Visite de la villa de Min Coppens, entrepreneuse belge expatriée en Espagne
Adios la Belgique! De plus en plus de nos compatriotes rêvent d’évasion, temporaire, voire même définitive. Et l’Espagne remporte souvent leurs faveurs. Comme la créatrice Min Coppens, qui s’est aménagé un nid douillet et élégant, à la Costa Blanca.
« On dit qu’ici, il fait beau 360 jours par an. C’est un peu exagéré, mais à l’exception des mois de février et mars, les journées dans le sud de l’Espagne sont effectivement ensoleillées. » Outre le climat, Min Coppens, qui est née en Belgique, a signé pour une vue unique sur la mer, avec le rocher de Calpe en guise de voisine, un littoral déchiqueté avec des baies, des falaises et des sentiers de randonnée, mais aussi pour un air exceptionnellement pur, c’est l’Organisation mondiale de la santé qui le dit.
Pourtant, le sud de la France était le premier choix de cette quinqua, aux commandes d’un restaurant parisien. « Je vis dans la capitale française et pendant des années j’ai passé mes vacances dans la région de Saint-Tropez, Ramatuelle et Gassin. La Côte d’Azur était un peu ma seconde maison, mais les prix y sont exorbitants. » Un été, Min Coppens et son compagnon ont loué l’habitation de vacances d’une amie, la décoratrice d’intérieur Catherine De Vil, dans la région d’Alicante. Ce fut le coup de foudre immédiat pour Benissa, qui se compose d’un village élégant et tranquille ainsi que d’une petite station balnéaire.
‘En Belgique, le mélange du blanc et de tons naturels serait ennuyeux. Ici, la couleur n’est pas indispensable.’
C’est à cet endroit, sur la colline, entre la ville et la côte, que celle qui crée aujourd’hui des accessoires découvrit cette maison des années 60, avec un incroyable panorama sur les flots. Pendant environ trois ans, aucun acheteur ne s’était présenté, sans doute refroidi par la devanture, en bordure d’une route très fréquentée. Rien qui ne puisse toutefois effrayer cette citadine, habituée au brouhaha de Paris. Lorsqu’elle visita la demeure, datant de 1963, l’espace lui plut instantanément. C’était il y a quatre ans et depuis, le couple passe au moins six mois par an sur la Costa Blanca.
Une vie au grand air
« Casa Paula » est écrit en lettres noires à côté de la petite porte d’entrée en bois patiné, dans le mur d’enceinte: un hommage à la mère de la créatrice, partie trop tôt. On accède donc à la propriété par l’extérieur, preuve qu’ici, c’est dehors que tout se passe… L’intérieur et la terrasse fusionnent pour ne former qu’un. En prime, les nombreux transats et coussins, les bancs et la grande table en bois, parfaits pour les longues soirées en bande, rendent la vie en plein air encore plus agréable. Catherine De Vil, l’amie de Min qui s’est chargée de la rénovation, explique: « Cette maison est merveilleusement baignée par le soleil. Dès lors, je désirais créer suffisamment de spots pour que l’on puisse se déplacer entre ombre et lumière, durant toute la journée. » Sans oublier la piscine, qui est bien loin des carreaux bleus décorés de dauphins et étoiles, typiques dans la région. A côté de ce bassin se trouve l’espace préféré de l’habitante, où elle peut s’asseoir et lire. Au départ, Min Coppens souhaitait placer une porte à cet endroit mais l’architecte l’a convaincue d’y percer une fenêtre, avec un grand canapé au pied. « Je la remercie à chaque fois de s’être entêtée pour me persuader, avoue aujourd’hui la maîtresse des lieux. A l’intérieur, la fenêtre encadre la vue extraordinaire, on dirait un tableau. Et côté jardin, la banquette est un joli cocon intime, épargné par le moindre coup de vent. »
A l’extérieur, le vert des pins et le bleu azur du large dominent, tandis qu’à l’intérieur, l’atmosphère est beaucoup plus feutrée. La palette de couleurs se compose de blanc et de tons naturels. « Pour ma part, je préfère un mélange audacieux à la Barragán (NDLR: un architecte mexicain réputé pour les teintes percutantes utilisées), mais la nature calme de ma cliente appelle des tons sobres, souligne la conceptrice. Pour donner suffisamment de caractère à la maison, je suis dès lors allée chercher des matériaux forts comme le béton, le bois d’échafaudage et le lin. » S’inscrivent également dans cette liste: l’osier entre les poutres blanches du plafond, ainsi que l’auvent à la fenêtre de la cuisine, une construction qu’un habitant du quartier a réalisée à l’aide de branches et de troncs d’arbres.
