Visite d’une fermette rénovée aux allures futuristes dans le Pajottenland
Quitter la frénésie de la ville pour rentrer au bercail, en rase campagne? Très peu pour la propriétaire. Jusqu’à ce que la ferme de ses arrière-grands-parents, au cœur du Pajottenland, se libère. Et qu’elle puisse donner libre cours à ses envies.
Le trajet jusqu’à Herfelingen, dans le Pajottenland, nous fait passer par des collines ondulantes avec vue sur des champs pittoresques, des vergers tout juste récoltés et de vieilles fermes carrées. Un tracteur en marche nous freine dans notre élan. De quoi prendre le temps d’observer les pancartes jaunies le long de la route. Des portraits d’habitants au sourire Pepsodent, souvenirs des élections passées, côtoient les affiches d’une fête locale qui s’est tenue cet été, et des écriteaux peints à la main: «Pommes de terre de notre récolte à 250 m».
«Ado, en grandissant ici, je me disais souvent qu’il n’y avait jamais rien à faire dans le coin», s’amuse Veerle. C’est pour cette raison que les études et le travail l’ont amenée à Gand. «J’y ai vécu pendant dix ans et j’y ai vraiment passé du bon temps. Mais à un moment donné, j’ai vu mes amis partir les uns après les autres, attirés l’un par un travail, l’autre par un partenaire ou encore poussés par le désir d’avoir des enfants.» Pour Veerle et son compagnon Tijs, c’est ce dernier facteur qui a été déterminant dans leur décision de revenir au bercail. «Avant tout, nous voulions vivre dans un environnement vert. Mais l’idée d’habiter à nouveau à proximité de notre famille nous a également séduits.»
Des rêves revus et corrigés
Par chance, la vieille ferme dans laquelle la grand-mère de Veerle a grandi s’est libérée à ce moment-là. Une bâtisse isolée, au milieu des champs et des collines, avec une vue exceptionnelle. A travers une paire de jumelles mise à notre disposition, nous observons avec enthousiasme, de la cuisine, les oiseaux de proie tournoyer pendant de longues minutes au-dessus des champs.
Pas question ici de rénover la ferme d’origine, raconte Veerle. «Nous voulions habiter de la manière la plus durable possible, ce qui s’est avéré impossible avec la structure existante dans les limites de notre budget. En revanche, une nouvelle construction était envisageable. Nous avons en effet commencé les travaux avant la guerre en Ukraine. A l’époque, les prix des matériaux de construction n’étaient pas aussi exorbitants.»
Avec les vents forts qui soufflent parfois sur le Pajottenland, Veerle s’était imaginé une maison plate. Un bungalow en forme de U qui ne perturberait pas trop le paysage, construit avec les briques qu’elle récupérerait dans la ferme de ses grands-parents. Elle a toutefois dû se raviser après que l’architecte Kristien Vanmerhaeghe et l’équipe de Burobill ont achevé l’étude préliminaire. Au moins 70% de la dalle rectangulaire d’origine de la ferme devait être conservée dans le projet. Les vieilles briques se sont avérées de qualité insuffisante pour être récupérées. Du moins, pas en tant que blocs de construction, mais nous y reviendrons.
Nous voulions une habitation moderne et durable.
Chacun ses besoins
«Nous voulions une construction moderne et durable, une habitation aux airs de maison de vacances, tout en nous éloignant des white cubes tels qu’on les trouve à Ibiza. Le projet pouvait être futuriste, et comprendre beaucoup de fenêtres et de la couleur, mais sans nuire au paysage. Autrement dit, la demeure devait s’intégrer à son environnement.» Vu la prolifération des styles de construction dans notre pays, les architectes ont bénéficié d’une certaine marge de manœuvre. Ils ont demandé au couple de remplir, chacun de son côté, un questionnaire. Non pas sur ce qu’ils aimaient, mais sur leurs habitudes.
«L’une des questions était de savoir si nous aimions danser ou jouer d’un instrument et si cela pouvait faire partie intégrante de l’habitation. Une autre concernait le télétravail. Tijs fait de la musique électronique. Mais je ne tiens pas à devoir écouter le même son 35 fois de suite quand il peaufine une chanson. Il travaille donc dans un studio fermé, tandis que mon bureau se trouve à l’étage, sur la mezzanine. Contrairement à lui, je ne suis pas vraiment productive quand je m’isole.»
Couleurs graphiques
La maison de Tijs et Veerle est devenue une habitation quasi neutre en énergie. Elle est ainsi construite à partir de briques finalement récupérées ailleurs en Belgique (via franck.be). Selon le point de vue, la forme de la villa est tantôt rétro – on pense à la cheminée arrondie –, tantôt plutôt futuriste, comme l’îlot de cuisine semi-flottant ou le plan d’étage qui ressemble à un trombone ouvert. De leur côté, les auvents tout autour rappellent les pavillons de vacances. Les couleurs sont au rendez-vous, à l’image des poutres rouges, des fenêtres vertes, des ferronneries et des sols bleus. Rappelons pour l’anecdote que Veerle est graphiste.
Le design a quelque chose de futuriste, avec beaucoup de fenêtres et de couleurs. Mais ici, il ne nuit pas au paysage.
Le mobilier et les lampes sont, eux, des coups de cœur. Un lustre Tube de Michael Anastassiades est suspendu dans le vide, le chien sieste sur une couverture dans un canapé Tufty Time de Patricia Urquiola, qui est flanqué d’une chaise LCP vintage de Maarten Van Severen. La table à manger ovale est une création d’un ami architecte, Spaceman (@rmtvrdr), qui a fabriqué le plateau et les pieds de la table à partir de panneaux rectangulaires standardisés en aluminium et en bois, de sorte que la fabrication n’a pas engendré de déchets.
Quant aux briques de la ferme évoquées plus haut, que Veerle tenait à récupérer, certaines d’entre elles ont trouvé un nouvel usage dans la cuisine, en étant incorporées au plan de travail en terrazzo fabriqué par le maître artisan Nino Tondat (tondat.be). «Ma passion pour le terrazzo remonte à mon enfance, explique Veerle. J’ai vu ces carreaux chez mes parents et mes grands-parents et ils m’ont tout de suite fascinée. Les cercles de briques rouges dans le plan de travail de la cuisine rappellent joliment l’ancienne maison qui se trouvait ici.»
En Bref
Veerle Deschuyffeleer
Cette graphiste vit avec son compagnon, leur fils et leur chien dans une maison QNE (quasi neutre en énergie) à Herfelingen. Elle a fait appel, pour la construction, au bureau d’architecture Burobill, basé à Bruxelles, dont le travail est synonyme d’architecture intemporelle et aventureuse. L’équipe de cinq personnes, dirigée par Lien Moens et Kristien Vanmerhaeghe, entend mettre ses clients au défi de découvrir ensemble des solutions créatives et durables.
Cela se traduit par des projets résidentiels innovants et tournés vers l’avenir, mais aussi par des bâtiments publics tels que des bureaux, des établissements horeca et des centres de soins.
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