Visite d’un intérieur cocon d’inspiration scandinave
Quatre années en Norvège, cela change la vision des choses. Avec un penchant marqué pour la lumière et les matériaux naturels, Anouk Taeymans a rénové sa maison à Berchem sur le concept de l’«architecture silencieuse».
«Tu savais que l’automne commence le 22 août en Norvège? En réalité pas vraiment, mais c’est l’effet que ça fait.» Au début, lorsque ses collègues norvégiens lui ont dit cela, l’ingénieure civile architecte Anouk Taeymans a cru à une plaisanterie. Mais au cours des quatre années qu’elle a passées dans le Grand Nord, elle a pu éprouver qu’un net changement de température se produisait vers cette date. «Là-bas, on zappe l’automne instinctivement, nous raconte-t-elle. Dès la fin août, je portais de gros pulls en laine. Il est donc logique que les locaux apportent un soin particulier à leur intérieur. Ils misent sur un apport maximal de lumière et de chaleur pour faire face aux hivers rudes.»
Aménagement cocon
Cette vision de l’aménagement façon cocon, combinée à un amour pour les matériaux naturels et des objets design subtils, a imprégné le travail de notre compatriote et l’a incitée, de retour en Belgique, à se lancer dans l’agencement d’espaces.
Il y a deux ans, lorsque son mari et elle ont acheté une maison de rangée à Berchem, Anouk a toutefois renfilé sa casquette d’architecte. «Rien que pour la cuisine, j’ai conçu trente-huit plans différents et, pendant un an, il n’y avait pas de frontière entre mes vies professionnelle et privée, confie-t-elle. Mais, il était palpitant de suivre tout de A à Z.»
Des matériaux calmes
Le projet dont elle rêvait, selon sa vision norvégienne de l’habitat, impliquait de grandes transformations. En effet, les rares fenêtres étaient de petite taille, certaines pièces exiguës et la façade arrière imposante. Plusieurs éléments très présents tels qu’une cheminée en marbre et un vitrail dans les tons bruns ont laissé la place à des espaces ouverts, pourvus de grandes baies. La façade arrière a été partiellement démolie, au profit d’un jardin de ville. Le premier étage, avec une grande terrasse, est lui devenu la pièce de vie avec, à l’avant, un salon et une table de salle à manger, et à l’arrière, la cuisine. Ce niveau a été habillé d’une peinture neutre à la chaux.
« Utiliser des matériaux et des couleurs sobres pour mettre en valeur des détails tels que des œuvres d’art, des fleurs et des lampes d’ambiance »
La conceptrice a également opté pour des châssis en chêne et des tentures en lin retombant sur le sol. «J’appelle cela l’architecture silencieuse, explique Anouk. Utiliser des matériaux et des couleurs sobres pour mettre en valeur des détails tels que des œuvres d’art, des fleurs et des lampes d’ambiance.»
Pour la cuisine, elle a cherché un matériau agréable au toucher qui se marie avec les murs à la chaux. Avec l’Atelier 51 et Stoopen & Meeûs, elle a ainsi créé Gobi, une variante de la technique décorative de stuc granito auquel elle a notamment ajouté des petits coquillages, de la résine époxy et des granulats. Ce qui apporte une douce chaleur et atténue le côté austère du gris. Les tabourets en bois posés autour de l’îlot, et qui ont leur réplique dans la salle à manger, ont aussi été choisis judicieusement. «Leur assise arrondie est confortable, même si on passe beaucoup de temps à table, affirme l’habitante. De plus, ces éléments conviennent parfaitement à l’architecture silencieuse, vers laquelle je tends. La présence de six chaises serait trop imposante.»
L’atmosphère du deuxième étage est dans le même esprit. Ici aussi, les réalisations sur mesure, une palette de couleurs discrètes et un mélange de murs enduits à la chaux et de chêne confèrent un look apaisant à la pièce. Les plafonds bruts en béton et les murs en briques offrent un beau contraste avec les finitions élégantes. Car Anouk a un sens du détail exacerbé, que ce soit pour la finesse des plinthes, les stores en bois qui laissent filtrer joliment la lumière ou encore les lamelles d’inspiration japonaise, dans le hall d’entrée, qui jouent avec le soleil.
Les bijoux du logis
Même la salle de bains a fait l’objet de longues discussions. Le couple a opté pour un espace semi-transparent qui, avec la fenêtre dans le toit, confère un supplément de lumière au hall d’entrée. Si, un jour, les propriétaires trouvent la pièce trop «nue», il leur suffira d’habiller la fenêtre. Comme la superficie est réduite, Anouk y a exploité le moindre centimètre carré et donné au lieu un effet «chambre d’hôtel» grâce au miroir pivotant de la Danoise Kristina Dam, à la robinetterie de Paffoni et aux fleurs omniprésentes.
« Au lieu de dessiner ce meuble sur mesure, Anouk a eu l’idée ingénieuse d’adapter les parois à un modèle Ikea »
Le rez, enfin, fait office de bureau. Il est loué régulièrement, notamment pour des shootings, en raison de sa luminosité. La tenture qui retombe sur le sol cache une cuisine noire. Au lieu de dessiner ce meuble sur mesure, Anouk a eu l’idée ingénieuse d’adapter les parois à un modèle Ikea. Si cet endroit bénéficie d’une belle lumière en journée, des luminaires créent une certaine ambiance le soir. «Je considère ces derniers comme les bijoux de notre intérieur. L’éclairage architectural de la marque belge Orbit crée une base subtile. De plus, ce label sait comment s’approcher de la température de couleur parfaite. Depuis des années, je suis également fan de la marque Santa & Cole. Leurs lampes d’ambiance sont des éléments centraux de la pièce.»
« On se croirait presque dans une discothèque »
Une boule à facettes est aussi suspendue là de temps en temps − «Nous avons déjà donné ici des soirées inoubliables, tant pour notre fils qu’avec nos amis, se réjouit-elle. Mon mari et moi avons toujours adoré les espaces salons en contrebas. Au départ, nous ne voulions pas de frais supplémentaires, mais à la dernière minute, nous avons changé d’avis. Et nous ne le regrettons pas. En journée, ce niveau semble vraiment zen. Le soir, il devient une piste de danse, on se croirait presque dans une discothèque.»
Anouk Taeymans
Elle a décroché son diplôme d’ingénieure civile architecte à la KU Leuven. Puis elle a travaillé quatre ans dans le bureau d’architectes norvégien Dyrvik Arkitekter.
A son retour en Belgique, elle a lancé By Anouk, sa propre marque d’objets au design subtil. Puis elle a développé une boutique d’intérieur en ligne rassemblant des labels essentiellement belges et danois. Elle propose également de la consultance en design et aménagement d’intérieurs. Elle est spécialisées dans les tentures et les enduits à la chaux.
En 2015, elle a créé Myshelf, une planche murale modulaire en bois.
Elle a de nombreux projets par ailleurs, tels que la boutique pop-up A Better Blend, ouverte en décembre à Anvers.
byanouk.com ; abetterblend.be
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