l’échange de plantes.
«Ceci peut étonner, mais les gens veulent parfois s’en débarrasser parce qu’elles sont trop grandes ou encombrantes ou parce qu’ils s’en sont lassés. Il nous arrive d’avoir la chance de trouver des spécimens de trente ans d’âge. Ceux qui ont une telle histoire sont résistants, contrairement à ceux qu’on trouve dans les jardineries, à qui on a infligé une overdose de lumière et d’engrais pour booster la croissance. Ces plantes coûtent une fortune, mais il y a une chance sur deux qu’elles ne survivent pas parce qu’elles n’ont jamais connu de conditions naturelles. Il vaut mieux les acheter à une personne qui les a cultivées.»
En perpétuel mouvement
La couleur fait elle aussi partie de leur paysagisme d’intérieur original. Pour la chambre à coucher, ils ont choisi un brun foncé, rappelant la terre, pour le mur orienté nord. Le côté fenêtre, qui donne sur l’est, le plafond et la cloison contiguë à l’atelier orienté sud sont bleu clair, de manière à donner une impression d’ouverture. Quant au mur côté ouest, il est peint en aubergine mat. Pour la salle de bains, ils ont opté pour un violet satiné qui contraste avec les mosaïques originales couleur pêche et les sanitaires vert pistache. L’épais rideau en velours occulte le lave-linge et le débarras, créant une ambiance boudoir tamisée.
«En trois ans de vie ici, la configuration de notre intérieur a déjà changé des dizaines de fois», s’amuse Lucie quand on lui fait remarquer que les choses ont bougé entre le moment de notre shooting et celui de l’interview. «Nous avons un agencement pour chaque saison, poursuit-elle. Il est fortement lié aux plantes et à leurs besoins, mais aussi à nous, puisque nous travaillons ici. Il nous arrive de déplacer notre pièce de travail dans le salon ou de transformer notre living en galerie pour exposer nos créations. Notre intérieur vit. Dans tous les sens du terme!»
Atelier Atopia
Lucie Martens (35 ans) est illustratrice et fleuriste. Alexandre Rabineau (48 ans) est architecte et pâtissier.
Ils ont tous les deux la nationalité française, mais pour des raisons professionnelles, ils ont déménagé à Bruxelles, où ils se sont connus en 2019.
Ils réunissent leurs passions dans Atelier Atopia, un studio qui mise sur l’upcycling de meubles design des années 60 à 80 et l’intégration de plantes dans l’architecture et la déco.
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