Kartell ou l’innovation permanente
Au Salon du meuble de Milan, ouvert jusqu’à dimanche, le stand le plus fréquenté est sans nul doute celui de Kartell. L’entreprise italienne s’est imposée dans l’imaginaire collectif comme étant à la pointe de l’innovation, en s’entourant des plus grands designers.
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Première chaise en plastique au monde, première chaise transparente, premier divan complètement en plastique… Depuis ses débuts, Kartell accumule les premières.
L’aventure commence en 1949. Giulio Castelli, jeune ingénieur chimiste ayant étudié avec Giulio Natta, futur Prix Nobel de chimie pour son travail sur les matières plastiques, crée son entreprise dans la région de Milan (nord). « A cette époque, Castelli était l’un des rares à connaître le potentiel des matières plastiques et il a décidé de l’appliquer sur les objets du quotidien », explique Elisa Storace, commissaire du Musée Kartell.
Après avoir commencé avec des accessoires auto, Kartell produit des objets pour la maison (seaux en plastique, passoires, presses-agrumes…) avant de se diversifier dans les luminaires et l’ameublement. Anna Castelli Ferrieri, première femme diplômée en architecture en Italie, joue un rôle essentiel au côté de son époux: le génie du couple est de faire appel à des designers pour créer ces objets de couleur.
C’est ainsi que naît en 1964 la première chaise en plastique au monde pour enfants, puis trois ans plus tard « l’Universale », pour les plus grands.
Design démocratique
En 1988, le gendre des Castelli, Claudio Luti, ancien bras droit du styliste Gianni Versace, reprend l’entreprise. « Je suis arrivé avec un esprit très libre, pas conditionné par des cabinets d’architecture (…). J’ai seulement pensé, comme dans la mode, à faire des produits complètement novateurs, pouvant plaire au marché et j’ai cherché des architectes, des designers qui pouvaient être au plus près de ma façon de penser », explique-t-il à l’AFP.
Kartell travaille avec les plus grands, du Français Philippe Starck à l’Italien Antonio Citterio, en menant de façon constante des recherches sur les matériaux et processus de production. En 2009, Kartell fait ainsi entrer la transparence dans l’ameublement avec la chaise en polycarbonate « La Marie » dessinée par Starck.Trois ans plus tard, la « Louis Ghost » du même Starck s’impose comme une icône. A 280 euros pièce, elle est la chaise de designer la plus vendue sur la planète, avec plus de 1,5 million d’exemplaires écoulés.
Auparavant, il y a eu le « Bubble Club », premier divan complètement en plastique, et en 2014 le « Uncle Jack », le plus grand canapé au monde construit d’un seul bloc, tout en transparence et en finesse. « Kartell est l’éditeur qui m’a permis de réaliser ma vision du design démocratique. Petit à petit, on a monté la qualité d’une façon extraordinaire, tant du côté du dessin, de la précision, de la durabilité, tout en descendant violemment les prix », déclare Philippe Starck à l’AFP.
Chaise biodégradable
« Je ne veux pas être prétentieux, mais il y a des choses que l’on a faites en plastique que personne ne sait faire au monde », assure-t-il. « Le plastique est une matière noble, que l’on ne le choisit pas par nécessité mais par choix philosophique. »
A 71 ans, Claudio Luti est impliqué du début à la fin dans les nouveaux produits et rencontre régulièrement les designers, qu’il choisit de « philosophies diverses ».
Kartell « n’a pas un style. Ce que je veux, c’est faire des produits avec une forte personnalité », note-t-il.
Soucieuse d’être toujours à la pointe de l’innovation, Kartell a aussi créé l’an passé, à partir de déchets végétaux, la première chaise biodégradable.
Parallèlement, elle cherche à élargir toujours plus son catalogue, des arts de la table aux chaussures, avec l’objectif de s’imposer comme « un style de vie ».
Présente aujourd’hui dans 140 pays, elle réalise à l’exportation 75 à 80% de son chiffre d’affaires, qui s’est élevé en 2015, selon les médias, à 110 millions d’euros. Car de chiffres, le groupe en dévoile très peu: « Kartell va très bien », se contente d’indiquer M. Luti. « Le chiffre d’affaires a augmenté l’an passé de 15-16%, l’Ebitda et le bénéfice net sont bons, et l’entreprise a la force pour faire tous les programmes qu’elle souhaite ».
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