Nos favoris de l’été: l’histoire millénaire du hamac, aussi modeste que révolutionnaire
Un morceau d’étoffe ou de filet, deux fixations et la magie opère. Ce classique de l’outdoor relaxe, ressource et repose ses nombreux adeptes depuis plus d’un millénaire. Comme une allégorie du temps suspendu… entre deux arbres.
Difficile de faire plus simple, plus léger, plus portable, plus pratique, plus démocratique. Le hamac reste l’une des avancées les plus remarquables de la literie légère – et peut-être bien la seule.
Dispositif d’une extrême sobriété, l’objet semble doté de propriétés presque surnaturelles : une poignée de secondes après s’être allongé, son utilisateur en ressent les bienfaits, et quelques minutes plus tard, il se croit en vacances – s’il ne s’est pas endormi.
Indissociable d’une idée d’indolence et de farniente – voire de fainéantise, on a tous en mémoire la sortie sur les » Wallons dans leur hamac » – il s’est invité dans la culture populaire grâce à des figures telles que Gaston Lagaffe et son modèle héliporté, Catherine Deneuve alanguie dans La vie de château de Rappeneau (1966), ou encore Brigitte Bardot, ultrasexy devant l’objectif de son amie Sveeva Vigeveno.
Nuit En pleine mer
D’après différentes recherches, ses origines remonteraient à plus de mille ans, et se situeraient du côté des forêts d’Amérique latine. Et si l’on ne sait pas où se trouve son véritable berceau, Caraïbes ou Amazonie, on comprend bien l’intérêt des populations pour ce couchage les protégeant de l’humidité, des insectes ou des rats, ainsi que des températures durant la saison chaude.
Les premiers modèles auraient été réalisés en écorce de bois tressée, ce qui donna lieu à quelques discussions étymologiques autour de l’origine du terme, entre ceux qui soutiennent que le mot proviendrait de hamacu, mot de langue taïno, tiré du nom de l’arbre en question, et les partisans de l’explication germanique, selon laquelle il s’agirait d’une déformation de l’allemand » hängematte « , soit » natte suspendue « .
Une théorie européocentriste d’autant plus improbable qu’il fallut attendre le retour de Christophe Colomb, frappé par ce qu’il appelle le » nid d’ange » dès son arrivée dans les Antilles, pour que cette étrange couchette se fasse connaître chez nous.
C’est ainsi que le hamac fut popularisé par la marine marchande, avant de s’étendre à la marine de guerre, où il prend le nom de » branle « , du fait de son mouvement oscillatoire. L’expression » branle-bas » évoque donc le dépliage des couches dans l’entrepont du bateau, et » branle-bas de combat » la manière de les fixer pour servir de pare-éclats.
Sieste cérébrale
Léger, peu encombrant, stable en mer, le hamac verra peu à peu ses matériaux s’améliorer, passant de l’écorce d’hamacu au sisal, puis à d’autres fibres naturelles, avant le tissage en coton. Ses adeptes et différentes études lui prêtent encore d’autres qualités, il stimulerait le cortex cérébral, favoriserait le sommeil profond, soulagerait les maux de dos et aurait des effets bénéfiques sur le développement des bébés.
Notons toutefois que pour bénéficier d’un confort optimal, il est recommandé de l’utiliser comme les Indiens, en diagonale, le dos à plat, et non allongé dans toute sa longueur, ce qui a pour effet de courber la colonne vertébrale.
Aujourd’hui, on peut trouver d’innombrables variantes sur le marché, et certains spécialistes du design outdoor en ont d’ailleurs livré leur propre version modernisée. Mais toute la technologie du monde reste à peu près incapable d’améliorer un dispositif d’une si imparable simplicité. Le hamac, c’est un art de vivre, rien de moins que l’une des inventions à la fois les plus modestes et les plus révolutionnaires de l’histoire de l’humanité.
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