L’ancienne organisation du bâtiment a également été complètement revue, la cuisine et le salon ayant été déplacés du côté de la mer. En outre, presque aucun élément n’a été conservé, à l’exception des barreaux en fer forgé ornant la grande fenêtre: une manière typiquement espagnole de rafraîchir les pièces tout en se protégeant des cambriolages.
Des tons calmes
Pour l’intérieur, les deux copines ont cherché des meubles et des accessoires tant localement que de l’autre côté de la frontière. Avec pour mots d’ordre: la qualité et la simplicité. Les petites tables et les bols en bois, la lampe d’ambiance et les tapis ont tous été achetés sur les marchés, dans les brocantes ainsi que dans des boutiques de déco de Benissa et Denia. Les grandes tables en bois, quant à elles, ont été fabriquées par un artisan local. De plus, de nombreux objets vintage, tels que les chaises Eames et les fauteuils Togo de Ligne Roset, ont fait le voyage depuis la boutique anversoise Paulette in ‘t Stad. Les nombreux coussins sont également belges, provenant de chez Simples, le label textile de Catherine De Vil.
En revanche, pas de placards fermés à l’horizon. « En Belgique, tout le monde raffole des armoires encastrées. En Espagne, on possède un style de vie plus ouvert et donc vos bols, chaussures et nappes ne doivent pas être cachés, constate l’architecte. L’intensité lumineuse influence également mes choix. Dans notre pays, le mélange du blanc et de tons naturels serait ennuyeux ; ici, la couleur n’est pas indispensable. » A une exception près: à Marrakech, Min Coppens a craqué pour de magnifiques coussins berbères rouge-rose qui donnent à la chambre de sa fille, Laure, un air du Sud.
L’été s’en est allé et l’Espagnole d’adoption repart bientôt pour Paris. Ce qu’elle redoute vraiment… « Quand j’étais jeune, la ville avait un effet magique sur moi mais ce sentiment s’est quelque peu estompé. L’atmosphère a changé ; aujourd’hui je trouve cet endroit bondé, sale et stressant. » Pendant les confinements, le restaurant et le café qu’elle tenait dans la Ville lumière ont dû fermer leurs portes. Elle s’est donc retrouvée à Benissa durant des mois. Une période difficile mais en même temps curative, car elle s’y est reposée et inspirée de l’environnement. La Main de Paula, une collection d’accessoires artisanaux du Sud, en est d’ailleurs le résultat. « Mon mari et moi viendrons vivre ici de façon permanente, c’est certain. L’attrait réside dans la simplicité: on vit là de manière très luxueuse avec des choses simples. » Le bonheur, sous le soleil exactement.
En bref
Min Coppens (57 ans)
Originaire de Lierre, elle s’est installée en France en 1986.
Elle vit en partie à Paris, en partie à Benissa.
Elle dirige le restaurant Laurette et le café Cheri(e) dans le quartier de Belleville à Paris.
A lancé La Main de Paula cette année, une collection d’accessoires et de textiles pour la maison faits à la main.
lamaindepaula.com
Catherine De Vil (57 ans)
Elle vit et travaille à Lierre, et possède une résidence secondaire à Benissa.
Elle travaille comme décoratrice d’intérieur depuis 1986 et pour des maisons privées, des hôtels et des bars, en Belgique mais aussi à Paris, Grasse, Genève et Benissa.
Avec Marie Raynal, elle produit des coussins à partir de matériaux naturels, souvent recyclés, sous le label Simples. simples.be
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici