Visite de l’intérieur tout en courbes de Nathalie Deckx à Anvers
Nathalie Deckx maîtrise l’art de la rénovation, en toute décontraction. Son credo: transformer de banales maisons mitoyennes en trésors d’inventivité, à l’instar de sa propre habitation tout en rondeurs.
Si son métier est aujourd’hui de dénicher de simples maisons pour en faire des pépites à revendre, Nathalie Deckx a fait de son propre home sweet home une jolie carte de visite en la matière. Il y a trois ans, elle est tombée sur cette façade sans éclat et défraîchie cachant une disposition classique de trois pièces en enfilade au rez-de-chaussée et au premier étage. Les deux étaient reliés par un escalier latéral situé derrière la porte d’entrée. L’espace n’était pas très profond, la surface habitable correspondait alors à l’endroit occupé aujourd’hui par la cuisine. «Mais la lumière était formidable, se souvient l’habitante pour expliquer son coup de foudre. J’ai acheté le bâtiment en été. La façon dont le soleil entrait dans la maison ce jour-là était incroyable.»
La première préoccupation de Nathalie fut donc de laisser pénétrer cette lumière le plus profondément possible dans le volume. «J’ai passé des heures et des heures ici, à différents moments de la journée, raconte-t-elle. Je parcourais la maison, je faisais des annotations. J’avais toujours des craies sous la main. Je dessinais ce que je voulais changer et où.» C’est ainsi qu’est par exemple née la fenêtre intérieure, sans vitre, qui ouvre son bureau sur un vide monumental.
Suite d’hôtel
Résultat: plus une trace aujourd’hui de la sombre pièce centrale. Tout est ouvert jusqu’au jardin et le plafond a été abattu. Au premier étage, Nathalie a créé une mezzanine. Depuis le bas, on peut se régaler d’un jeu visuel fait de cercles, de courbes et d’arcs. «On peut considérer ce vide comme une signature, dit-elle. J’en avais aussi un comme cela dans mon ancienne maison. Lors de chaque rénovation, on apprend quelque chose et on se dit: ça, je le reprends dans la suivante.»
Cette mise en relation des niveaux permet à tous les habitants du logis de rester en connexion. «C’est vrai qu’on entend davantage les autres, admet Nathalie. Mais c’est cela qui amène plus de vie. Je parle parfois avec ma fille depuis mon bureau alors qu’elle est au rez. Je trouve les étages fermés un peu claustrophobiques. Quand on vit avec des enfants, ils semblent tellement loin s’ils sont dans leur chambre. Ce qui, à partir d’un certain âge, est leur pièce préférée.»
Afin d’offrir un espace suffisant pour la chambre de Nathalie et celle de sa fille, un deuxième niveau a été ajouté par-dessus le toit plat originel. On y accède via un escalier en colimaçon en métal. Cette annexe a nécessité pas mal de lourds travaux. Mais tout le stress engendré s’est aujourd’hui évaporé et une ambiance apaisante règne tout en haut, où la propriétaire dort. La lumière y est plus tamisée, en contraste avec l’étage précédent, et une moquette ajoute de la douceur. La chambre, la salle de bains et le dressing se succèdent. On se sent comme dans une suite à l’hôtel.
Chef de chantier
De retour en bas, la maîtresse des lieux nous offre une infusion de sauge et de gingembre. Il faut s’enfoncer un peu pour cuisiner et manger: la cuisine en marbre et le coin banquette en noyer se trouvent tous deux quelques marches plus bas que le reste de l’habitation, à hauteur du jardin. Ces deux parties sont connectées par une sorte de podium en béton lissé, où un coin salon a été créé autour d’une œuvre de Rinus Van de Velde. A portée de main: une guitare, ainsi qu’un tourne-disque et quelques vinyles. Côté déco, sa collection d’agates est imposante, comme les nombreux souvenirs en provenance des quatre coins du monde. Ici, chaque lampe a son histoire.
«Je suis une romantique, avoue l’entrepreneuse. J’aime bien l’idée que, lorsque je serai vieille, chaque objet que je toucherai fera ressurgir un souvenir.» Passionnée par l’idée de redonner un nouveau souffle à des bâtiments délabrés, Nathalie Deckx a déjà rénové dix-neuf habitations. Et ce, bien qu’elle ne soit pas architecte, décoratrice ou même agent immobilier ou promoteur. La quinqua achète des bâtiments qu’elle rénove puis revend, soutenue par une petite équipe d’hommes de métier et un architecte. On pourrait dire qu’elle est en quelque sorte directrice artistique, tout en n’hésitant pas à mettre la main à la pâte pour diriger le chantier. «Tout le monde se connaît et sait ce qu’il doit faire, c’est l’avantage de travailler avec une équipe fixe. S’il y a un problème, on en discute sur WhatsApp. C’est une machine bien huilée», explique-t-elle.
Et tout cela alors qu’il y a une dizaine d’années, elle était encore cuisinière et gérait un service traiteur à Anvers. Elle avait 40 ans lorsque quelqu’un lui a proposé d’acheter ensemble des maisons pour les rafraîchir. Une semaine plus tard, son premier projet était lancé. «Quand je cuisinais, j’ai toujours pris plaisir à dresser les assiettes, à jouer avec les couleurs. Les rénovations, pour moi, c’est plus ou moins pareil.»
En bref Nathalie Deckx (52 ans)
Elle a travaillé en cuisine chez Enfrente Arte, l’hôtel à Ronda, en Espagne, où a été enregistré il y a quasi vingt-cinq ans The Ideal Crash de dEUS.
De retour à Anvers, elle a lancé un service traiteur, puis a saisi sa chance d’entreprendre dans l’immobilier.
Elle dirige aujourd’hui Nade/Imreno, avec lequel elle achète des immeubles à Anvers et aux alentours qu’elle rénove et revend.
A la demande, elle est aussi gestionnaire de rénovation et chef de chantier.
Elle est en prime photographe autodidacte et a exposé récemment chez Blue Nash, à Anvers.
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